Fallen Angel - Tome I : Amanda

V

A contre cœur, je m'engage dans la petite allée en gravillon de leur maison avant de traverser la porte d'entrée puis de monter directement à l'étage vers la chambre d'Alexandra. Une fois sur le palier, j'hésite. Elle va sans doute penser que je n'ai pas assez de force de caractère pour vraiment partir. Bien, faisons comme si de rien n'était.

Je traverse la porte et avant même d'avoir pu signaler ma présence, Alexandra m'invective en affichant un sourire narquois :

- Tiens donc, t'es revenue ? Je pensais que tu en avais marre de moi et de mes remarques.

Je pince les lèvres et m'efforce de garder mon calme.

- Je n'ai pas changé d'avis, mais seulement, je suis allée me renseigner un peu et il se trouve qu'il n'existe pas d'autre alternative : si je veux être une morte tranquille, je dois t'aider.

Sceptique, elle me regarde en haussant un sourcil.

- Alors, on fait une trêve ? tentais-je en lui tendant la main. Crois-moi que ça ne m'enchante pas plus que toi.

A ma grande surprise, elle soupire puis prend ma main. Encore une surprise, elle arrive à la saisir sans que je la traverse. Cependant, Alexandra grimace à ce contact.

- Beurk, t'es glacée, fait-elle remarquer.

- Je suis morte je te rappelle !

Elle hausse les épaules et se replonge dans les partitions étalées un peu partout sur son bureau. Faisant un colossal effort sur moi-même, je lui demande :

- Tu ne veux pas me parler un peu de toi ? Si je dois t'aider, ce serai bien que je te connaisse un minimum.

- Je m'appelle Alexandra Barringer, tout le monde m'appelle Sacha, j'ai 17 ans et j'habite à Liverpool. Des questions ? Et je t'ai déjà dit que je n'avais pas besoin de ton aide, je m'en tire très bien toute seule.

Je soupire ostensiblement pour qu'elle comprenne que son attitude ne me plaît pas du tout. J'essaie de l'aider et de faire de mon mieux pour m'intéresser un minimum à sa misérable vie inintéressante, elle devrait me remercier à genoux.

- Et tu as des projets ? Des rêves ? Quel genre d'études veux-tu faire ? demandais-je comme si la réponse avait un quelconque intérêt pour moi.

- Je fais du piano au conservatoire de musique, du coup j'ai le droit de me présenter aux auditions pour le Royal College of Music de Londres. Je compte bien y entrer et avoir une bourse.

- Magnifique ambition, dis-je sans toutefois être convaincue. Personnellement, j'ai effectué des études dans...

- Tu m'excuseras, c'est l'heure d'aller manger, me coupe-t-elle en se levant de son siège de bureau.

Sans plus me prêter aucune attention, elle quitte la pièce en refermant calmement la porte derrière elle. Si elle a pensé ne serait-ce qu'une seule seconde que je vais la suivre, elle se trompe ! Je connais les bonnes manières moi, je ne m'invite pas à un repas si je n'y aie pas été conviée. De toute manière, je doute que dans mon état actuel je puisse avaler quoi que ce soit. Est-ce que les fantômes ont besoin de se nourrir ? Honnêtement, je ne pense pas. Je ne pourrais même pas saisir la nourriture.

Il ne me reste donc qu'à attendre ici que Mademoiselle Barringer daigne revenir. Honnêtement, je m'interroge sur les notions de bonnes manière qu'à reçue cette gamine. Elle ne sait pas se tenir, parle mal, est sans arrêt impolie envers moi et en plus de ça elle n'a aucun goût vestimentaire valable. Indéniablement, elle n'arrivera jamais à être aussi parfaite que moi.

Cela fait à peine ça 5 minutes qu'Alexandra a quitté la pièce et j'entends déjà des pas dans l'escalier. Quand la porte s'ouvre à la volée, je ne peux m'empêcher de lancer une petite pique :

- Déjà terminé de manger ? Dis donc, tu as du te goinfrer comme...

Je me stoppe immédiatement en la voyant se jeter sur son lit le visage baigné de larmes.

- Que se passe-t-il ? demandais-je gentiment et sincèrement.

Pour tenter de la réconforter un peu, je pose une main sur son épaule gauche.

- Je suis sûre que ça va rapidement s'arran...

Je suis coupée dans ma phrase par Alexandra qui se jette sur moi pour me pleurer dans les bras. Un peu décontenancée par cette soudaine vague d'affection, je prends sur moi pour ne pas la repousser immédiatement. Je suis désolée, mais si elle se tenait un peu au courant de la mode, elle saurait que les larmes peuvent abîmer les tissus fragiles. Or, ma robe est en tissu fragile. Elle a de la chance que je sois une personne adorable, je l'aurai repoussée en un rien de temps sinon.

Essayant d'être un maximum compatissante, je pose une main sur ces cheveux et les lui caresse doucement.

- Allez, ça va bien finir par s'arranger ! dis-je encourageante. Les malheurs ne durent jamais très longtemps.

- Pour toi peut-être, mais là je ne vois aucune solution, répond-t-elle en sanglotant.

- Est-ce que tu vas enfin m'ex... commençais-je. Euh je veux dire, explique-moi ce qu'il t'arrive, s'il te plaît.

- Mes parents ne peuvent plus me payer les cours au conservatoire...

- Oui, ça je le savais déjà, déclarais-je en ne me rendant compte que trop tard de mon erreur.

- Comment tu savais ça ? demande-t-elle une pointe de colère dans la voix.

- C'est-à-dire que quand je suis entrée ici pour la première fois je les aie entendus en parler...

Devançant sa question, je poursuis :

- Je ne te l'ai pas dit parce que je ne pensais pas que ça aurait de l'importance pour toi...

Avant de me rendre compte trop tard que ce n'était peut-être pas la meilleure des choses à dire.

- Pas d'importance ? Tu réalises que si je ne fais plus partie d'un conservatoire, je ne pourrai pas me présenter aux auditions pour intégrer le Royal College ? Tu te rends compte que tout ce que j'ai toujours voulu faire devient impossible ?

Je me mords la lèvre d'avoir parlé trop vite. Ça m'apprendra à parler sans beaucoup réfléchir avant.

Alexandra s'écarte de moi. Elle a une lueur étrange dans le regard.

- Je crois que maintenant tu connais ta mission.

Bonjour, bonsoir tout le monde.

Je tiens à dire merci à chaque personne qui a lu ce roman. Oui, ça fait seulement 5 chapitres, un peu tôt pour des remerciements peut-être (quoique ce n'est jamais vraiment trop tôt), mais vous êtes (pour moi) déjà un nombre impressionnant de lecteurs. Alors juste, merci !

A très bientôt,

Raven.