Chapitre 10

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Nous étions deux. Face à face. Nos regards mêlés, nos mains enlacées, nos âmes liées. Il m'envoûtait de ses mots doux et je mordais à l'hameçon. M'abandonnais à la tentation. L'instant durait et nous étions comme figés. Figés, l'un par l'autre. Figés, l'un pour l'autre. La pièce était totalement blanche, seuls nos vêtements étaient colorés. J'étais de bleu ciel et lui de bleu foncé. Nous étions assis autour d'une table, seul meuble présent. Ce blanc éclatant qui nous entourait nous envahissait petit à petit. Immergés dans un autre monde. Submergés par celui-ci. Nous nous levions à l'unisson, rythmés par le tempo de nos fougueuses actions. On se rapprochait, nez à nez, peau contre peau. Nous étions tout près, très près. On n'osait croiser nos regards. Encore plus près... Plus près, nos lèvres se frôlaient, et...

- OH MON DIEU ! Oh mon Dieu ! Non, non, non, non...!

Je basculai, enroulée en verre de terre dans ma couette, et atterris sur le sol. Avec une douleur à la nuque, je tentai de me défaire de mon cocon de nuit, tout en me répétant ces mêmes mots, un millionième de fois. Je ne pouvais pas y croire.

- C'est impossible... ne me dis pas que... Sylla ?.... NON !

Et je fus prise de folie. Je bougeai dans tous les sens, fis des tours dans ma chambre, les mains sur le crâne. Puis j'entrai en trombe dans la salle de bain pour me passer de l'eau sur le visage. J'en ressortis, l'eau dégoulinante sur ma peau, ne prenant pas la peine de me sécher.

La situation était capitale. Capitalement-fondamentalement-incontournablement-inévitablement-inoubliablement-importante. Importante dans le sens évidemment-sentimentalement-considérable !

Je me jetai sur mon lit et criai un bon coup dans mon oreiller. Car oui, c'était si grave que ça, même si ma réaction fut légèrement excessive. J'avais rêvé que...moi et....enfin...qu'avec Sylla on était, faisait...enfin bref : j'ai rêvé d'un garçon. Non, mieux encore, de mon ami. C'était la première fois, mais il ne fallait absolument pas que ça se reproduise. Et si jamais j'en développais une attirance quelconque pour lui, ou même des sentiments. Et si jamais c'en devenait un signe, comme un lapsus révélateur ? Ce serait totalement démesuré ! J'accumulerai un énième "problème". Et c'est valable pour n'importe qui d'autre d'ailleurs. Je m'y refusais de manière intransigeante. Je ne voulais pas me prendre la tête, peu importe l'Apollon qui se présenterai. C'est clair et net. Comme si j'avais une tête à être en couple ou même juste à être amoureuse. Pff, n'importe quoi...

Et je ne voulais pas non plus gâcher une amitié. Oui, c'est cliché, mais si ç'en est devenu un, c'est bien qu'il y a une part de vérité, n'est-ce pas ?

Il fallait que je souffle un bon coup et reprenne mes esprits. Je m'étais emportée bien loin. Trop loin. Ca ne valait pas la peine d'en faire tout un fromage, tout de même.

Respire, ce n'était qu'un simple rêve, ton subconscient te joue des tours. Rien de plus.

Ma crise de nerf fut interrompu pas les cris de ma mère.

- Ryna ! Ryyyyynaaaa ! RYNA ! Tu vas être en retard ! Accélère !

Et c'est reparti.

Je fus prête en deux temps, trois mouvements, comme à mon habitude. Arrivée au lycée pile à l'heure, je saluai Ethan. Mais lorsque le tour de Sylla arriva, je fus figée pendant quelques secondes avant de me frotter les yeux un bon coup. Je nous revoyais en pleine romance, son visage presque collé au mien. Cet instant repoussant et à la fois plein de charme. C'était définitivement le pire rêve de tous ceux que j'avais déjà fait ! Lorsque je relevais les yeux, il me dévisageait affreusement.

- J'avais une poussière dans l'œil....répliquai-je d'une petite voix à sa face interloquée.

La journée commençait terriblement bien.

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 17, 2017 ⏰

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