quelques mois plus tôt

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Aiden avait le regard perdu dans le vague et je sentais que quelque chose n'allait pas.

Je m'étais dis après réflexion, qu'il n'était pas du genre à se bourrer la gueule à tout bout de champ.

La preuve, la seule fois ou il avait été raide, c'était parce que sa mère était morte.

Qu'est-ce qui avait pu le faire flancher cette fois-ci ?


Je n'ais rien dis, me contentant de le fixer inlassablement.

Il y avait quelque chose de beau dans sa voix quand il chantait, quelque chose de perçant, poignant.

Même si sa voix était rauque et vrillait un peu.

Il émanait quelque chose de puissant.


J'avais lancé un coup d'œil vers Lucas, il dormait.

Liz avait replié ses jambes contre sa poitrine et avait posé son menton sur ses genoux.

-         Tu comptes passer la nuit ici ? ais-je finalement demandé à Aiden.

-         Je compte passer le restant de mes jours ici, avait-il rétorqué.

A cet instant, j'avais trouvé ce qui me plaisais tant chez lui : il semblait parfaitement à son aise.

Comme s'il n'était pas défoncé.

Comme s'il n'était pas entouré de deux inconnus et un gars à moitié mort.

Comme s'il n'était pas dans une cage d'escalier, dans le premier immeuble trouvé.

Comme s'il ne chantait pas du fauve en pleurant presque.

Comme s'il n'avait rien perdu.

Il acceptait la situation.

Peut-être même qu'il finissait par la trouver normale.


Il se levait d'un bon, me prit ma bouteille des mains et déclarait :

-         Et pourquoi on n'aurait pas le droit à notre petite soirée nous aussi ?

Lucas grognait dans son sommeil.

Liz relevait la tête.

Je ne bougeais pas d'un poil.

-         Peut-être parce qu'on est dans une cage d'escalier, sans musique, avec une pauvre bouteille de Heineken, répondait Liz en se levant tout de même.

Sa robe blanche voltigeait à chacun de ses mouvements.

Elle me prit les deux mains et me fit lever.

Elle chantonnait.

« Parce qu'on est de ceux qui guérissent, de ceux qui résistent, de ceux qui croient aux miracles,... ».

Elle me poussait à l'accompagner.

« Pas d'ceux qui disent que lorsque les tables bougent, c'est que quelqu'un les pousse du pied. »

Aiden grognait et nous disait.

-         Chantez une musique qui bouge.

Il chantonnait à son tour.

« Sur la musique, on va on vient. Corps contre corps, main dans la main... »

Liz prit la bouteille et but une gorgée avant de me la tendre.

Je la prenais et buvais sans cesser de la fixer.

Elle était belle.

Elle semblait insouciante.

Rien au monde ne semblait pouvoir la faire taire quand elle criait à gorge déployée.

« Plus rien n'existe, plus rien de rien. Quand je te tiens, du bout des doigts. Pour te ramener, contre moi. »

Elle se collait un quart de seconde contre moi.

Puis elle partit se rasseoir sous l'œil épaté d'Aiden.

-         Pas mal pour une fille !

-         Hé !

On explosait de rire.

Et puis j'ai souriOù les histoires vivent. Découvrez maintenant