AMORE 2 : Penses-tu pouvoir un jour m'aimer maman ?

13. La dispute de trop.

- Point de vue du père -

Cela fait maintenant deux heures que je tourne en rond dans la maison. Mes pensées claquent les unes contre les autres. Je rumine, rumine et rumine encore. Je ne cesse de penser à la façon dont je vais lui annoncer. Ça va la dévaster. Je le sais.

La porte d'entrée s'ouvre. Je peux percevoir l'étonnement de me voir ici, dans ses yeux bruns.

– Qu'est ce que tu fais là papa ?

Sur le coup je ne sais quoi lui répondre. C'est pourtant pas faute d'avoir imaginer cette conversation pendant deux longues heures, de m'être répété maintes et maintes fois les mots que j'emploierai devant ma fille, mais au moment venu, rien ne sort. Je vais lui faire de la peine et ça, ça me brise littéralement le cœur.

– Tu devrais pas être dans l'avion ?

– Emma ! Je commence, marquant une petite pause avant de continuer, il faut que l'on parle.

Elle me fait ses yeux interrogatoire. Au même moment j'entends Mathis pleurer à l'étage, son regard interrogatoire s'accentue, je lui fait signe de venir s'installer dans le salon. De là, et le plus simplement possible, j'essaie de restituer les faits comme je le peux.

Et voici comment je vais briser ma fille en deux.

Les valises sont prêtes devant la porte d'entrée, je regarde autour de moi, tout semble ok.

Je sors mon téléphone, toujours pas de réponse de Emma. J'ai mal au cœur de partir sans même avoir vue ma fille. J'aurais aimé lui rappeler à quel point je l'aime et comme je l'a remercie pour ce voyage qui allait nous faire du bien, à sa mère et moi.

– Si je m'attendais à ce qui allait se passer..

Bon, de façon à laisser une trace avant notre départ, je m'installe sur une chaise présente autour de la table de cuisine et décide d'écrire quelques mots sur du papiers, destiné à Emma. Je me laisse emporter et ce qui devait n'être que quelques mots se transforme en une véritable lettre.

J'entends ma femme arriver alors je m'empresse de terminer cette lettre. Je me tourne, un sourire aux lèvres. Ce sourire qui va vite disparaître.

– Chérie, tu n'es toujours pas prête ? Je l'interroge.

– Je ne viens pas.

– Pardon ?

– Je ne viens pas.

Ça ne fait qu'un tour dans ma tête. Est-ce que c'est une blague, car si ça l'est, elle est de très mauvais goût. Nous sommes déjà limite en retard, nous devons au plus vite prendre la route.Il nous faut déposer Mathis chez Kyle encore.

– Comment ça tu ne viens pas ? Je continue.

– Je ne peux pas laisser Mathis ici ! Pas tout seul, je ne peux pas laisser mon bébé sans moi.

Mathis, encore et toujours Mathis. Ça ne devrait pas être un reproche et pourtant ça sonne tout comme. Jamais je ne pourrais lui reprocher l'amour qu'elle dévoue à notre fils, j'en ai fait autant avec Emma, cela dit, je continuais de vivre ma vie. Hors, ma femme c'est totalement refermé sur Mathis. Il est SON fils et j'en viens même à croire qu'elle croit qu'il lui appartient, que c'est son fils à elle, rien qu'à elle. Elle se l'accapare beaucoup trop, j'ai à peine le droit de rester seul avec mon propre fils. J'en souffre énormément.