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Ce soir, je resplendis dans ma magnifique robe de soirée rouge qui me met parfaitement en valeur. Mes longs cheveux blonds sont noués en un chignon savamment étudié et je peux sans me vanter, me qualifier de plus belle femme ici présente.

Il commence à se faire tard, la soirée se termine, beaucoup d'invités sont déjà partis, et je m'apprête à faire de même.

Je salue les diverses personnes que je connais et me dirige vers Helen, l'organisatrice :

- C'était une superbe soirée Helen ! la complimentais-je.

- Oh, ce n'était rien, dit-elle sans le penser. Tu rentres ? Tu veux que j'appelle un taxi ?

- Non, ce n'est pas la peine, ma voiture est garée en face, assurais-je.

- Très bien.

Elle se retourne vers un groupe de femmes âgées et ne me prête plus aucune attention. Quant à moi, je tourne les talons et me dirige vers la sortie du magnifique hôtel dans lequel avait lieu notre petite fête.

Après avoir pris l'ascenseur parce que les escaliers risqueraient d'abimer mes chaussures hors de prix, j'arrive enfin dans la rue. Le vent tiède des nuits californiennes me fouette le visage, et je peux enfin respirer autre chose que de l'air conditionné. Je descends alors les marches du perron de l'hôtel et traverse la route sans regarder : qui conduit aux alentours de trois heures du matin de toute manière ?

Je n'ai même pas le temps de réfléchir à une réponse à ma question : une voiture me klaxonne.

Je tourne brusquement la tête et n'ai que le temps de voir deux phares brillants dans la nuit avant le choc. Projetée sur le capot de la voiture et heurtant le pare-brise, je sens les débris de verres percer ma peau comme des millions de lames de couteaux. Ma tête frappe violemment le bord du toit et je sens un liquide chaud s'écouler d'abord sur mon visage puis le long de mon cou.

La voiture parvient enfin à s'arrêter et je me sens glisser lamentablement vers l'avant avant de m'écraser sur le bitume comme une vulgaire poupée. Pendant que j'entends les portières claquer et probablement les passagers descendre, je reprends mon souffle. C'est étrange, je ne ressens plus aucune douleur. Me sentant plutôt bien pour quelqu'un qui vient de se faire renverser, je prends appuie sur mes bras et me relève lentement.

- Oh putain, George ! On vient de renverser une fille ! Qu'est-ce qu'on fait ? hurle d'une voix stridente une fille brune d'environ 18 ans.

Maintenant debout, j'époussette mes vêtements et lance :

- Ne vous inquiétez pas, je vais bien ! Par contre, nous devrions quand même aller au commissariat parce que renverser quelqu'un...

- GEORGE ! On fait quoi ? continue de hurler la gamine.

- Tu m'as écoutée ? Je vais bien enfin ! m'énervais-je.

- On dirait qu'elle est morte, dit le garçon à côté d'elle, probablement George.

- Tu as déjà vu une morte debout, imbécile ? demandais-je.

Cependant, tous les deux ne semblent pas prêter attention à ce que je dis et sont visiblement très occupés à fixer un point derrière moi. Je me retourne et ce que je vois me glace le sang.

Je suis étendue par terre, ma robe arrachée par endroits, mes cheveux blonds devenus rouges, le visage totalement ensanglantés et vu ma posture, ma colonne vertébrale et mes jambes sont surement brisées.

Je plaque mes mains contre ma bouche et m'observe. Comment est-ce possible ? Pourquoi suis-je à la fois debout et par terre ? Je ne peux quand même pas être morte !

Un brouillard noir rampe partout et commence à m'envelopper, je tente de reculer, mais rien n'y fait, en quelque seconde, je suis totalement enveloppée et je ne vois plus rien. Prise dans une obscurité totale, je tourne sur moi-même, espérant voir une lumière quelconque.

Je commence alors à crier, à appeler, espérant que quelqu'un m'entende. Après plusieurs minutes de vociférations, une silhouette entièrement blanche se profile et avance vers moi. Soulagée, j'essaie de courir vers elle, mais je suis incapable d'avancer, comme clouée au sol.

- Amanda Blackfields ? demande la silhouette.

- Oui ?

- Bienvenue dans l'au-delà, dit-elle.

Je lâche un soupir amusé et réponds :

- Désolée, je ne crois pas à toutes ces histoires !

Sans même se soucier de ce que je viens de dire, elle continue, imperturbable :

- En ce 19 avril, vous venez de mourir renversée par une voiture. Malheureusement pour vous, vous ne pouvez pas accéder immédiatement au Paradis. Vous avez des fautes à expier et êtes donc condamnée à errer sur Terre jusqu'à nouvel ordre. Avez-vous des questions, Amanda Blackfields ?

- Attendez... Quoi ? Mais de quoi vous me parlez ? C'est quoi cette histoire de fautes et de Paradis ?

- D'ordinaire, les âmes des défunts se rendent au Paradis immédiatement après leur mort. Durant votre vie, vous avez commis énormément de méfaits et vous devez par conséquent maintenant vous racheter.

- De quels méfaits vous parlez ? demandais-je excédée par ces bêtises.

- Pour arriver là où vous en êtes aujourd'hui, vous avez écrasés (au sens figuré bien sûr) énormément de gens, et vous avez fait du mal à des dizaines de personnes depuis des années, me répondis la silhouette.

Me sentant légèrement mal à l'aise devant cette affirmation que je sais vraie, je décide de feindre l'incompréhension :

- Moi ? Bien sûr que non, vous faites forcément erreur.

- Vous êtes bien Amanda Blackfields ?

- Evidemment.

- Alors il n'y a aucune erreur, dit-elle.

- Si, il y en a une : je ne vois pas à qui j'ai causé du tort ! mentis-je.

- Vous souvenez-vous de Carrietta Peters que vous avez enfermés dans les toilettes quand vous aviez quatre ans ? De Melanie Snell à qui vous aviez caché les affaires hors des vestiaires de sport pour qu'elle soit obligée de se montrer en sous-vêtements devant sa classe ? De Tommy Ross et de Jenny Walters que vous avez aspergés d'eau des toilettes juste avant qu'ils entrent dans la salle du bal de fin d'étude ? De Juliett Andersson que vous...

- Ca va, ça va, j'ai compris ! coupais-je.

- Vous reconnaissez donc avoir commis ces méfaits ?

- Je le reconnais, soupirais-je.

- Amanda Blackfields, vous serez donc reconduite sur Terre sous votre forme actuelle afin de venir en aide à une jeune fille. Ce sera la seule manière que vous aurez pour vous racheter et ainsi accéder au Paradis.

- Je vous demande pardon ? Je vais devoir aller jouer les baby-sitters je ne sais où tout ça pour accéder à votre saloperie de Paradis ? m'énervais-je. Et si je refuse, qu'allez-vous faire ?

- Vous n'êtes malheureusement pas en position de négocier et n'avez pas le choix. Vous allez devoir aider au quotidien Alexandra Barringer, 17 ans, habitant dans la banlieue de Liverpool. Bon voyage, Amanda Blackfields !



Bonjour, bonsoir,

Et bienvenue dans mon nouveau roman cher visiteur !

J'espère que ce premier chapitre t'as plus, le suivant arrive très prochainement. J'espère que tu resteras avec nous pour la suite.

Après avoir terminé "Die Young", "L'île du Silence" et "Bloody Lilith", je commence "Fallen Angel", mon quatrième roman. Une nouvelle aventure qui commence en somme.

Bref,

A très bientôt,

Raven.

Fallen Angel - Tome I : AmandaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant