Chapitre 37.

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Ariana baisse son regard vers son assiette déjà entamée. Elle reste silencieuse un instant avant de me répondre.

-C'est embarrassant.

-Tu peux tout me dire. la rassuré-je.

-Très bien.

elle inspire, puis continue.

-Avant la nuit où... tu m'as sauvée, je vivais avec mon père. Il a un viel appartement en ville. Il avait beaucoup de mal à payer les factures, et à entretenir nos besoins. Il voulait que je trouve un travail pour que j'aide aussi mais je n'ai rien trouvé. Ensuite, après la soirée où ça s'est passé, mon père a cru que j'étais partie ou qu'il m'était arrivé quelque chose. Il ne s'était pas inquiété. Je suis retourné à son appartement mais il avait rencontré quelqu'un et il m'a dit qu'il arrivait enfin à boucler les fins de mois. Il disait que je ne servais qu'à lui faire gaspiller son argent, que je ferai mieux de partir car de toute manière, je n'étais qu'une droguée qui allait rater sa vie. Il m'a laisser une demi-heure pour prendre le peu d'affaires que j'avais et m'a dit de ne plus jamais revenir.

Je regarde avec peine la petite personne tourmentée se tenant devant moi et ne peux m'empêcher d'éprouver un dur sentiment de haine envers cet homme qu'elle appelle son père. Comment peut-on faire ça à son enfant ? Je ne comprends pas.

-Ariana... commencé-je.

-Je vais bien, ne t'inquiète pas. Seulement, ça fait plus de cinq jours que je traîne dans la ville ou que je squatte chez des amis et je ne pense pas pouvoir continuer comme ça. 

-Tu es chez toi ici, restes autant de temps que tu le souhaites. déclaré-je.

Elle me regarde et m'adresse un sourire.

-Je ne pourrai jamais assez te remercier pour ce que tu fais pour moi.

-Ne fais rien de dangereux qui pourrait mettre ta vie en danger et ta dette sera remboursée. dis-je, avec un sourire mais sérieux.

-Si ce n'est que ça, alors d'accord. fit-elle, avec un sourire.

Elle se tourne pour me servir mon café enfin prêt et nous finissons tranquillement notre petit déjeuner.

*

-Ariana, je dois aller quelque part. Tu restes prêts du téléphone fixe au cas où, d'accord ? Je rentrerai vers 18h. dis-je, tout en enfilant ma veste.

-D'accord, où tu vas ? demande-t-elle.

J'hésite un instant à le lui dire. Elle s'est ouverte à moi ce matin, pourquoi ne ferai-je pas de même ?

-Je vais chez un pote, passer un moment entre gars. mentis-je, malgré moi.

-Oh, d'accord. Amuses-toi bien dans ce cas. fit-elle, avec un sourire.

Je lui souris en retour et m'empare des clés avant de passer le seuil de la porte. Aussitôt, un sentiment de culpabilité m'envahit. Pourquoi ne puis-je pas juste lui dire que je vais voir ma soeur à l'hôpital ? Je ne sais pas.

*

Une fois arrivé à l'hôpital, j'y retrouve ma mère déjà présente aux côtés de Sia. Sia qui n'a pas changé depuis ma dernière visite. Cela m'inquiète de la voir dans cet état, même si les médecins sont favorables pour son cas. Je l'embrasse tendrement sur le front, m'installe de l'autre côté de son lit et elle me prend la main tout en m'adressant un de ses beaux sourires.

-Tu n'as rien à me dire, petit frère ? s'enquit Sia, l'air de savoir des choses.

-Hum, je devrais ? 

-Maman m'a parlé d'une certaine... Ariane, c'est ça ? fit-elle, en direction de notre mère.

-Je crois que c'était plutôt Ariana, si mes souvenirs sont bons. 

-Ariana, voilà. Donc, Dereck, qu'as-tu à me dire ? reprend-t-elle, avec un sourire mesquin.

-Que devrais-je te dire ? J'ai invité une amie à dormir une nuit à la maison, ce n'est pas étonnant.

-Une amie ? répète Sia. D'habitude, tu utilises plutôt le mot " fille " pour désigner les personnes de sexes féminins que tu ramènes chez nous.

-Je ne veux pas parler de ça, et puis, ce n'est pas parce que tu es en position d'avoir tout à tes pieds que tu dois t'immiscer dans ma vie. Parlons plutôt d'autre chose. insisté-je.

-Tu veux savoir ce que j'ai mangé à midi peut-être ? fit-elle, avec ironie.

-Non, ça va aller. répliqué-je, avec un sourire malgré moi. Dis moi plutôt ce que tu voudrais pour ton anniversaire. 

-Oui, bonne idée. intervient ma mère. Avec tout ce qui se passe en ce moment, nous avons oublié de parler de ton anniversaire.

-Oh, vous n'êtes pas obligés de faire quoique ce soit. J'ai seulement envie d'être auprès des gens que j'aime, vous savez. dit-elle, d'un air humble mais sentimental.

-Non, tu as le droit d'avoir un anniversaire digne de ce nom. dit ma mère. Souhaites-tu que nous le fassions dans une salle ou préfères-tu...

-Non, pas de salle. Pourquoi pas simplement chez nous ? En comité ? répond Sia.

-Et qui comptes-tu inviter ? m'enquis-je.

-La famille proche, et puis, tu pourrais inviter cette fameuse Ariana. Ce serait un bon moyen pour que je la rencontre. dit-elle, avec un sourire malicieux.

Je lève les yeux au ciel face à son attitude mais ne peux m'empêcher de sourire et d'accepter.

-Formidable ! fait ma mère. Je me chargerai du buffet et du gâteau.

-Attends un instant. fis-je. Est-ce que les médecins accepteront de te laisser sortir ? Je veux dire, tu as besoin de toutes ces choses non ? demandé-je, en indiquant les machines autour d'elle.

-Je suppose qu'ils ne verront pas d'inconvenient, et puis ils pourront amener ces machines à la maison. Je n'ai besoin que d'une véritablement.

-Bon, et bien on fait ça alors.

*

Je me trouve face à une satanée machine et me rends compte que celle-ci est en panne et que je viens d'investir pour rien lorsque le médecin de ma soeur, que je reconnais à sa tête, marche en ma direction. Il s'arrête à côté de moi et je comprends vite qu'il ne va pas m'annoncer le menu du jour.

-Vous êtes bien le frère de Mlle.Hadisson ? Je suis son médecin. fit-il, en me tendant une main.

-En effet, c'est moi. Je sais qui vous êtes. répondis-je, en lui serrant la main.

-Bien, Mr.Hadisson, j'ai à vous parler. déclare-t-il, en m'indiquant deux sièges placés à proximité.

Nous nous asseyons et je ne peux m'empêcher de penser au pire. De quoi va-t-il me parler ? De Sia ? Va-t-il me dire qu'elle n'en a plus pour longtemps ? 

-Tout d'abord, soyez sans crainte, votre soeur va bien. fit-il, me soulageant plus qu'il ne le pense.

-De quoi voulez-vous me parler dans ce cas ? m'enquis-je, intrigué.

-C'est à propos d'une ancienne patiente que vous avez amenée ici une fois.

Il sort de la poche de sa blouse un carnet et regarde rapidement à l'intérieur.

-Est-ce que le prénom " Ariana " vous dit quelque chose ? s'enquit-il, en relevant la tête de son carnet.

chasse gardée.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant