Chapitre 18

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Je pleurais, laissant l'oppression qui emprisonnait mon cœur se libérer à chaque nouvelle larme. J'étais incapable de revenir à la raison et de me dire que je devais juste chasser ces deux personnes de ma vie, parce qu'elles ne faisaient que la pourrir. A ce moment précis, j'avais juste envie que tout ceci ne soit qu'un cauchemar, je ne voulais plus exister.. vraiment plus. 

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«  Arrivée du train en direction de Quévy dans dix minutes. Annonça une voix dans un haut-parleur. » 

Je fixais le sac à dos posé à mes pieds, avec un regard cependant peu concentré. Ethan avait révélé à mon beau-père où je me trouvais et ce dernier s'était ensuite fait le plaisir de contacter les autorités pour me ramener à son domicile. Certes je n'étais plus mineure, mais je ne possédais pas vraiment de papiers qui le prouvait. Loïc se tenait à côté de moi, frôlant de temps à autre ma main avec la sienne. J'aurais tellement voulu qu'il vienne avec moi, mais il ne le pouvait pas à cause de son travail. 

« Je te promets qu'on se reverra très bientôt. Dit-il, parlant d'une voix douce. » 

Le train arriva cinq minutes en retard accompagné d'une sonnerie qui annonçait sûrement son entrée en gare. En fait, j'avais osé espérer qu'il n'arriverait jamais. Je me tournai vers Loïc, essayant de lui décrocher un petit sourire. Même s'il était un peu faussé par ma respiration haletante et mes membres qui tremblaient. J'étais tellement nerveuse de retrouver ma famille, si je pouvais encore l'appeler de la sorte, et aussi tellement apeurée à la fois d'être séparée de Loïc. En parlant de lui, il semblait serein. Ou alors, il essayait de le faire paraître pour ne pas me faire stresser encore plus. 

Les passagers commençaient à se bousculer, à me bousculer, pour rentrer dans les wagons. J'avais attrapé les mains de Loïc et je ne voulais plus les lâcher. 

« Je viens te voir dès que je peux, aller Aly'.. »

Il m'embrassa, lâcha mes mains et disparut au milieu de la foule, afin que je n'aie aucune chance de le retrouver. Je fus donc contrainte à monter dans le train, en direction d'une ville dont j'avais déjà oublié le nom. 

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« Mademoiselle..? Mademoiselle ! »

Je fronçai les sourcils et ouvris les yeux. Un homme, âgé d'une quarantaine d'années environ, me regardait fixement avec un sourire maladroit aux lèvres. Il tenait dans ses mains un paquet de papiers, et j'en déduisis que c'était le contrôleur. Je jetai un rapide coup d'œil par la fenêtre, dévoilant une gare un peu plus tranquille que celle de Bruxelles. Je remarquai mon beau-père, debout sur le quai. Ma salive se fraya durement un passage dans le fond de ma gorge. Il n'avait pas du tout changé, et l'expression neutre calqué sur son visage me donnait déjà envie de me sauver en courant. Je récupérai mon sac à dos, remerciai brièvement le contrôleur, bien que ça m'aurait beaucoup arrangé qu'il me laisse endormie ici et qu'il me reconduise à la capitale belge, avant de me lever et de sortir. Une forte odeur de pétrole enivra mes narines au moment-même où je posai pied à terre. Dans quel endroit étais-je rendu ? 

« Alyssa, oh ! Comme je suis heureux de te voir.. S'exclama Jonathan, mon beau-père, d'une voix un peu trop enjouée à mon goût. »

Ses bras vinrent entourer mon corps, ce qui me provoqua une grimace incontrôlée. Ils n'étaient pas protecteurs comme ceux de Loïc, mais plutôt rudes et peu réconfortants. Même si de base j'adorais les câlins, je n'arrivais pas à apprécier celui-ci. 

Il me libéra de ses bras après de longues secondes.. et là, mon existence se bouleversa. 

Il m'attrapa violemment par la manche du pull et planta son regard de fer dans le mien. 

« Les flics se sont ramenés chez moi, ils ont découvert que je t'avais foutu dehors par je ne sais quel moyen encore. Si je ne te ramenais pas devant eux très rapidement, j'allais être jeté en taule. Et tu sais quoi ? Je ne peux pas abandonner ma famille. »

Ses dernières paroles me firent l'effet d'un poignard dans le cœur. Je le savais, oui je le savais qu'il ne considérait pas que je faisais partie de sa famille. Mais alors.. elle était où ma famille, à moi ? Je n'en avais plus.. je n'en avais plus. 

Jonathan, ou plutôt devrais-je dire monsieur X, m'entraîna avec lui à l'extérieur de la gare et me poussa dans son véhicule. Je n'avais qu'une envie, c'était de parler à Loïc, de le supplier de venir ici mais je n'avais pas de téléphone, et encore moins son numéro. Je bouclai ma ceinture et laissa ma tête s'appuyer contre la vitre. Il démarra, et je me mis à regarder le paysage défiler rapidement devant mes yeux. Il roulait vite.

En arrivant dans la maison, je n'eus pas le temps de reconnaître mes demi-frères et sœurs, que monsieur X pressa le pas et m'enferma dans la chambre que j'occupais avant, avec pour seule phrase : « Dans deux jours un inspecteur viendra te voir, si tu lui dis quoi que ce soit qui pourrait ruiner mon casier judiciaire, je te jure que tu es une femme morte. » Et il était parti en claquant la porte. 

Je m'assis sur mon lit, balayant du regard la pièce toute entière. Il ne restait plus grand chose de personnel, mis à part des vêtements sur les portants. Les murs avaient été dénudés des dizaines d'affiches de Cher Lloyd qui étaient autrefois accrochées dessus. Je souris doucement en repensant à cette artiste que j'idolâtrais plus que tout.

Un grincement de porte me sortit de mes pensées et je relevai le regard vers l'entrée, qui laissa apparaître mon demi-frère, Rayane. J'entrouvris légèrement la bouche. Il devait avoir vingt ans maintenant, si ce n'était plus. Lorsqu'il eut fermé derrière lui, je me levai et m'avançai pour directement le prendre dans mes bras. Sa mentalité était totalement différente de celle de son père et je l'aimais beaucoup, il m'avait horriblement manqué. 

« Alyssa, enfin je te retrouve.. Il remonta sa main pour caresser mes cheveux. »

Je me détachai pour le regarder, un léger sourire aux lèvres qui contredisait les larmes prêtes à couler aux coins de mes yeux. 

« Je veux que tu me racontes tout ce que tu as vécu, dans le détail, vraiment. 

-Je veux bien le faire, mais avant il faut que tu m'aides à trouver un numéro de téléphone Rayane, je t'en supplie, c'est vraiment important.. Dis-je en joignant mes mains aux siennes afin qu'il accepte. »

Il fronça les sourcils.

« Il s'appelle Loïc Nottet et il est chorégraphe/metteur en scène à Bruxelles. Je pense qu'il a un site Internet où on peut le trouver mais, je n'ai pas de connexion je.. 

-Stop, Alyssa. Me coupa-t-il. Je vais le trouver. »

HomelessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant