Chapitre 7

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J'ouvris la bouche un instant, comme pour dire quelque chose, mais aucun son n'en sortit. Son regard perçant ancré dans le mien me déstabilisait. Sa proposition était en sens unique, pourtant je voulais m'y opposer. Je ne pouvais pas approuver, même si c'était plus qu'inespéré. Je n'arrivais pas à comprendre pourquoi il voulait à tout prix me venir en aide, parce que de toute façon, je ne pourrais jamais lui rendre la pareille. Retirant doucement mes poignets de son emprise, je lui offris un petit sourire. J'espérais mieux faire passer mes prochaines paroles avec celui-ci. 

« Merci pour tout Loïc, vraiment, mais c'est impossible. Lâchais-je. 

-Rien n'est impossible Alyssa, on y va. Ordonna-t-il. »  

Sans que je n'eus le temps de riposter quoi que ce soit, il s'empara de ma main droite et se mit à me tirer hors de cet endroit. Une voiture noire se trouvait un peu plus loin, et j'en déduis qu'elle lui appartenait. Il ouvrit la portière et d'un bref mouvement de tête, me fit signe d'y monter. Je m'exécutai, pinçant machinalement mes lèvres entre-elles. Loïc s'installa à la place conducteur et mis le contact, pour ensuite se mettre à rouler. Il paraissait déterminé, prêt à pousser tout obstacle qui pouvait barrer le chemin menant à la "réussite" de son projet. J'appuyai ma tête contre le siège, dirigeant mon regard vers l'extérieur. Un silence pesant régnait dans le véhicule, mais je n'osais en aucun cas le briser. 

Il s'arrêta devant un hôtel une dizaine de minutes de route plus tard et passa une main dans ses cheveux. Je me demandai d'abord pourquoi il ne vivait pas dans une maison ou dans un appartement, puis je me rendis compte que je ne savais pas grand chose de sa vie, même strictement rien. Je m'imaginais diverses possibilités. Peut-être que son travail lui demandait de se déplacer, ou alors il vagabondait de ville en ville dans l'espoir de réaliser son rêve. Je descendis, puis observai la façade de la bâtisse. Elle était neutre et se fondait parfaitement dans le décor de Bruxelles. En voyant Loïc entrer, je repris mes esprits et fis de même. Je regardais toujours ce qui m'entourait, ça m'émerveillait. On dit souvent que lorsqu'on mène une vie avec un amas de problèmes, on apprécie davantage les petits moments de bonheur. 

Je rejoignis le brun pour monter les escaliers. Depuis notre départ il n'avait pas parlé, pourtant il ne semblait pas vraiment énervé. Pensif à la limite. Arrivés au troisième étage et à la quatrième porte du couloir à gauche, il sortit son trousseau de clés de sa poche. Il en enfonça une dans la serrure et la tourna quelques fois. Loïc se décala pour me laisser entrer, ce que je fis sans m'arrêter de scruter tout ce qui m'entourait. La chambre était à la même image que l'hôtel, très sobre. Un lit central, deux tables de nuits et un canapé où trônaient des vêtements. 

« Tu es ici depuis longtemps ? Demandais-je subitement en tournant mon regard vers lui.

-Non, quelques jours. Je suis ici pour mon travail. Sourit-il. » 

Ma première déduction était donc correct, il bossait par ici. 

« Si tu veux savoir, je suis chorégraphe et metteur en scène au cinéma. » 

J'allais lui demander, mais il avait parlé plus vite que moi. J'étais un peu étonnée, je savais qu'il aimait beaucoup la danse parce qu'il me l'avait dit l'autre fois, au café. Par contre, jamais je n'aurais pensé qu'il pouvait être cinéaste ou quelque chose dans le genre. Après tout, l'apparence ne nous révèle pas toujours tout. 

Pendant ma réflexion, Loïc s'accroupit vers sa valise et en sortie un sweat noir qu'il me tendit. Je lui adressai un regard interrogateur, avant de le prendre. 

« Je te le prête. Me dit-il, son sourire n'étant pas disparu.

-C'est gentil, il fera toujours meilleur impression que ça. Répondis-je, en pointant du doigt mon pull et en riant à moitié. »  

A son achat.. ou plutôt lorsque je l'ai volé, il était mignon, ce pull. Avec le temps il s'était un peu élargi et décoloré, il ne faisait plus aussi bonne impression. Je le retirai, laissant place à mon t-shirt habituel. J'enfilai à la place le chandail de Loïc et remarquai qu'il était un peu long au niveau des manches. Certes, le jeune homme n'était pas très grand, mais il l'était toujours plus que moi. Je le retroussai un peu jusqu'aux poignets et m'assit sur le lit, à côté de là où Loïc venait de se poser. A la vue de son joli visage innocent, je ne pus m'empêcher de lui rendre son étreinte de tout à l'heure. 

« Merci. »  



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