quelques mois plus tôt

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Je ne sais pas trop de quoi nous devions avoir l'air, amassés dans le premier immeuble trouvé.

Je tenais toujours ma bouteille de Heineken à moitié pleine et Liz avait les cheveux emmêlés à cause de la pluie, qui avait finit par pointer le bout de son nez.

On grelottait tout deux, tandis que Lucas s'était endormi avec une facilité déconcertante sur le tapis d'entrer.

Ça faisait plus d'une heure qu'on était là et on buvait de temps à autre une gorgée de ma bière.

Au bout d'un moment, Liz déclarait :

- J'aime bien ça.

- Quoi ? La cage d'escalier ?

- Mais non idiot ! rigolait-elle. J'aime cette soirée.

- Tu es vraiment bizarre. Mais j'aime ça.

- Tu...quoi ?

Quel idiot !

- Je ne voulais pas dire que je t'aime toi...enfin si. NON ! J'aime ton tempérament, ta façon d'être. Tu...es...différente. Tu... waouh ! Je parle trop. Ce que je veux dire, c'est que ton âme me plait.

- Donc je suis moche, me taquinait-elle.

J'aimais sa façon de détendre l'atmosphère.

- Pour ta gouverne, je ne t'aime pas non plus, rétorquait-elle sur un ton de vengeance. Et puis, quoi ? On sortirait ensemble ? On s'embrasserait ?

Elle explosait de rire.

Je ne savais vraiment pas comment le prendre.

Elle se pointait du doigt, puis me pointais du doigt ensuite.

- Nous deux, ça n'arrivera jamais. Et tu sais pourquoi ?

Elle poursuivit sans même me laisser le temps de répondre à sa question.

- Parce qu'on est trop différents ! Tu es... Tu es du genre à faire toutes les gaffes inimaginables, à te contenter d'un ami, mais tu es beaucoup mieux seul. Tu te fiches du monde... Moi, c'est tout le contraire. Je fais attention au moindre de mes mouvements, j'ai des tas d'amis, si ça peut réellement s'appeler comme ça. Et... on finirait par s'ennuyer ensembles.

Elle marquait un temps d'arrêt pour respirer.

- Ouais, on s'ennuierait. Je suis sure que ce que tu aimes, je le déteste. Et inversement. Peut-être même que je finirais par te haïr.

- Waouh ! Tu es vachement optimiste.


La porte de l'appart s'ouvrit à la volée.

Un gars chancelant, d'environ...notre âge débarquait.

Il devait rentrer de la soirée.

Il me semblais l'avoir déjà vu au lycée.

Il ne semblait pas nous remarquer et chantonnait dans sa barbe :

« Ça pourra jamais fonctionner, c'est impossible. Alors faut pas pleurer, faut... ».

Il se stoppait net à notre vu.

- Vous revenez de la fête chez Kyle vous aussi ? demandait-il à Liz.

- T'a l'air bien éméché, répliquait-elle en guise de réponse.

- Je suis Aiden, se présentait-il en s'asseyant avec nous sur les escaliers.

Les cheveux blonds d'Aiden lui tombaient dans les yeux en formant de grosses boucles.

Ses yeux verts étaient larmoyants à cause du froid et de l'alcool.

Je remarquais qu'il lui manquait une converse à son pied gauche.

Et qu'il avait laissé tomber son sweat gris à l'entrer.

- T'es pas le gars qui s'occupe de ranger les livres de la bibliothèque, au lycée ? me demandais Aiden.

J'avais rangé les livres une fois.

J'étais puni pour avoir tagué une table.

- Peut-être bien.

Aiden et Liz semblaient être du même univers.

Ils avaient beau revenir d'une fête, ils étaient toujours aussi impeccables et propres sur eux.

Ils étaient le genre de personne populaire, à qui tout est donné en un sourire ou claquement de doigt.

Leur seul choix dans la vie, c'est de savoir qui ils veulent ridiculiser.

Ce soir là, c'est moi qu'ils avaient choisis.


- Je suis raide, déclarait Aiden en détachant son regard de moi.

- Sans blague, murmurais-je.

Il me tapotait l'épaule.

- Tu peux faire le fier, je suis sure que tu n'as jamais pris une cuite !

- Je ne fume pas et ne bois pas. Jamais.

- Tu as bien raison, mec. C'est dangereux ces conneries. Je n'ai fumé qu'une fois, pour tester. Je n'ai jamais recommencé. Et c'est ma seconde cuite. La première remonte au soir même ou ma mère est morte.

- Je suis...

- Ne t'excuses pas, mec. J'ai déjà eu assez de pitié et ça remonte à cinq ans maintenant.

Et puis j'ai souriOù les histoires vivent. Découvrez maintenant