Fallen Angel - Tome I : Amanda

VI

Je porte une main sur ma poitrine dans un geste théâtral :

- Excuse-moi ? Tu veux que je t'aide à intégrer le Royal College ? Mais est-ce que tu te rends seulement compte de ce que tu me demandes ?

- Tu as bien dit que tu étais là pour m'aider, non ? réplique-t-elle.

- Bien sûr, mais je t'aide parce que je n'ai pas le choix.

La voyant soupirer, j'ajoute :

- Et en plus, je n'y connais rien en musique.

C'est un argument parfaitement recevable, elle ne peut rien contre.

- Ecoute, dit-elle, je sais bien que tu n'es pas musicienne. Mais je sais jouer du piano, pas de soucis là-dessus.

- Mais alors qu'est-ce que tu veux que je fasse ? Je ne vois pas en quoi...

Je m'arrête brusquement en voyant son sourire malicieux. Oh non, je vois très bien où tu veux en venir Alexandra Barringer et il est hors de question que je fasse ça.

- Si tu penses que je vais te payer tes études avec mon argent, tu te trompes complétement, déclarais-je.

- Mais enfin, t'es morte ! réponds-t-elle. A quoi il te sert ton argent ? Et je te rappelle que c'est ta mission...

- On ne m'a jamais dit que je devrais vider mon compte pour une gamine insupportable ! Si c'est ça le prix du Paradis, non merci, je préfère errer sur Terre pour le restant de mes jours. En plus, ça me permettra de...

Je m'interromps à nouveau en la voyant ouvrir son ordinateur et commencer à pianoter sur le clavier.

- Une seconde petite, qu'est-ce que tu fabriques ?

- Quel est le nom de ta banque ?

- Un s'il te plaît serait souhaitable, dis-je.

- Le nom de ta banque s'il te plaît ?

- Bank of America. Mais attends une minute, ajoutais-je ne reclaquant son ordinateur portable. Comment tu vas expliquer à tes parents le fait qu'une somme d'argent considérable apparaisse comme ça sur ton compte ? C'est peut-être un peu louche, tu ne penses pas ? A moins qu'ils soient profondément stupides, ce qui est possible si j'en juge par leur mauvais goût en matière de décoration, ils se rendront forcément compte qu'il y a quelque chose qui cloche. De plus, je ne suis toujours pas sûre que tu mérites que je te vire de l'argent comme ça.

Fière de mon petit monologue, je retire ma main de son ordinateur, me recule un peu en croisant les bras et attends sa réaction.

- Bien, je vais régler ça alors, dit Alexandra en se levant de son lit. Suis-moi.

Je soupire ostensiblement. Mes pieds commencent à souffrir le martyr dans mes splendides escarpins de créateur et l'idée de devoir descendre un escalier ne m'enchante pas. Néanmoins, je me décide à suivre Alexandra, je n'ai pas vraiment le choix après tout et j'avoue que je suis assez curieuse de savoir ce qu'elle mijote.

A peine ai-je posé précautionneusement le premier pied sur la première marche qu'elle a déjà dévalé la moitié de l'escalier et qu'elle appelle ses parents.

Je continue de descendre lentement en veillant à ne pas abimer mes jolis escarpins.

Quand j'arrive enfin en bas, j'entends leur conversation.

- J'ai pris une décision. Puisque vous ne pouvez plus me payer mes cours au conservatoire, j'ai décidé de me les payer moi-même.

- Et avec quel argent ? demande sa mère sarcastiquement.