Chapitre II

14 2 0
                                    

     Sélina fut réveillée par un courant d'air venant de sa fenêtre restée ouverte pendant la nuit. La jeune fille toujours lasse depuis les quelques mois qui précédaient la rentrée se leva nonchalamment et alla fermer cette fenêtre. Dehors il faisait nuit.

- Tu as beau ne pas allumer la lampe, je sais que tu es debout, Sélina.

Elle ignora cette voix rauque et commença à s'activer. Sans jamais douter de sa trajectoire, Sélina se dirigea vers la salle d'eau de l'appartement. Elle entra dans la douche aux portes transparentes et de la buée inonda la pièce presque immédiatement. L'eau brûlante coulait sur sa peau sans qu'elle n'ait trop chaud. Lorsqu'elle fut savonnée puis rincée, elle se décidât enfin à se sécher. Elle enroula une serviette en coton épais autour de sa poitrine et ébouriffa ses cheveux qui séchèrent instantanément . Elle regarda son reflet dans le miroir en souriant, bluffée par cet effet toujours aussi surprenant. Son regard balaya le reste de son corps et son sourire s'effaça aussi rapidement qu'il était apparu. Elle était dégoûtée de sa maigreur presque maladive.

-Sel... fit la voix. Arrête de te regarder comme ça, c'est pas grave... Dans un ou deux mois tu t'y habitueras, peut-être même que tu retrouveras ton corps d'avant les vacances.

-Tais-toi. Je suis squelettique et c'est moche, y'a rien d'autre à dire. Mais c'est gentil, espèce de crustacé.

Elle finit de se préparer, se fit un sandwich au fromage et versa un thé noir dans son thermos, le petit déjeuner fétiche de sa défunte mère, et commença à le manger en enfilant sa paire de doc.

-Je ne t'oublie pas, Poplis, j'arrive , dit-elle au minuscule poisson noir de l'aquarium de sa tante.

-Tu n'as pas intérêt ! C'est un supplice de te voir manger sans pouvoir toucher à une miette de nourriture, tu sais.

Sélina donna à Poplis sa part de repas pour ensuite partir de l'ancienne mercerie qui leur servait de lieu de vie. Mais avant qu'elle ne puisse sortir, sa tante apparu dans l'encadrement de la porte.

-A qui parlais-tu ? Lui demanda-t-elle.

-Personne, comme d'habitude. Toujours autant de succès, à ce que je vois... rétorqua la jeune fille qui voyait depuis le hall un homme nu de dos. J'y vais, mais j'aimerais ne plus assister à se genre d'exposition. Bonne journée, Anthime et qui que vous soyez dans la cuisine.

-Salut Sel !

Comme à son habitude, sa tante était soit dans le lit d'un inconnu, soit à son travail, débordée par des réunions qu'elle dirigeait. Dehors, le soleil commençait à peine à se lever. En route, la lycéenne mangeait et buvait en alternant régulièrement ses bouchées. Ses cheveux presque blancs voletaient dans la brise matinale et laissaient apparaître une belle et grande cicatrice au creux de sa clavicule. Elle portait un énorme pull en laine verte avec un jean gris banal. Sur son skate, elle roulait à une allure rapide sans perdre l'équilibre pour autant. Au croisement de plusieurs rues, elle repensa au garçon un peu plus âgé qui avait reversé une jeune fille aux cheveux châtains. La scène l'avait amusée mais n'y songea que quelques minutes, pour ensuite scruter le visage des passants. Rapidement, elle descendit de sa planche, donna un coup de pied sec à son extrémité et la récupéra dans sa main libre. Elle entendit la sonnerie retentir. Elle dût se mettre à courir. Devant la porte numéro 239, elle reprit son souffle puis toqua. Trois coups secs, eux aussi.

-Entrez !

-Bonjour.

-Enfin ! Nous vous attendions pour vous présenter mademoiselle !

Agalina [En cours]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant