chapitre 26

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Ce matin, quand le soleil filtre à travers les rideaux de notre chambre d'hôtel, Aiden tourne dans son sommeil.

Je ne bouge pas d'un poil.

Je n'ai pas dormis de la nuit.

C'est la fin et je ne sais pas trop ce que je suis censé en penser.

Je pensais quand allant en Californie j'en apprendrais plus, bien plus que cela.

Je pensais qu'il me suffisait de fuir Portland pour revenir plus joyeux.

J'avais tord : j'ai envie de chialer tout le restant de mes jours.

- hhdufh Drew...meeeeeeeccc.

Aiden a parlé toute la nuit dans son sommeil.

Je pense qu'il est en pleine phase de mélancolie.

Ça risque de ne pas être joli joli quand il ouvrira les yeux...

Ce qui est bien dans le fait de partir aujourd'hui, c'est que l'on a tout le temps devant nous, que l'on n'a pas besoin de se dépêcher de quitter l'hôtel.

Mais j'ai besoin de parler.

Si je ne parle pas tout de suite avec Aiden, je vais devenir barge.

- Aiden...

Je traverse la chambre afin de rejoindre son lit et secoue doucement son épaule.

- Aiden.

- Mmmh ?

- Ouvre les yeux.

Il n'en fait rien.

- S'il te plait ?

Il plaque son coussin contre son visage et grogne.

- Je...

Il balance son coussin à l'autre bout de la pièce d'un geste rageur et se décide enfin à me regarder.

- Oulla. Toi tu as touché à ma coke ?

- Je n'ai pas dormis de la nuit, je souffle.


Il me repousse un peu pour pouvoir se lever, exposant son corps à ma vue.

Il ne porte qu'un jogging.

Il n'est pas le genre de type à s'entrainer en salle, ni à faire attention à sa ligne.

Mais il n'a pas besoin de faire le moindre effort : il est sublime.

Je mets un instant avant de me rendre compte que je le mate ouvertement et pique un fard.

Bon sang, qu'est-ce que je fabrique ?

A mon grand désespoir, Aiden enfile un tee-shirt blanc, puis son blouson en cuire.

Attendez : A mon grand désespoir ?

Il faut vraiment que je dorme.

- Ça va ? finit-il par demander. Tu es bien silencieux. Pourquoi est-ce que tu m'as réveillé ?

- Je...hum. En fait... j'avais envie qu'on...parte au plus vite d'ici.

- Tu es pressé d'aller casser la gueule à Becca ?

- Quoi ?

Il semble amusé.

Plus aucune trace de l'Aiden chamboulé d'hier soir.

- Becca. La psychopathe qui a poussé notre Liz au suicide, explique-t-il comme pour me rafraîchir la mémoire.

- Je ne lui ferais rien.

- Parfait ! Je me ferais une joie de faire tout le travail.

- Et toi aussi tu ne la toucheras pas.

Il me jette un regard incrédule en s'élançant dans le couloir.

Quand je le retrouve sur le parking de l'hôtel, il cri presque.

- Attend... Tu l'a défend ? Tu défends cette cruche de Becca ?! Après tout ce qu'on a apprit ? Tu...

- Je dis juste qu'on va garder notre calme. On est plus intelligent que ça.

- Parle pour toi, grommelle-t-il en s'asseyant au volant.

- Pardon ?

- Tu es peut-être intelligent. Mais moi j'ai deux poings qui n'attendent que le visage tartiné de peinture de Becca.

- Tu ne la toucheras pas, je répète le plus lentement possible afin de me faire comprendre.

- On verra ça sur place, d'accord ?

Je pousse un soupir de défaite en me tournant vers ma vitre.

Il est bien trop têtu.

Et puis j'ai souriOù les histoires vivent. Découvrez maintenant