Partie 2

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Je consacrai le reste de la journée à ranger mes affaires dans ma chambre, que je partagerai dorénavant avec Jeremy. Après avoir pris une douche bien chaude, je regagnai notre chambre. Mon petit-frère s'était assoupi après le dîner et je finis de le border :

_ Lou, crois-tu que nous serons heureux ici ? Demanda-t-il, somnolant.

_ Pourquoi ne le serions-nous pas ? Dis-je en plaçant son ourson près de son visage.

_ Nous n'avons pas d'amis ici.

Cette vérité me meurtrit le cœur. Avec sa maladie, les enfants de son âge ne voulaient pas jouer avec lui. Jeremy avait très peu d'amis, et cela risquait d'être encore plus compliqué ici. Et quant à moi, me lier d'amitié avec les autres n'était pas plus simple.

_ Tu t'en feras d'autres. Ne t'en fais pas. Et puis, en attendant, je suis là moi.

Je lui embrassai le front et branchai son électrocardiogramme avant de quitter la chambre sur la pointe des pieds. Je pris une tasse dans le placard de la cuisine et la remplis d'eau. Alors que je cherchais un sachet de thé, je surpris une conversation entre maman et Nana qui étaient sous le porche :

_ Pourquoi m'as-tu caché tout cela, Gracie ? Je vous aurai aidé. Dit Nana attristée.

_ Avec quel argent ? La pension de papa te permet tout juste de payer tes traites. Et puis je ne voulais pas te tracasser avec mes problèmes. Tu as déjà tellement fait après la mort d'Harry...

Mon père. À chaque fois qu'on parlait de lui ou que j'entendais la voix étranglée de ma mère, j'avais envie de hurler. Il est mort d'un accident de voiture quand j'avais dix ans. Jeremy n'était pas encore né. C'est pour cela qu'on ne parlait pas de lui : Remémorer des souvenirs heureux que Jeremy n'aurai jamais l'occasion de vivre, quelle torture pour lui... Alors Harry ne vivait que dans ma tête à présent, dans mes souvenirs.

_ Ne t'en fais pas. Dit Nana. Le Memorial Hospital n'a rien à voir avec la machine à fric qu'était tes anciens administrateurs. Le docteur Lewis est un homme très bon et il se fait une joie de te rencontrer demain.

_ Encore faut-il qu'il m'embauche.

_ L'entretien n'est qu'une formalité. Crois-moi, tu es déjà prise.

_ Il faut espérer... Soupira maman.

_ Et les enfants ? Comment vivent-ils tout ça ? S'inquiéta Nana.

_ Assez bien je crois. Jeremy est trop petit pour tout comprendre, Dieu merci. Et Lou... Elle est forte, elle me soutient. Heureusement qu'elle est là.

_ N'en mets pas trop sur ses épaules, Grace. Louisiana a encore sa jeunesse à vivre. Laisses lui un semblant d'innocence.

_ Je sais bien maman. Mais elle est bien trop intuitive pour qu'on lui cache quoi que ce soit. Crois-moi, tu t'en rendras compte.

J'entendis la porte-moustiquaire grincer et je repris immédiatement ma chasse au sachet de thé. Maman et Nana me remarquèrent mais ne s'inquiétèrent pas de savoir ce que j'avais entendu ou non. Je leur souris et mis ma tasse au micro-onde.

*

Sur la balancelle du perron. je buvais des micro gorgées de thé brûlant. J'observais les lumières s'allumer et s'éteindre chez mes nouveaux voisins. Des cris joyeux d'enfants venaient d'un mobile-home sur la gauche alors qu'une lumière bleutée clignotait depuis la télé des voisins de droite. Une musique country explosait les enceintes de je ne savais pas quelle maison et une femme criait après son mari pas très loin.

Heaven Gates -en pause-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant