Chapitre 23

224 16 13
                                    

Un mois plus tard.

Une semaine après l'hospitalisation de Loïc, nous étions retournés à Charleroi, ville où lui et sa famille habitaient en temps normal. Le jeune homme avait commencé un traitement de radiothérapie pour détruire les cellules cancéreuses. Pour le moment, personne ne savait s'il allait avoir besoin de chimiothérapie.

Le bruit de la porte d'entrée se fit entendre, ce devait être Loïc qui rentrait de sa séance. Il était 20h, j'étais assise au bureau, devant l'ordinateur, écrivant quelques mots à Rayane.

« Tu veux manger quelque chose ? Demanda son père, que je pouvais entendre d'ici.

-Non, je mangerai sûrement après. »

Il entra ensuite dans la chambre et ferma derrière lui. Je fis volte-face pour le regarder et souris doucement en le voyant. Son corps avait un peu maigri, son teint était un peu plus terne que la norme, il avait une petite valisette qu'il avait tout le temps avec lui pour lui permettre de respirer normalement, mais il restait toujours aussi beau et incroyable à mes yeux. Il vint assembler ses mains aux miennes et m'incita à me lever, ce que je fis sans broncher.

« Ça s'est bien passé ? Commençai-je. »

Sa réponse ne fut qu'un hochement de tête, avant qu'il ne vienne parsemer mon visage de baisers. Je sentis ses mains venir se glisser sur le bas de mon dos et son corps se coller dangereusement au mien.

« Je ne pense pas que ce soit une bonne idée, Loïc..

-J'en ai tellement marre de cette situation, mes journées se résument à des passages à l'hôpital, des médicaments et au mieux deux bisous de ta part. J'en ai marre, je te veux toi Alyssa, au moins pour ce soir. Raconta-t-il. »

Je compris et reçus sa demande, mes bras vinrent entourer son cou tandis que je collai mon front au sien.

« Alors tu m'auras.. Murmurai-je. »

Il rompit l'espace entre nos deux bouches pour m'embrasser amoureusement, puis il m'entraîna sur le lit qui se trouvait à côté. Je m'installai en-dessous de lui et passai mes bras autour de son corps pour le serrer contre moi, sans avoir cessé de l'embrasser. Il mit cependant un terme à notre baiser et se redressa légèrement pour retirer son haut, j'en profitai d'ailleurs pour retirer le mien. En revanche, il retira également ce qui l'aidait à respirer et cette initiative ne me plût pas forcément.

« Bébé remets ça.. Soufflai-je. »

N'ayant pas vraiment envie de m'écouter, il m'embrassa de nouveau et se détacha au bout de quelques longues secondes pour quand même repositionner les tuyaux.

Nos bouches ne restèrent pas longtemps séparées, et nous fîmes valser nos habits dans la pièce.

Je l'aimais, mon dieu.

Deux mois plus tard.

J'entrai dans la bâtisse de l'hôpital central, essayant de réchauffer mes mains. Depuis deux semaines, Loïc avait encore une fois dû être placé sous la surveillance des médecins. Je pris le chemin de la chambre de mon petit-ami, mais une voix m'interpella.

« Mademoiselle Laura, attendez je vous prie ! »

Je m'arrêtai dans ma marche et me retournai vers mon interlocuteur, je fus surprise de voir le médecin qui s'était occupé de Loïc en France.

« Que faites-vous ici, en Belgique ? Demandai-je.

-Vous savez que je m'occupe à distance du cas de Monsieur Nottet, n'est-ce pas ? J'acquiesçai. Bien, si je suis là aujourd'hui c'est parce que je dois vous parler. Suivez-moi dans un bureau. »

Sans me faire prier, je le suivis, bien que je prenais mon mal en patience. J'avais envie de retrouver Loïc.

Le médecin me fit signe de prendre une place sur une chaise devant lui, alors qu'il venait de s'asseoir, je m'exécutai une nouvelle fois.

« C'est très délicat à annoncer.. »

J'arquai un sourcil, l'encourageant à continuer avec mon regard interrogateur.

« Monsieur Nottet est décédé cette nuit. »

Ma respiration se coupa.

« Je suis vraiment désolé. »

Mon monde venait de s'effondrer, à l'instant même où il avait prononcé cette phrase. Il était parti, il avait rejoint les étoiles. Je laissai ma dignité de côté et me mis à pleurer, face au médecin, sans retenue. Je voulais crier, renverser tous les objets présents autour de moi, me jeter d'une fenêtre pour aller le retrouver. Je venais de perdre mon premier amour, je venais de perdre l'homme de ma vie, je venais de tout perdre en l'espace de quelques secondes. Je l'avais aimé comme jamais personne auparavant et il était certain que cet amour ne pourrait jamais se recréer avec quelqu'un d'autre.

Je me rappelais notre première rencontre, sur la place de Bruxelles, alors que je pleurais comme une demeurée parce qu'Ethan venait de me laisser tomber. Je me rappelais notre après-midi passé dans un café à rire, à parler de tout et de n'importe quoi alors qu'on ne se connaissait que depuis quelques heures. Je me rappelais me réveiller au milieu d'une rue et le découvrir face à moi, le regard rempli d'incompréhension. Je me rappelais arriver dans son hôtel la première fois. Je me rappelais notre premier baiser, dans la salle de spectacle. Je me rappelais l'entendre crier que j'étais celle qu'il recherchait pour son film. Je me rappelais son altercation avec Ethan, dans le hall de l'hôtel. Je me rappelais l'avoir quitté pour rejoindre mon beau-père, mais je me rappelais l'avoir retrouvé plus amoureuse que jamais, grâce à mon demi-frère. Enfin, je me rappelais les deux nuits magnifiques que nous avions passées ensemble.

La vie n'était qu'une pute, une sombre pute.

Je quittai le bureau du médecin et me mis à courir hors de l'hôpital. Je courrais à en perdre haleine et le bruit de mes sanglots se mélangeait à celui des voitures environnantes. Je ne savais pas où j'allais, je n'avais pas de but.

Mes jambes me menèrent jusqu'à une colline, où je m'effondrai à genoux. Je fixais mon regard vers le ciel, comme si j'allais pouvoir l'apercevoir là, entre les nuages. Ma main se posa sur mon cœur, j'avais la sensation qu'une pierre l'écrasait tout entier.

Ce cancer avait eu raison de lui, mais tout ce que j'espérais était qu'il soit parti en paix, même si son départ était plus que précipité.

Sa vie s'était éteinte, mais la flamme qui brûlait en moi elle, brillerait en son nom pour toujours.


Merci Loïc, de m'avoir aimé comme un fou.

Merci Loïc, de m'avoir redonné goût à la vie.

Merci Loïc, d'avoir cru en moi.

Simplement, merci Loïc d'avoir un jour croisé mon chemin.


« Je t'aime, mon amour. »


NDA : Cette fin a été vraiment difficile à écrire pour moi, mais la symbolique y est grande. J'ai beaucoup réfléchi avant de décider de terminer cette histoire ainsi. Si j'ai repris cette fiction, c'était notamment pour la boucler. Toutes les péripéties que je voulais ont été insérées et je sais que ce n'est pas la meilleure fiction qu'il puisse exister, d'autant plus que j'ai mis deux ans à l'écrire en entier, mais pourtant je suis fière de Homeless.

Je vous remercie de vos commentaires qui m'ont beaucoup aidé.

Prochainement, je posterai un épilogue qui clôturera une bonne fois pour toute cette histoire, mon histoire.

Je vous aime.

HomelessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant