Chapitre 44.

746 38 0
                                    

Ariana n'aurait pas fuie simplement à cause d'une petite blague de mauvais goût de ma part. C'est insensé. Mais alors, où est-elle ? J'essaye avec mal de me rassurer en l'imaginant se moquer de me voir m'inquiéter, planquée dans un coin. Elle en serait tout à fait capable.

-Ariana ? crié-je, avec le vif espoir d'entendre une réponse.

Mais rien. Seule la présence d'un lourd silence étouffant succède mon appel. Je ne peux contenir mon angoisse face à sa possible disparition. Bon sang, où est-elle ?

-Ariana ? tenté-je, de nouveau.

Cette tentative est alors un échec car rien ne vient y répondre. Je commence à imaginer une série de scénarios, plus inquiétants les uns que les autres. Je secoue la tête, et essaie de me concentrer afin de comprendre par moi-même la situation. Ariana n'est pas dans sa chambre, elle n'est pas dans le salon et sans doute pas dans ma chambre. J'entreprends de fouiller dans chacune des pièces de la maison avec l'espoir assouvi qu'elle se trouvera dans l'une d'elles. Je viens de vérifier la globalité des pièces composant l'habitat et Ariana est introuvable. C'est impossible, elle n'a pas pu disparaître sans laisser de trace. Pourquoi ? Je ne comprends pas.
Mon coeur se serre à mesure que le temps défile, imaginant son corps étendu quelque part dans une ruelle. Le souvenir de la nuit où je l'ai trouvée me vient avec vivacité. Je refuse de l'imaginer dans cet état.

Pris d'un élan de détermination et d'espoir, je me dirige vers l'extérieur de la maison et avance en direction de ma voiture. Là, mon esprit ne fait qu'un: quel serait l'endroit où Ariana irait, seule, dans la nuit ? Si elle s'est enfuie en solitaire, c'est sans doute afin de se retrouver avec elle-même; me dis-je. Et où est-ce que j'irai pour être seul et me ressourcer ? La réponse jailli dans mon esprit avec évidence.

Arrivé sur les lieux, je sors avec impatience de ma voiture. Le rythme saccadé de mon pouls reflète l'espoir que j'éprouve lorsque je monte à l'intérieur du bâtiment délaissé. Je ne peux me contenir, la pression est trop forte. Ma main posée sous la trappe, j'inspire une bouffée d'air, puis d'un geste, la soulève. Aucune lumière, une obscurité aveuglante et un silence sourd. Je traverse l'ouverture de la trappe et m'enfonce dans cette noirceur. Debout, je n'ose pas bouger. Ma vue commence légèrement à s'habituer à l'obscurité environnante. Mon regard circule autour de moi lorsque soudain, quelque chose attire mon attention. Une silhouette se dessine sur le balcon du bâtiment, je la vois à travers la porte laissée ouverte. Doucement, mais avec impatience, je m'avance vers le balcon. La silhouette est petite et est accoudé au bord du balcon, à admirer les premières étoiles de la nuit froide. Soudain, je me dévoilai sur le balcon, et aussitôt la silhouette égarée sentie ma présence et se retourna.

-Vous êtes qui ! s'écrie la voix singulière d'Ariana.

-C'est moi, Dereck. répondis-je, avec calme et une infime joie que je n'essaie pas de cacher.

Je ne peux voir son doux visage dans la pénombre de la nuit, mais je sais qu'alors, elle sourit.

-Comment est-ce que tu m'as retrouvée ? s'enquit-elle, le ton légèrement soulagé maintenant.

-Disons que j'étais seulement déterminé à te trouver. rétorqué-je, mêlé d'un sourire qu'elle ne peut même pas voir.

Elle glousse, frotte ses mains contre ses bras et semble frissonner.

-Ça te dit, on rentre maintenant ? proposé-je, sachant pertinemment qu'elle grelotte.

-Je te suis.

*

Finalement rentrés à la maison, j'ai finis par lui céder ma veste durant le trajet. Nous sommes maintenant dans le salon, installés dans le canapé. Ariana boit une tasse de thé chaud que je lui ai préparé tandis que je la fixe, d'un air circonspect.

-Tu vas me fixer encore longtemps ? s'enquit-elle, alors.

-En fait, j'attends une explication. répondis-je, d'un ton ferme mais sans froideur.

-Par rapport à ma petite virée en solitaire ?

J'acquiesce, un léger sentiment de colère mêlé à mon inquiétude m'envahissant.

-J'avais besoin d'être seule, pour réfléchir. rétorque-t-elle, avec simplicité.

-Réfléchir ? Donc ça n'avait rien à voir avec ma blague de toute à l'heure ? demandé-je.

Ariana semble légèrement surprise de ma question.

-Non, je ne me serai pas mise dans cet état pour une simple blague, qui d'ailleurs, est de mauvais goût. répondit-elle, avec évidence.

Je la regarde un moment, tandis qu'elle boit une gorgée de thé, essayant de comprendre son être. À propos de quoi avait-elle besoin de réfléchir ? J'aimerai le lui demander, mais je pense qu'elle a le droit d'avoir des secrets.

-Ne me fais plus jamais ça. dis-je, d'un ton calme mais menaçant.

Ariana pose son regard sur moi, me fixe un instant et souris.

-Dereck Hadison s'est inquiété. J'avoue être flattée de cet honneur. rétorque-t-elle, dans un gloussement moqueur.

-La ferme. dis-je, d'un ton dure.

-Ah ah ! Ça sent le non-assumage tout ça ! fit-elle, mêlé d'un sourire s'agrandissant au fil des secondes.

-Tais-toi, vielle tête va. répliqué-je, en me levant du canapé.

-Sale moche va. rétorque-t-elle, avant que je ne disparaisse à l'étage.

*

Une dizaine de minutes plus tard, je redescends, me souvenant du rendez-vous avec les gars pour parler. Je me chausse, enfile ma veste et m'empare de mes clés. Je jete un coup d'oeil en direction du salon et m'aperçois avec contentement qu'Ariana y est présente. Son corps endormi et étendu sur le canapé, se soulevant légèrement au rythme de sa respiration. Cette vision m'apaise. Je pars de la maison, m'enfonce dans ma voiture et roule en direction de chez Mat'.

Arrivé avec environ trois quarts d'heures de retard par rapport à l'heure fixée, je m'excuse auprès des gars lorsque je fais mon apparition.

-Vraiment désolé les mecs, j'ai du m'occuper de quelque chose d'urgent et ça m'a prit du temps. dis-je, tout en les saluant.

-C'est pas grave, tu es là, c'est tranquille. répondit Yoan.

-Bon, vieux, on doit parler sérieusement là. déclara Mat', d'un ton solennel.

-Tu me fais peur vieux, de quoi on doit parler ? m'enquis-je, pris d'angoisse.

-De toi. réplique-t-il, d'un ton grave.

chasse gardée.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant