i love you

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Liz était arrivée en trombe.

Elle m'avait trouvé assis sur une balançoire, le regard figé au sol.

Elle s'était assise sur le toboggan.


-          Il va pleuvoir, viens on se casse, disait-elle.

Je serrais mes paupières jusqu'à voir des étoiles.

-         Non. Ca ne fait rien s'il pleut. J'ai besoin de souffler.

-         Drew...

-         Liz ?

On se regardait en chien de faillance. Tout deux dans l'attente que l'autre prenne la parole. Mais il était trop tard, on le savait. On était là pour ça, n'est-ce pas ?

-         Donc... c'est fini ? m'interrogeait-elle finalement.

La patience n'a jamais été son fort.

J'hésitais. J'avais envie de lui crier : NON ! RESTE. Embrassons-nous, baisons sur cette pelouse, en plein milieu de ce fichu parc qu'on a toujours haïs. Je t'aime.

Ne me laisse pas t'oublier, ne me laisse pas t'envoyer bouler. Fais-moi taire Liz.

-         C'est fini, assurais-je.

Je comprenais alors qu'il n'y aurait plus de retour en arrière possible, qu'il n'était plus temps de reculer, je poursuivais :

-         Nous deux, c'est fini. Plus d'amitié. Plus de couple. Plus de sourire en coin. Plus de blagues pourris en tout genre. Plus de discussions jusqu'à s'endormir comme des merdes tard le soir. Plus rien.

Elle ne disait rien, ne me regardais pas.

Je regardais les gouttes de pluie se déverser par centaines sur ses joues, ses cils, son nez, sa bouche.

Je la regardais et me disais : ça va me manquer.

Je me disais : pourtant il le fallait.

On était là, coincé dans ce parc merdique en pleine nuit, sous la pluie, immobile et silencieux.

Encerclés par nos pensées et par cette fin d'histoire qui nous avait rongés jusqu'à l'épuisement.

-         Tu sais, finissait-elle par lancer, je nous croyais invincibles. Différents. Je pensais qu'on n'était pas seulement un amour de jeunesse, mais un amour plein de prouesses. Et toi... on... On a tout fichu en l'air, hein ?

-         Non. Oui. C'est juste qu'on...

-         Qu'on ?

-         Liz... Je... Je suis désolé.

-         Pas autant que moi.

Elle se détournait de nouveau en soufflant son désespoir.

Je fixais les étoiles, la lune, les nuages qui en cachait la moitié.

-         La vie est tellement merdique, je soufflais.

Je voyais une esquisse de sourire se dessiner sur ses lèvres rosés par le froid hivernale.

-         Tu te souviens de la première conversation que tu m'as accordé, ou est-ce que tu étais trop bourré ?

Je prenais l'air le plus offusqué de la terre.

-         J'étais parfaitement sobre !

-         A oui ? Quel genre de personne sobre, dit que la vie est merdique à une fête ?

-         Le genre de personne sincère ?

-         Le genre de personne défoncé.

Je sentais que je souriais à mon tour. Et j'avais envie de crier. De pleurer. Et de partir en courant à la fois.

Je faisais au mieux pour ne rien laisser paraître et rester de marbre.

Je la regardais du coin de l'œil.

Elle semblait parfaitement à son aise.

Comme si nous avions la conversation la plus sensé de la terre.

J'avais froid. J'étais trempé.

-         Tout ça (je faisais un geste circulaire en nous désignant), c'est terminé.

-         C'était magnifique, murmurait-elle.


Je serrais de nouveau les paupières.

L'image de ses cheveux bruns trempés par la pluie me suit.

L'image de ses yeux trempés par les larmes me hante.

Et puis j'ai souriOù les histoires vivent. Découvrez maintenant