Chapitre 22

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3h04. 

« Bloc opératoire numéro 4, hémorragie interne du patient! Poussez-vous, laissez passer, sortez le matériel nécessaire à l'opération. » 

4h26. 

« Appel d'urgence, envoyez une ambulance en direction de l'Hôtel de Ville, les pompiers sont déjà là. »

5h58. 

« Bip. Bip. Bip. » 

6h43. 

Le temps défilait et moi, je ne bougeais pas. J'étais recroquevillée sur une chaise au milieu de l'hôpital, n'attendant qu'une seule chose : avoir des nouvelles de Loïc. Ne supportant plus l'ambiance pesante qui régnait ici, ses parents avaient choisi de retourner dans leur voiture et m'avaient demander de les appeler lorsqu'un médecin se présenterait enfin à moi pour m'informer. 

Je n'avais pas l'intention de sortir. 

Ma gorge était extrêmement sèche, mais je n'avais pas le courage de me lever afin de me procurer de l'eau, mes yeux étaient cernés à cause de la fatigue et ma dégaine n'était pas non plus très agréable à regarder. Par-dessus mon pyjama, j'avais enfilé un jogging ainsi que la veste de Loïc. 

Je fermai un instant les yeux en passant mes mains dans mes cheveux. 

« Mademoiselle Laura ? » 

Je les rouvris donc directement et les fixa sur la personne qui venait de me parler. C'était un médecin. Je me levai pour être à sa hauteur, même si cette expression ne devait pas être prise au pied de la lettre étant donné qu'il faisait une tête de plus que moi, et acquiesçai pour lui montrer qu'il s'adressait à la bonne personne. 

« Monsieur Nottet est installé dans une chambre, il est très fatigué mais ne semble pas vouloir dormir. Il marqua une pause. Sa situation est problématique, quand il est arrivé nous pensions à un cas de pneumothorax. Il vit mon incompréhension. Le pneumothorax est une maladie qui touche les poumons mais qui se soigne facilement, d'autant plus lorsque l'hygiène de vie de la personne est correcte, voire impeccable.

-Qu'est-ce qu'il a, alors..? Enchaînai-je. » 

Il pinça doucement ses lèvres et m'entraîna dans un coin reculé et protégé de toutes les oreilles indiscrètes. 

« Votre petit-ami est atteint d'un cancer des poumons, Mademoiselle. »

Je portai mes mains à ma bouche et essayai de retenir les sanglots prêts à sortir. Le ciel me tombait sur la tête, je n'arrivais pas à croire à ce diagnostic. De nouvelles larmes s'approprièrent mes joues, alors que le médecin posait sa main sur mon épaule. 

« Je sais que c'est difficile à avaler, mais soyez présente pour lui, c'est tout ce que je vous demande. Il se trouve dans la chambre 108. » 

J'avançai fébrilement jusqu'à cette fameuse chambre et, avant d'entrer à l'intérieur, j'envoyais un message aux parents de Loïc. Je n'avais pas la force de leur annoncer de vive voix. 

Je passai la porte et refermai derrière moi, découvrant Loïc perfusé au niveau du bras gauche et relié à une machine à oxygène grâce à deux petits tuyaux placés dans son nez. Alerté par le bruit, il se tourna vers moi. Ses yeux étaient rouges et gonflés. Je m'approchai de son lit et amenai une chaise pour m'asseoir près de celui-ci. Une de mes mains se lia à la sienne et la seconde se glissa sur sa joue. A l'instant où nos peaux entrèrent en contact, il se mit silencieusement à pleurer.

« Loïc, tout va bien se passer. Tu es fort et tu vas surmonter cette épreuve. Dis-je, essayant de le rassurer. 

-Un cancer, un putain de cancer. Décrocha-t-il. » 

Je me penchai pour déposer un baiser dans son cou. 

Un putain de cancer. 

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J'étais restée toute la journée avec lui, ses parents étaient venus le voir à leur tour, et je me rendais bien compte que c'était beaucoup plus compliqué pour eux de cacher leurs sentiments que pour moi. Voir leur fils dans cet état leur brisait le cœur, mais j'espérais qu'ils parviendraient tout de même à lui partager toute leur force et leurs bonnes ondes. Loïc n'avait pas besoin qu'ils s'écroulent devant lui ou qu'ils se laissent anéantir par les événements. 

Le soir venu, deux infirmières m'informèrent que je devais quitter les lieux parce que je n'avais pas la possibilité de dormir ici ce soir. 

« Non, elle reste. » 

Alors que je m'étais levée, je me tournai vers Loïc.

« Je reviens demain mon amour.. je te le promets. »

Il se redressa, ce qui lui valut le mécontentement des infirmières. 

« Embrasse-moi. »

Je n'hésitai pas une seconde de plus avant de l'embrasser, sous le regard pesant des deux employées. Il prolongea longuement, n'ayant nullement envie de me lâcher. En lui forçant un peu la main, je parvins à me détacher. Je lui envoyai un bisou papillon, puis sortis de la pièce et de l'hôpital. J'interpellai un taxi, qui me conduisit jusqu'à la maison de vacances des Nottet. 

Je n'avais pas pris la peine de manger, j'étais directement montée prendre une douche. Une fois à l'intérieur, toutes mes émotions se traduisirent par des sanglots, des respirations haletantes et des larmes qui ne cessaient de couler. J'étais restée de marbre devant celui que j'aimais, j'avais pris sur moi pour lui envoyer de la lumière, et maintenant, j'avais besoin d'évacuer. Il n'en saurait rien, et ça me permettrait de revenir le voir demain matin vidée de toute cette douleur. 

Sans arriver à me calmer, je sortis de la douche une dizaine de minutes plus tard, j'enfilai un peignoir et allai prendre place sur le lit. J'ouvris l'ordinateur de Loïc et appelai Rayane par Skype, il me répondit presque immédiatement. 

« Coucou ma beauté, joyeux No.. Il remarqua que je pleurais. Alyssa ? Pourquoi tu pleures ? »

Je mordis ma lèvre en le regardant à travers l'écran. Je ne lui avais pas parlé de tout ce qu'il s'était passé, mais là plus que jamais j'en avais besoin. 

« Cette nuit.. Loïc s'est mis à tousser énormément, il n'arrivait pas à s'arrêter et il avait mal au niveau de sa cage thoracique. J'ai appelé les urgences, ils l'ont emmené en ambulance et il peinait vraiment à respirer. Je.. je n'ai pas pu l'accompagner, je suis allée à l'hôpital avec ses parents juste après. J'ai attendu plusieurs heures sur une chaise sans bouger, j'attendais qu'on vienne me voir et qu'on me dise ce qu'il avait eu. Et.. Ma voix se brisa complètement. Le médecin m'a dit qu'il était atteint d'un cancer des poumons. » 

Choqué, Rayane ne prononça pas un mot pendant plusieurs secondes. 

« Je ne sais pas quoi dire tellement ça paraît irréel, Alyssa. Sois forte, parce que si tu l'es, ça lui donnera d'autant plus de courage pour se battre contre cette maladie. 

-Si tu savais comme je voudrais que tu sois là.. Je baissai les yeux. » 

Il tapota sur son ordinateur, afin que je relève le regard vers lui. 

« Je serai toujours là. Écris-moi, appelle-moi, je n'oublierai jamais de te répondre. » 

Je lui fis un cœur avec mes deux mains et fermai l'appel, me dirigeant ensuite sur Youtube pour enclencher une playlist de Shawn Mendes. Je plaquai ma tête contre l'oreiller et le parfum de Loïc s'infiltra dans mes narines, j'essayais de me concentrer sur ce dernier ainsi que sur la musique pour retrouver le calme. En vingt-quatre heures, je n'avais dormi que deux heures et la fatigue commençait réellement à prendre le dessus. 

Je n'avais aucune idée de ce qu'il pouvait arriver, mais j'avais extrêmement peur de le perdre. 

La vie n'avait pas le droit de m'arracher la personne que j'aimais le plus au monde, même si elle ne s'était pas gênée de le faire une fois. 


When you fall asleep tonight, just remember that we lay under the same stars.. 

HomelessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant