chasse gardée.

Chapitre 35.

Je baisse mon regard vers la personne que je viens de percuter et me rends soudain compte qu'il s'agit d'Ariana. Ariana ? Qu'est-ce que elle fait ici ?

-Ar.. Ariana ? bredouillé-je.

-Comment ça va ? Tu t'amuses bien ? fit-elle, avec un sourire.

-Je ne suis pas venu pour la fête mais toi, qu'est-ce que tu fais là ? m'enquis-je, étonné et quelque peu inquiet.

-Ah oui ? Qu'est-ce que tu es venu faire ici alors ? J'ai été invitée, figure toi.

-Un ami ivre a besoin de quelqu'un pour le ramener, j'étais disponible. Tu connais le type qui vit ici ? demandé-je, perplexe.

-Ben, il s'appelle Ben. Et oui, c'est un bon ami à moi. Je me suis dis que ça valait le coup de venir si c'était chez quelqu'un que je connaissais et puis j'ai envie de m'amuser en ce moment. 

-Je sais comment il s'appelle, je le connais aussi. Tu as bu ? On t'a proposé un verre ? m'enquis-je, soudain.

-Quoi ? Evidemment, je veux dire, on est à une fête Dereck.

-Combien de verres ?

-En quoi ça te regarde ? Je suis autonome, si j'ai envie de boire dix verres, je le fais, d'accord ? réplique-t-elle, agacée.

-Je m'inquiète bordel ! Je pense que tu sais mieux que moi qu'il peut arriver beaucoup de choses lors d'une soirée donc, combien de verres ? fis-je, très sérieux.

Elle me fixe un instant, l'air hésitant. Elle soupire puis bois la dernière gorgée d'un verre qu'elle avait à la main et que je n'avais pas remarqué jusqu'alors.

-Cinq.

Satisfait, mais irrité malgré tout qu'elle ait bu autant, je m'empare de son verre et le pose sur une table.

-Désolé, vraiment, mais je te vois à la soirée d'un petit.. de Ben et je...

-Ne t'inquiète pas, ça va. J'ai pigé. fit-elle, simplement, avec un sourire.

Je me masse la nuque et lâche un sourire aussi. Puis, sans que je ne m'y attende, Ariana s'empare de ma main et m'entraîne jusqu'au centre de la piste de danse. Elle commence à se déhancher et à faire virevolter sa chevelure propre à elle-même au rythme de la musique. Je me mets également à me déhancher. Je me sens ridicule. Soudain, Ariana s'empare de mes mains et me force à la faire tourbillonner. Ses cheveux mêlés de bleu, noir et gris font d'elle une personne à part. Elle est époustouflante. Je garde mon regard posé sur elle, sur son sourire. Elle s'amuse, elle est heureuse et rien que cela réussit à me faire sourire. Un vrai sourire. La musique pop se change en une belle et douce mélodie. Je prends le contrôle de la danse et décide de la rapprocher de moi. Elle hésite un instant puis place ses mains autour de mon coup, quoique un peu haut pour elle. Je pose mes mains de manière chaste sur sa taille et nous nous laissons bercer au rythme doux de la musique. Je baisse mon regard et rencontre soudain le sien. Elle m'adresse un sourire et, en un mouvement, monte sur la pointe des pieds et me donne un baiser sur la joue. Elle se détache ensuite de notre étreinte et s'empare une nouvelle fois de ma main afin de me conduire vers le coin des coussins. Nous nous installons sur les fauteuils vides et je me rends soudain compte de la raison de ma venue ici.

-Merde. Yoan.

-Quoi ? s'enquit Ariana, ignorante.

-Mon ami, je dois le ramener avant qu'il ne fasse une connerie. dis-je.

-D'accord, on peut aller voir à l'étage d'abord.

J'acquiesce et me relève, suivis d'Ariana. Nous montons jusqu'à l'étage où doit sûrement se trouver un couple en pleine action dans chacune de ces pièces. Je pousse la première porte et suis surpris de n'y voir personne. Je referme celle-ci et passe à la suivante qui renferme cette fois-ci, un couple... en pleine action. Je referme la porte et m'apprête à pousser la troisième lorsque Ariana s'enquit.

-Pourquoi il y a toujours des couples qui baisent pendant les soirées ?

Je la regarde, perplexe par sa question.

-Hum.. Et bien, c'est-à-dire que l'alcool fait faire beaucoup de choses et s'ajoute à cela les hormones déjà présents, c'est irrévocable.

-Oh, d'accord.

Je pousse donc la troisième porte et tombe nez à nez avec une fille en train de pleurer. Oh, pourquoi...

-Ferme la porte ! crie-t-elle, mêlé aux larmes.

Je ne cherche pas plus loin et obéis. Je soupire d'exaspération et m'attaque à la pièce suivante. Je m'apprête à tourner la poignet lorsqu'une voix s'élève dans mon dos.

-Dereckounet ! C'est Dereckounet ! Il est venu ! s'esclaffe Yoan, s'appuyant à la barre d'escalier pour pouvoir me rejoindre.

-Oh putain de merde. Yoan, tu vas en chier demain. le prévenai-je.

-Oh, toi, tu as besoin de te détendre ! dit Yoan, tout en s'avançant avec peine jusqu'à ma hauteur. Tu veux un verre ? Oh ! Qui c'est ? s'écrie-t-il, en s'apercevant de la présence d'Ariana.

-Yoan, on va rentrer. Aller viens, j'ai garé ma voiture devant. répliqué-je, afin de garder l'identité d'Ariana secrète en espérant qu'il ne se souviendra pas d'elle demain.

-Je m'appelle Ar.. commence Ariana.

-Non, rien. Je t'expliquerai, ne dis rien. essayé-je, suppliant.

Je m'empare d'un des bras de Yoan et le passe au dessus du mien afin de le soutenir et jette un énième regard de supplication à Ariana. Celle-ci m'adresse un regard d'incompréhension mais décide de ne pas chercher plus loin et m'aide à porter Yoan jusqu'en bas. Arrivé au rez-de-chaussée, nous passons la porte d'entrée et traversons le jardin afin d'arriver sur la route.

-Par là. indiqué-je.

Nous marchons jusqu'à la voiture et déposons, de manière grotesque, Yoan sur la banquette arrière puis nous installons à l'avant. J'enclenche les clés et démarre. Un silence, uniquement brisé par les ronflements de Yoan, règne dans la voiture.

-Je peux savoir pourquoi ? s'enquit soudain Ariana.

-Pourquoi je n'ai pas voulu qu'il sache ton nom ? demandé-je, sachant déjà la réponse.

Elle acquiesce.

-Tu vas peut-être trouver ça étrange mais je ne veux pas que tu les fréquentes ou qu'ils te fréquentent. Ils ne sont pas assez bien, si je peux dire, pour que tu les connaisses. Ils ne sont pas le genre de personnes que tu aimerais connaître, j'en suis sûr.

-Tu veux dire qu'ils ne sont pas comme toi ? fit-elle.

-Je ne sais pas. Il n'y a pas si longtemps, j'avais les mêmes envies et ambitions qu'eux dans ma vie puis..

-Puis quoi ? s'enquit-elle.

-Puis, je t'ai rencontré. terminé-je, sincère.