Chapitre 20

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« L'embarquement de l'avion n°6234 en direction de Nice aura lieu dans vingt minutes. »

Assise entre Rayane et Loïc, je regardais le tableau d'affichage, essayant de penser à autre chose, essayant d'oublier. 

Ce putain de moment me revenait en tête comme un boomerang. 

Je revoyais mon beau-père m'hurler dessus parce qu'il avait découvert la présence de Loïc, je le revoyais se coller à moi et me dire qu'il y avait assez d'hommes à la maison pour me satisfaire. Je le revoyais également me frapper au niveau du ventre en répétant que je ne servais à rien. Il était submergé par l'alcool, il avait fumé des tonnes de cigarettes, mais je savais qu'au fond de lui, il le pensait réellement. 

Rayane l'avait retiré de mon emprise en lui parlant sèchement. Jamais je ne l'avais entendu parler de la sorte, et je me disais que peut-être il avait la même haine pour son père que moi. 

Je m'étais réfugié dans ses bras, m'accrochant tant bien que mal à son t-shirt. Tu ne peux pas rester ici Alyssa, tu dois t'en aller. Pars avec Loïc, je sais que tu seras heureuse avec lui. M'avait-il dit. 

Ce fut difficile pour moi d'accepter de m'en aller, parce que je tenais à mon demi-frère. Mais je savais qu'il avait raison, alors quand Loïc apprit la situation, il me proposa de rejoindre sa famille à Nice pour aller fêter Noël avec eux. 

J'avais accepté, mais plus les minutes passaient, plus ma cage thoracique me faisait un mal de chien. 

« Embarquement immédiat de l'avion n°6234 en direction de Nice. » 

Je ne bougeai pas d'un centimètre, tentant de m'échapper de la réalité, mais la main de Rayane sur mon dos m'y ramena bien vite. 

« Il est l'heure d'y aller Alyssa. Dit-il, d'une voix douce. »

Mes yeux remontèrent sur son visage et je voyais qu'il était prêt à pleurer. Cependant, il ne succomba pas à cette envie. Je savais qu'il voulait être fort, bien que ce soit compliqué. A le voir ainsi, je voulais juste le supplier de venir avec nous, mais il ne pouvait pas. Il avait des études à assurer et un père à surveiller. 

« Merci de tout ce que tu as fait pour moi, Rayane. Ma tonalité flanchait. Merci de m'avoir protégé et d'avoir rendu mes jours ici plus beaux. » 

Il me prit une dernière fois dans ses bras.

« Prends soin de toi. Lança-t-il. » 

Il se détacha et me laissa me lever. J'ajustai mon sac à dos sur mes épaules et sortis mon papier d'identité de ma poche, étant donné que le délai s'était montré trop court pour avoir une carte. Je pris une grande inspiration, lui offrit un sourire mal contrôlé et rejoignis les portes d'embarquement avec Loïc. 

« Je t'aime. Entendis-je, au loin. »

Alors que l'hôtesse allait scanner mon billet, je me retournai vers mon demi-frère et posai ma main au niveau de mon cœur pour lui montrer que, moi aussi, je l'aimais. 

Après avoir trouvé notre rangée, je m'installai du côté du hublot, attachant mes cheveux en un espèce de chignon. L'avion ne me faisait pas peur, je l'avais déjà pris avec ma mère en étant plus jeune. Par contre, je détestais l'air conditionné. Cette merde me donnait tout le temps froid. Je sortis une veste appartenant à Loïc de mon sac à dos et l'enfilai. D'ailleurs, lui et moi ne nous étions pas adressés la parole quasiment depuis notre arrivée à l'aéroport. Je posai mon regard sur lui et fit une petite moue en voyant qu'il fixait le vide. Je déposai un bisou sur sa joue et scrutai son comportement suite à ce premier pas. Il tourna la tête. 

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