XI

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Je regarde par la fenêtre du bus où défilent des maisons toujours plus sinistres. On s'enfonce dans la banlieue, il n'y a pas de doute.

A cet instant précis, je réalise que je donnerais n'importe quoi pour ne pas être morte et pour pouvoir repartir à Los Angeles. Je suis désolée, mais je ne comprends pas comment certaines personnes font pour vivre dans des trous à rats comme ici et où, comme si ce n'était pas suffisant, il ne fait que pleuvoir. La Californie me manque.

Je réalise soudain que je suis arrivée dans la rue où vit Alexandra. Je me précipite vers la porte où attends une vieille femme chargée de sacs de courses. Quand la voix désarticulée annonce le nom de l'arrêt et que les portes s'ouvrent, je me précipite dehors.

J'atterris pile dans une flaque d'eau. Génial. J'inspire profondément, il faut que j'arrive à ne pas m'énerver. Je commence alors à marcher vers la maison des Barringer. Mes talons aiguilles me font souffrir de plus en plus. Si je m'écoutais, je les retirerai pour marcher à pieds nus. Mais non, il ne faut pas, ce n'est pas très classe pour une jeune femme bien élevée.

J'aperçois enfin la maison d'Alexandra et je presse le pas. Plus vite je serai à l'abri, mieux ce sera. Dans ma précipitation, je me tords la cheville. Parfait, il ne manquait plus que ça. C'est donc en boitillant que je gagne la porte de leur maison et que je la traverse.

La décoration me brûle toujours les yeux mais au moins, je suis au chaud. Je dois avouer qu'ils n'ont pas lésiné sur le chauffage mais en même temps c'est normal quand on vit quasiment au Pôle Nord.

Je grimpe l'escalier le plus rapidement possible vu l'état dans lequel je suis. Je traverse la porte de la chambre d'Alexandra et la voit allongée sur son lit.

- Je suis de retour ! annonçais-je triomphalement. Tu pourrais vraiment me remercier parce que ça n'a pas été toujours très faci...

- T'as fait que ton travail, me répond-t-elle avant de se retourner vers moi.

Et là, elle se met à éclater de rire.

- Qu'est-ce que tu as encore ? demandais-je.

Sans réussir à arrêter son fou rire, elle me fait signe de regarder vers le miroir qui se trouve juste derrière moi. Je me retourne et ce que je vois ne me fait pas rire du tout.

Je suis toute décoiffée, on dirait presque que mes cheveux sont emmêlés tellement c'est catastrophique. Mon maquillage si soigneux a coulé avec toute la pluie que j'ai reçue en plein visage. J'ai désormais des traînées de mascara qui descendent jusque sur mes joues. Je ne ressemble plus à rien. Si je n'étais pas déjà morte, j'aurai dit que ma vie était finie.

Désespérée par mon allure, je me laisse tomber par terre et entreprend de retirer mes escarpins. Je ressemble déjà à une sorcière, je ne suis plus à ça prêt.

En fait, si j'étais toute seule, j'aurai sans doute fondu en larme.

Soudain, un tissu me tombe sur la tête. Ou plutôt, me traverse. C'est une serviette. Je me retourne vers Alexandra, prête à râler et à lui demander pourquoi donc elle me balance ces cochonneries en pleine figure.

- C'est pour te sécher. Me remercie pas surtout.

J'ouvre la bouche pour répliquer qu'il serait plus aimable de ne pas me lancer ce genre de chose en pleine figure, mais je me ravise. Après tout, je pense qu'elle voulait bien faire. Je m'apprête donc à lancer un discret « merci » quand je me ravise, réalisant qu'elle ne le mérite sans doute pas.

Fallen Angel - Tome I : AmandaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant