Neuf jours avant

105 24 0
                                    

"Ne laisse jamais les ombres d'hier obscurcir la lumière de demain."

Elle

Trois jours.

Il me reste trois petits jours pour me réveiller.

Sinon, j'irai rejoindre le ciel où je pourrai danser parmi les étoiles avec Grand-Père, ma tante Lucy qui s'est éteinte dans un accident de voiture, et Grace, ma sœur jumelle, décédée dans le ventre de ma mère, me laissant seule pour affronter le monde et la vie.

Des fois, je lui en veux de m'avoir abandonné si lâchement, alors que souvent je sens que j'ai besoin d'elle.
Souvent je sens que quelque chose me manque.
J'aurais tellement eu besoin d'elle pour me remonter le moral lors des moments difficiles. On a tous besoin d'une sœur pour ça.
Pour sécher nos larmes.
Maman en est incapable, au début elle essayait de me réconforter lorsque mes larmes ne cessaient de couler, mais elle a fini par arrêter, voyant que je ne cessais de pleurer.
Elle n'avait pas les mots justes, pas les bons gestes.
Et c'est mieux ainsi.

J'ai simplement dû apprendre à me consoler seule.

Je ne sais plus quoi faire.

Certains jours, j'aimerais abandonner, lâcher prise.

D'autres, je me sens pleine d'espoir, en manque indéniable de vie.

J'ai besoin de pouvoir respirer à mon gré, sans cette canule qui me souffle continuellement de l'air dans le nez.

Les visites s'enchaînent, mais je ne prête attention qu'à celles d'Isaac, l'inconnu.

Aujourd'hui était différent.

Je n'ai pas entendu le son de ses pas lorsqu'il a traversé la chambre pour venir jusqu'à mon lit.

Lorsqu'il a saisi ma main, il l'a rapprochée de ses lèvres et a posé un faible baiser dessus.

Il a expliqué qu'il fallait que je vive,

Pour lui.

Pour vivre les choses qu'il ne vivra jamais.

Il n'a cessé de le répéter qu'il fallait que je sois forte.

Il chuchotait ces mots la bouche collée à ma main.

À chaque syllabe, je sentais ses lèvres effleurer ma peau.

Je sentais également ses larmes rouler telles des petites pierres sur mes doigts.

Il a lu une poésie aussi, celle-ci parlait d'espoir et d'amour.

Il me parut fatigué. Epuisé.

« Il faut que tu reviennes dans ce monde, Ethel Rose.
Si tu as de la force en toi, Ethel, c'est le moment de nous la montrer. À tous. Tu sais le faire. Tu sais sortir de ce sommeil profond. C'est le moment de te battre. C'est maintenant.
Purée Ethel, la vie est trop belle pour la laisser partir si facilement. Accroche-toi.
S'il te plait. »

Il faut que j'y arrive.
Que je sorte de ce coma.

Sinon, dans quels bras Olive pleura-t-elle lors de son premier chagrin d'amour?

LA FILLE DE L'OMBREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant