Elle commence à fermer délicatement les yeux et à se rapprocher lorsque soudain, un bruit singulier attire notre attention. Je me relève aussitôt et ai à peine le temps de voir arriver l'autre fou au visage rouge de colère foncer sur moi.
-Encore toi ! s'écrie-t-il, en appuyant sur le " toi " avec colère.
-Oh oh. dis-je, dans un murmure.
-Qu'est-ce qu'il ce passe ? demande Jessica, en se relevant sur ses coudes.
Je n'ai pas le temps de formuler une réponse que le gars de la rousse gagne des mètres. Je pique un sprint en direction du hall du bahut et croise au passage Clarrisse. Elle m'adresse un regard d'incompréhension mais je ne lui prête pas attention et continue ma course poursuite vers le premier étage. Je monte les escaliers de quatre en quatre et arrive bientôt au deuxième étage. Soudain, un ascenseur apparaît dans ma ligne de vision. Je m'y engouffre, appuie avec le doigt sur le bouton du bas et relève la tête juste à temps pour voir apparaître le visage déformé par l'effort du gars.
Un profond sentiment de soulagement s'empare de moi au moment où les portes se referment. Cependant, je sens que le fou sera en train de m'attendre en bas, à moins qu'il ne pense que je monte au troisième étage. Je décide de continuer de descendre. Avec un peu de chance, je réussirai à lui échapper si je suis assez rapide. Mais il me faudrait une diversion pour l'occuper au moment où les portes s'ouvriront. Je recule dans la cabine et me cogne contre un chariot remplis de produits ménagers. Sans doute appartient-il aux femmes de ménages. Il tombe à point, me dis-je. Je l'empoigne par le manche et me tiens prêt devant les portes de l'ascenseur.
Une sonnette retenti, indiquant l'ouverture des portes. Un hurlement féroce semble venir de l'autre bout du couloir. Je prends mon élan et à l'instant où je croise mon poursuiveur, le chariot le plaque en plein dans le torse. Il tombe en arrière et me laisse juste assez de temps pour m'éclipser. Je pousse chaque personne se trouvant sur mon chemin et ne prête pas attention à leur insultes. Je cours dans les couloirs bondés et pris d'instinct, pousse une porte au hasard et m'y engouffre. Je sens mon coeur cogner contre ma poitrine à cause de l'adrénaline. Je ne remarque pas tout de suite que la pièce dans laquelle je suis entré est quasiment dans le noir complet mise à part un minuscule bouton lumineux rouge. J'appuie dessus avec l'index et aussitôt, une faible lampe illumine la pièce qui se trouve être beaucoup plus petite que je ne croyais. Je ne trouve pas les mots en comprenant qu'il s'agit d'une pièce pour développer les photos. Des bacs sont posés sur une planche qui, elle-même est tenue de deux gros cartons. A l'intérieur de ces bacs, se trouve des pages totalement blanches plongées dans ce qu'il me semble être de l'eau. Mais avec la petite lampe en guise de lumière, il met difficile de bien voir. Je lève la tête et tombe sur des dizaines de photos, attachées par des pinces à une longue corde accrochée à chaque extrémité de la pièce. Mon regard se pose sur l'une d'entres elles particulièrement. Une jeune fille lisant un livre assise contre un muret y est représentée. Elle porte des lunettes et a les cheveux bruns. Je me rends compte finalement qu'il s'agit de Jessica. Elle porte des lunettes elle, maintenant ? Je me demande ensuite pourquoi est-ce qu'on l'a prise en photo et surtout qui. Je sens un vibrement dans ma poche et y retire mon téléphone. C'est Yoan.
-Ouais, qu'est-ce qu'il y a ? dis-je.
-Ouais, t'es où là ?
-Pourquoi ? Tu as besoin d'une clope ? demandé-je, ne pouvant pas répondre à sa question.
-Non, non ça va. Faut que tu rapplique illico là vieux ! Matt est en train d'embrouiller un gars et je sens que ça va partir en couille ! On est sous le préau de..
-J'arrive. le coupé-je.
Je raccroche et fourre mon téléphone dans ma poche. Tant pis pour l'autre fou, je sors de la pièce et remarque que le couloir est désert. Je ne perds pas de temps et cours jusqu'en direction du préau. J'arrive à quelques mètres du lieu et assiste à un grand regroupement de pratiquement tout le lycée. C'est toujours comme ça lorsqu'il y a des bastons. Je me frais un chemin en poussant violement les personnes sur mon passage et arrive au premier plan de la scène. Matt donne un violent coup de poing dans la face du gars. Il s'apprête à lui donner un coup de genoux dans l'entre-jambes mais le gars se ressaisi et lui donne un coup de poing entre les côtes. Matt tombe à terre et je cours vers lui. Yoan me rejoint aussitôt et regarde si Matt va bien. Je me relève et puise dans toute ma rage pour envoyer mon poing dans la mâchoire du gars. Je tombe presque aussitôt à terre mais n'est pas inconscient. Je m'approche de lui et ne peux retenir mon pied d'aller à l'encontre de son ventre. Il gémit de douleur et resserre ses mains contre lui. Je m'apprête à lui en donner un autre lorsque je sens deux mains empoigner mes épaules. C'est Yoan.
-Lâche-moi ! Il faut que je lui règle son compte à c't'ordure. m'écrié-je, presque en hurlant.
-Non. Il en à pour un bon bout de temps avec ce que tu lui à fais. Viens, il faut emmener Matt à l'infirmerie. dit-il, d'une voix étonnement calme.
Je ne dis rien mais suis Yoan jusqu'à Matt, qui est resté à terre depuis son coup. Yoan et moi le portons en criant aux autres de s'écarter pour nous laisser passer. Heureusement, l'infirmerie n'est pas très loin. On y arrive cinq minutes plus tard.
L'infirmière pousse un petit cri en nous voyant arriver. Elle nous dit de le poser sur le lit pour les cas de ce genre mais qui n'a jamais servi et nous propose de lui raconter la cause de l'état de Matt. Yoan invente un truc parce que je ne suis pas très fort pour ça et elle gobe littéralement. Elle part s'occuper du blessé et nous laisse rester dans l'infirmerie jusqu'à qu'il aille un peu mieux.
-Comment tu as fais ? demandé-je, soudainement à Yoan.
-De quoi ? dit-il, avec un regard d'incompréhension.
-Tu es resté calme du début jusqu'à la fin, tandis que je battais à mort l'autre enculé.
-Bah tu sais, il suffit de se contrôler. Chose que tu n'arriveras jamais à faire mec. dit-il, sur le ton de l'humour.
-Ouais. dis-je, simplement. Au fait, qu'est-ce qu'il s'est passé ?
-Le gars que tu as cogné et bah c'était Parker Grint. Lui et Matt étaient amis en primaire mais ça à mal fini. Parker l'a humilié pour je ne sais plus quelle raison et depuis, ils se détestent mutuellement.
-Matt ne m'en avait jamais parlé. dis-je, en fronçant les sourcils.
-Je ne l'ai su qu'il y a deux ans et ce n'était pas important pour t'en parler. Bref, Matt l'a reconnu et tu s'est ce qu'il s'est passé ensuite. Il avait trop de rage en lui sans doute. dit-il, avec un mince sourire.
-Au moins, Parker ne viendra plus lui casser des noises.
-Ouep.
-Votre ami est en état de marcher mais il a reçu un sacré coup dans les côtes. nous annonce l'infirmière.
-Bien, merci madame. dit Yoan.
Matt sors de la salle de repos, une grimace se dessine sur son visage lorsqu'il fait le moindre geste brusque.
-Tu veux qu'on te porte vieux ? demandé-je.
-Boucle-là et ramène moi chez moi, tu veux ? Je ne suis pas un rescapé. dit-il, malgré la douleur.
-Quel couillon tu fais. dis-je, en levant les yeux au ciel.
-Il fallait que je le fasse depuis le temps. dit-il, l'air satisfait.
-Oui, et tu as bien fais. dit Yoan et lui donnant une tape dans le dos.
Il regrette aussitôt en voyant la réaction de Matt. Il ferme les yeux et inspire.
-Sale trou du cul, fais gaffe la prochaine fois. dit-il, en serrant des dents.
-J'aime l'amour qu'il y a entre nous. dit Yoan, d'un ton ironique et un grand sourire.
Je ne peux m'empêcher d'esquisser un sourire à mon tour. Matt finit par rire aussi.
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chasse gardée.
AcakDereck Hadisson ? On le connait plus généralement sous le nom du " chasseur " dans son lycée. Il n'en reste pas moins le garçon arrogant, odieux et vulgaire dont chaque enseignant a dû subir ses méfaits. Doté d'un physique d'apollon, Dereck enchaîne...