Chapitre 4

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Le lendemain, lorsque je me suis réveillée, Ethan n'était plus là. La veille, nous avions décidé de passer la nuit dans cette salle de danse, parce qu'apparemment il n'y avait pas de cours avant la semaine prochaine. Cela nous permettait pour une fois de dormir dans un endroit potable muni d'un peu de chaleur et ce n'était vraiment pas négligeable. Je fronçai doucement les sourcils, et me mis à le chercher dans tous les recoins de la pièce, si jamais il s'était caché. Personne. Je m'arrêtai deux, trois secondes pour essayer d'entendre ne serait-ce qu'un bruit de respiration. Rien du tout. D'habitude il me réveillait pour me prévenir qu'il partait, ce n'était pas normal. A ce moment précis, je sentais que quelque chose clochait. Est-ce qu'il allait revenir vite ? Je n'en avais pas l'impression. 

Histoire de ne pas rester sur une conclusion trop hâtive, je sortis de la salle et regardai aux alentours. Je criai une fois son prénom, ce qui me valut l'incompréhension de plusieurs personnes qui passaient par là, mais pas un seul signe de mon acolyte. Mon cœur s'accélérait, mes lèvres se mettaient à trembler, je ne concevais pas l'idée de me retrouver toute seule dans cette grande ville qu'était Bruxelles. Alors je me mis à courir, remontant jusqu'au Nord de la capitale à une vitesse dont jamais je ne me serais cru capable. 

A bout de souffle et légèrement titubante, je me laissai tomber sur le banc d'un abribus. J'avais extrêmement chaud et je ne voyais plus très bien autour de moi. J'avais un peu abusé de mes capacités physiques. Je posai mes mains sur mes joues, elles devaient être rouge écarlate. L'eau me manquait énormément, mais la peur de voler sans son aide m'envahit toute entière. J'étais à peu près sûre qu'avec mon mètre soixante-six et mes quarante-cinq kilos à tout casser, j'allais me retrouver en garde à vue. Mais il me fallait de quoi boire, j'étais obligée de tenter. Je me levai doucement, me tenant à la paroi vitrée. Je la lâchai progressivement.. ouf, je tenais debout. Suite à ce constat, un peu de courage s'arma dans mes veines, et j'entrai dans le centre commercial, celui de l'autre fois. 

J'avais la constante impression d'être observée et vu comme quelqu'un qui n'était pas clair dans son jeu. On aurait cru une enfant, intimidée par tout ce qui l'entourait. Lorsque je parvins au rayon des liquides, je retirai mon gros pull, laissant place à un t-shirt noir et usé par le temps. Je le passai sur mon avant-bras, afin de cacher la bouteille d'eau en dessous. Je ne me sentais pas d'escroquer le vendeur en faisant semblant de rien avoir à me reprocher, alors je m'empressai de sortir du bâtiment. Je parcourus seulement quelques mètres, avant de m'asseoir sur une petite fontaine qui trônait en plein milieu d'une place. J'ouvris ma bouteille d'eau et en avalai les trois quarts, puis la posai à mes pieds. 

Je fixais le vide. Je me sentais terriblement seule, abandonnée, trahie par ce soi-disant ami qui fut un gros soutient physique et mental pour moi pendant ces dernières années. Il m'aidait à aller mieux, à prendre cette injuste tragédie comme une nouvelle aventure que nous offrait la vie. Il me promettait qu'un jour on retrouverait une existence normale, mais il avait arraché mon cœur comme jamais personne ne l'avait fait. Même mon beau-père n'avait pas réussi à faire pire. Oui, bien sûr qu'il me protégeait. Il me protégeait de toutes les mauvaises pensées qui me traversaient l'esprit chaque seconde, chaque minute, chaque heure. Vous voyez maintenant pourquoi j'essayais à tout prix de nier. Je me mis à pleurer, aussi bêtement qu'il soit, essayant de me cacher de tout regard avec mon pull en laine. 

Soudain, une main se glissa sur mon épaule. 

« Mademoiselle, est-ce que tout va bien ? Pourquoi vous pleurez ?  » 

HomelessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant