Chapitre 17

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Vers minuit, je rejoignis la chambre d'hôtel du Belge. J'aurais apprécié retirer ma présence de celle d'Ethan plus tôt, mais ce n'était pas une action des plus sympathiques. J'avais simplement pris mon mal en patience en attendant qu'il me dise qu'il voulait rentrer. 

Ayant marché plusieurs minutes dans la ville sombre et vide, je fus soulagée d'enfin passer la porte de la pièce dans laquelle séjournait le brun depuis un bon moment déjà. J'essayai de ne pas perturber son sommeil en faisant le moins de bruit possible, et ne pus m'empêcher de me mordre la lèvre en le découvrant enroulé dans la couette. Il était trop mignon. Toujours dans le même silence, j'allai rapidement me changer et pris place à ses côtés par la suite. Il se retourna vers moi, me valant un léger haut-le-corps. En fait, il ne dormait pas. 

« Oups, je t'ai réveillé..? Chuchotai-je. 

-Non, je ne me suis pas encore endormi. »

Il vint se loger dans mes bras, les yeux rivés vers le bas. 

« Ta soirée s'est bien passée ? 

-Mouais, bof. Ethan est devenu vraiment bizarre. Tu sais, j'en arriverais même à penser qu'il est jaloux de toi.. Lui racontai-je, ne sachant pas comment il allait réagir. »

Il se redressa brusquement, arquant un sourcil d'une manière presque exagérée. 

« Je savais qu'il était pas clair ce gars, mais t'es à moi, hein..? »

L'assurance qu'il avait au début de sa phrase tomba graduellement à chaque terme qu'il enchaînait. Il pouvait se la jouer gros dur, c'était un bébé et voilà tout. 

« Bien sûr que oui, mon petit prince. »

Il sourit, rassuré par mes derniers propos et embrassa le haut de ma tempe. D'un air faussement indigné, je croisai mes bras au niveau de ma poitrine. Il me questionna du regard et, lorsqu'il parut comprendre, il étouffa un rire. Il posa ses mains sur mes joues et me vola plusieurs baisers à la suite, avant de m'embrasser réellement. 

Quelques minutes plus tard, on se détacha enfin pour se coucher, l'un contre l'autre. Dans la douceur de ses bras et sous la fatigue que je traînais depuis le début de la journée, je ne mis pas longtemps à m'endormir. Mes nuits n'avaient jamais été qualifiées de repos pour moi, elles s'agitaient le plus souvent après quelques heures de sommeil consécutives et mon subconscient me gardait éveillée de longues minutes avant de m'autoriser à fermer une nouvelle fois les yeux. Depuis que Loïc était là, près de moi, j'avais la sensation de me trouver en sécurité et mes nuits s'apaisaient, petit à petit. 

Au milieu de la nuit, la sonnerie du téléphone de la chambre me sortit brusquement de l'assoupissement dans lequel j'étais plongée. Le jeune homme décrocha, allumant en même temps la lampe de chevet. Il répondit à son interlocuteur d'une petite voix, encore dans les vapes. 

Suite à quelques minutes d'échange, il mit fin à l'appel et se tourna vers moi. 

« Apparemment, il y a quelqu'un pour toi en bas.. M'annonça-t-il. » 

Je soufflai lourdement, qui pourrait bien vouloir me voir à une heure pareille ? 

« Je vais descendre.. Dis-je sans grande conviction, me débarrassant de la couverture. 

-Je viens avec toi, je resterais à l'écart d'accord, mais je viens quand même. » 

Je ne refusai pas sa proposition, étant donné qu'il n'allait pas lâcher son idée. Je sortis de la pièce, appuyant sur l'interrupteur à gauche de la porte pour éclairer la totalité du couloir. Je descendis ensuite les quelques marches qui me séparaient du hall d'entrée, Loïc à mes trousses. Lorsque je me trouvai dans la salle principale de l'hôtel, je remarquai, assit sur un fauteuil, Ethan. J'aurais dû m'en douter. Je pris une profonde inspiration, puis le rejoignis, claquant des doigts devant son visage pour lui signaler ma présence.  

« Oh, Alyssa. Dit-il, après un léger sursaut. 

-Qu'est-ce que tu fais là ? Je m'assis près de lui. Il est quand même plus de quatre heures.. » 

Il pinça ses lèvres et sortit une lettre de sa poche, la triturant entre ses doigts. 

« J'ai pas osé te la donner au resto mais c'est ton beau-père qui l'a écrite. Il a besoin d'aide, je crois. Me révéla-t-il. »

Pardon ? Dites-moi qu'il y a une caméra pour que je me rassure en me disant que c'est une blague. Mon sang s'échauffa dans mes veines, donnant pourtant à mon visage une couleur blanchâtre, à la limite du cadavérique. Mon beau-père, celui qui m'avait jeté dehors comme une moins que rien alors que j'étais encore une gamine, venait me demander secours. Il avait vu la Vierge lui ou quoi ? Je retenais souvent ma haine pour pardonner les yeux fermés, ça vous le saviez, mais avec lui, ce n'était pas possible. Je ne pouvais pas lui lever mon drapeau blanc et me jeter dans ses bras comme si de rien n'était. Je le haïssais, du plus profond de mon être. 

 «  Lui, besoin de mon soutien ? C'est pour ça que tu es revenu vers moi ? Je ne l'aiderais pas, pourquoi je le ferais ? Il ne l'a jamais fait pour moi. Lançai-je, presque sèchement.

-Non, je ne suis pas revenu vers toi pour ça, enfin.. disons que je suis parti à ta recherche quand il me l'a demandé.. » 

Sa révélation me laissa bouche-bée. Mais quel connard ! Je savais qu'il avait changé, mais de là à apprécier le contact avec celui qu'il désignait auparavant comme étant une ordure.. je n'y croyais pas. Écœurée, je me levai et commençai à m'en aller. Cependant, Ethan en décida autrement. Il me rattrapa et me colla brusquement à lui, ce qui ne fit que me dégoûter encore plus. 

« Il faudra bien lui pardonner un jour, ma belle.. »

Il me répugnait, vraiment de plus en plus. J'avais l'impression qu'on avait remplacé mon meilleur ami. J'essayai de nouveau de me retirer de son emprise, en jurant sur les deux derniers mots qu'il venait de prononcer, mais sans succès. 

« Tu la lâches, maintenant. Intervint Loïc, sortant de sa cachette. » 

Ethan jeta un regard, quasiment méprisant, en direction de Loïc. Son parfum intense enivra mes narines, s'emparant comme de mes voies respiratoires pour les polluer, les étouffer. Pour sûr, ce n'était qu'une idée, mais il m'avait tellement froissé que rien qu'en le voyant, j'avais envie de vomir. 

« Qu'est-ce que tu vas faire, toi, le petit là ? »

J'écarquillai les yeux, les traits de mon visage restant crispés, tandis que mes os se brisaient sous la forte étreinte qu'il m'infligeait. 

« Hm, tu n'en as vraiment aucune idée ? »

Je ne voyais rien, je ne savais pas si Loïc s'était rapproché ou au contraire, s'il s'était éloigné. Ma joue était fixée sur le torse de l'homme que je ne reconnaissais plus, jusqu'à ce qu'il se retire brutalement. Je titubai un instant, essayant de me stabiliser tant bien que mal, mais l'expérience fut mauvaise puisque je me retrouvai à la minute sur le sol. Je relevai les yeux en direction des deux garçons, les faisant cligner plusieurs fois pour retrouver une vision correcte. Presque avec stupéfaction, je découvris Ethan se tenant la joue : Loïc venait de lui flanquer son poing à la figure. Pour mon plus grand soulagement, l'intrus se fit virer salement de l'hôtel par la sécurité après cette altercation. 

La réceptionniste m'aida ensuite à me relever, alors que je ne savais plus où j'en étais. Elle chuchotait des paroles rassurantes, des paroles d'une femme à une femme, cherchant à tranquilliser l'alarme qui hurlait en moi.

Loïc se rapprocha de moi et sans attendre, je tombai dans ses bras et me mis à pleurer, n'essayant au passage même pas de contrôler mes sanglots qui remplirent atrocement le silence qui s'était installé dans le hall suite au départ d'Ethan.  

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