Fallen Angel - Tome I : Amanda

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J'avance dans les rues de Liverpool et j'essaie, au fur et à mesure de mon cheminement, de reconnaître un maximum de choses autour de moi.

Je suis passée devant cette boutique de prêt-à-porter, devant ce mur tagué aussi je crois... Je croise à nouveau les mêmes jeunes adossés au mur en train de fumer.

Soudain, une femme sur le trottoir d'en face attire mon attention. Je pensais déjà que je devais avoir l'air étrange à me balader en robe de soirée dans une ville aussi sordide, mais dans la bizarrerie, elle me dépasse. La femme que je fixe sur le trottoir d'en face semble tout droit sorti d'une gravure de mode de l'époque victorienne. Elle marche à pas lent avec une immense crinoline autour d'elle et une robe de velours émeraude. Elle à un chapeau assorti et ne semble pas faire attention à la pluie. Comme si celle-ci la traversait.

Deux solutions : soit cette personne a des goûts vestimentaires très originaux, soit elle est décédée depuis des années. Je vote pour la deuxième option. Oui, c'est logique même, si elle n'était pas morte, elle attirerait plus de regard, peut-être même qu'on ferait plus attention à elle qu'à moi. Je pince les lèvres à cette pensée. Cette femme est une rivale potentielle : je déteste ne pas être le centre de l'attention. C'est déjà bien assez difficile d'être invisible aux yeux de tous, si en plus parmi les fantômes il y en a de plus belles que moi, je crois que je ne vais pas le supporter longtemps.

Voyons, ce n'est pas le moment de faire la fine bouche Amanda, tu as besoin d'aide et elle à l'air de bien connaître la ville.

Sans réfléchir, je traverse la rue pour rejoindre le trottoir d'en face. Je manque de me faire (encore) renverser par une voiture mais dans le fond, quelle importance ? Je suis déjà morte, elle n'aurait fait que me traverser. Je manque de me tordre la cheville dans ma précipitation. Ces talons aiguilles ne sont vraiment pas pratiques pour ce genre d'activités.

Une fois sur le même trottoir que la jeune femme, je la rattrape plutôt vite vu l'allure lente à laquelle elle marche.

- Excusez-moi... commençais-je.

Brusquement, elle fit volte-face et m'adressa un regard qui voulait clairement dire « comment oses-tu m'importuner ? ». Elle a des yeux d'un gris glacial et ce n'est pas franchement engagent.

- Je suis un peu perdue et je voulais savoir si vous sauriez me dire où se trouve...

- Je n'ai pas de temps à perdre, désolée, coupe-t-elle.

- Hé une minute ! criais-je.

Cette fois ma colère l'emporte. Elle s'est pris pour qui cette pimbêche à me parler sur ce ton ?

Alors qu'elle m'avait tourné le dos, je me place devant elle pour lui barrer la route et l'empêcher d'avancer.

- Tu ne vas pas partir comme ça ! Je suis complétement paumée dans cette horrible ville et tu as l'air de bien la connaître alors tu vas être gentille et m'indiquer comment me rendre dans l'endroit que je cherche, ok ?

Je reprends ma respiration et voit qu'elle pince les lèvres en regardant mes vêtements. D'un côté, je comprends qu'elle n'approuve pas, mais c'est la dernière mode à Los Angeles alors qu'elle ne commence pas à faire sa Sainte-Nitouche avec moi !

Comme elle ne me répond pas, je reprends :

- Je suis venue en bus d'un quartier de banlieue, de périphérie si tu préfères. C'est gris, c'est moche, c'est pauvre, bref je déteste. Tu sais comment je peux faire pour m'y rendre ?

- Je ne vois pas de quel endroit vous voulez parler, navrée. Et veuillez cesser immédiatement de me tutoyer, c'est très inconvenant.

Elle tente de me contourner pour poursuivre sa route mais je me décale d'un pas pour l'en empêcher.