Avant d'avoir eu le temps de dire quoi que ce soit, je me retrouve les pieds dans une flaque d'eau, sous une pluie battante au milieu d'un affreux quartier délabré. Alors comme ça, c'est ici que je suis envoyée ? Pourquoi a-t-il fallu que ce soit moi qui aille dans cette banlieue grise ? La mort est vraiment injuste.
C'est loin de m'enchanter, mais si je veux enfin avoir la paix, il faut que je trouve cette Alexandra Barringer. Je sors donc mes escarpins de cette flaque ignoble. Bien joué, ils sont foutus maintenant. Quand je retournerai là-haut, il ne faudra pas que j'oublie de demander un remboursement pour ça. Ce n'est pas parce que je suis morte que je dois être mal habillée.
Allez Amanda, courage. Plus vite tu trouves cette fille, plus vite toute cette ridicule histoire sera terminée. Je me mets donc en chemin sur le trottoir en mauvais état en tentant d'éviter un maximum de trous. Je regarde chaque nom sur les boîtes aux lettres, m'attendant à chaque instant à voir surgir celui de « Barringer ». Ryan, Litton, Turnbull, Bryant, Lamb, Conway, Barringer...
Barringer ? Parfait, on dirait bien que j'ai trouvé la maison de l'heureuse élu qui aura l'honneur de faire ma connaissance. Tout le monde ne peut pas se vanter de connaître Amanda Blackfields.
Je lève les yeux vers la façade. Je pensais que rien ne pourrait m'arriver de pire que la mort, je me suis lourdement trompée. Devant moi se dresse une vieille bâtisse aux murs en briquettes sombres. La peinture des fenêtres est écaillée, la pelouse de devant mal entretenue, les mauvaises herbes envahissent l'allée de gravier qui mène au perron et le toit est recouvert de mousse.
C'est impossible, pas moi, on ne peut pas me demander d'aller là ! Je lève la tête vers le ciel et me met à crier :
- Donnez-moi une autre mission ! Quelqu'un d'autre à aider ! S'il vous plaît ?
N'obtenant aucune réponse, je baisse la tête en soupirant. Je fixe à nouveau cette maison délabrée et peu engageante. Mon appartement spacieux dans une luxueuse résidence de Los Angeles me manque déjà. Mais c'est vrai, je n'ai pas le choix, je ne suis pas en mesure de discuter. Il ne me reste plus qu'à prendre mon courage à deux mains.
Je m'avance donc dans l'allée de gravier en prenant soin de ne pas marcher sur les chardons qui risqueraient de railler mes escarpins vernis. J'arrive devant la porte et décide de sonner. J'avance mon index vers le bouton mais je ne sens rien et mon doigt s'enfonce dans le mur. Précipitamment, je le retire. C'est nouveau ça aussi : on dirait bien que je n'ai plus aucune consistance.
Mais alors... Ça veut dire que pour que je rentre il faut que... Oh non ! Hors de question ! Je ne traverse pas les murs ! Je vais bien trouver une autre solution pour entrer.
Après avoir fait plusieurs fois le tour de la maison dans l'espoir de trouver une entrée ouverte, je me rends à l'évidence : je vais devoir traverser cette porte d'entrée. La seule chose positive que je vois à ça, c'est que je serai enfin au sec. Je n'en peux plus de cette pluie battante qui abime vêtements et chaussures.
J'inspire un grand coup, avance un pied et traverse enfin cette fichue porte d'entrée.
L'intérieur de la maison est encore pire que l'extérieur si c'est possible. La tapisserie des murs de l'entrée est terne et semble sortie tout droit d'une autre dimension avec ses larges bandes brun foncé et bleu marine qui s'alternent. C'est le genre de décoration qu'on retrouve chez des personnes âgées qui refusent de suivre les dernières tendances en matière de décoration. Je souris en imaginant la tête que ferai ma décoratrice d'intérieur si elle mettait les pieds ici. Je m'avance dans le couloir étriqué et arrive dans ce qui doit porter le nom de « cuisine ». Mon Dieu. Ces gens ne savent donc pas que les meubles en formica ne sont plus à la mode depuis les années 70 ? Bouche-bée devant une telle horreur décorative, j'entends à peine la discussion qu'ont un homme et une femme à deux pas de moi.
- Isaac, tu sais bien qu'on a pas l'argent pour ça, dit une femme d'une quarantaine d'années avec une frange épaisse et des cheveux bruns coupés au carré.
- Je le sais très bien Sofia, merci, réponds l'homme en face d'elle. Mais on ne peut pas demander à Alexandra d'arrêter ses leçons de piano. Elle y tient beaucoup trop.
- Elle y tient peut-être, mais nous n'avons pas le choix ! réponds la dénommée Sofia. On a plus assez d'argent pour lui payer ses leçons au conservatoire, elle va devoir faire une croix dessus. On ne tiendra plus très longtemps comme ça sinon.
- Je vais trouver une solution, dit-il.
- Mais la solution est déjà toute trouvée ! Alexandra arrêtera le piano.
- Excusez-moi ? tentais-je.
- On ne peut pas lui demander de faire ce genre de sacrifice, elle n'y peut rien, poursuit l'homme.
- Tout le monde doit faire des sacrifices dans ce genre de situation ! Même une enfant de 17 ans, réponds la femme en campant sur sa position.
- Excusez-moi de vous déranger, où puis-je trouver Alexandra Barringer ? Vous avez l'air de la connaître plutôt bien alors... commençais-je.
L'homme soupire et tourne sa tête vers la fenêtre.
- Ca ne me fait pas plus plaisir qu'à toi de devoir faire ça Isaac, ajoute Sofia.
- Dites, ça vous dérangerai de me répondre ? demandais-je.
Soudain je me rappelle d'une chose. Quand je suis morte, j'ai parlé aux deux personnes qui m'avaient renversée. Elles ne me voyaient pas, elles n'entendaient pas ce que je disais. De toute évidence, il en est de même pour Sofia et Isaac. Mais que se passera-t-il si Alexandra ne me voit pas non plus ?
Être morte n'est pas de tout repos. Enfin, je dois trouver à tout prix cette Alexandra.
Je tourne les talons, quitte cette cuisine lugubre et repars vers le couloir d'entrée. A ma gauche je remarque alors un escalier auquel je n'avais pas prêté attention jusqu'alors. N'ayant rien à perdre, je commence à en gravir les marches. Un point positif : je ne traverse pas les marches. C'est déjà ça. Une fois sur le microscopique palier, je regarde les trois portes, une sur chaque pan de mur. Haussant les épaules, je me dirige vers la première à ma droite et la traverse.
L'apocalypse décorative fait son grand retour. Des carrelages d'un rose soutenu recouvrent les murs jusqu'au plafond. Le sol est en carrelages crèmes fendillés par endroits. La baignoire est du même rose criard passé de mode depuis 30 ans que les murs. Quant à la douche elle n'est pas en reste avec sa magnifique couleur devant être à l'origine caramel mais qui est maintenant plus proche de la couleur « diarrhée ». Je ressors aussitôt en tentant d'oublier le plus rapidement possible cette décoration apocalyptique et de ne pas en faire des cauchemars.
Je traverse la porte suivante et arrive dans une pièce plutôt spacieuse où trône un lit deux places. Surement la chambre des parents d'Alexandra. Encore une fois, la décoration est digne de l'idée que je me fais d'un film d'horreur : la tapisserie présente d'immenses fleurs roses. Je ressors rapidement, j'ai l'impression que mes yeux sont agressés par cette simple vision.
Je traverse la troisième et dernière porte de l'étage. Je me retrouve face à un lit sur lequel est allongée une jeune fille à frange aux cheveux d'un noir brillant. Elle se cache le visage derrière un magazine.
- Bonjour ! dis-je. Tu es Alexandra Barringer, je suppose ?
Bonjour, bonsoir,
Voici le second chapitre de ma nouvelle fiction. J'espère que ça vous plaît, et si jamais vous avez des remarques, des conseils, des critiques, n'hésitez pas à m'en faire part. On peut toujours s'améliorer car rien n'est parfait.
A tantôt,
Raven.

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Fallen Angel - Tome I : Amanda
Chick-LitMa vie était parfaite. Moi, Amanda Blackfields, charmante blonde de 24 ans, avais tout ce que je pouvais désirer : un bon travail, un petit ami superbe, une position sociale avantageuse, des excellentes amies, un chat adorable et un appartement de r...