Journal d'une Rébellion (extraits disponibles avant publication, début 2025)

Partie 15 - Etes-vous une personne de confiance ?

Sur le chemin de la maison, je ne cesse de me demander si ma vie sera toujours aussi pourrie. Un mari dominant et autoritaire, une blondasse coriace, un ami beau goss et un patron tordu.

La poisse.

Je pose mes clés sur le meuble de l'entrée et retire mes talons pour libérer mes pieds de cette torture féminine. Mes narines se retroussent, chatouillées par une douce odeur de plat en sauce.

Jarvis est en train de préparer à manger.

Rien ne va plus.

Je regarde à gauche puis à droite à la recherche de Miss USA, de ses chaussures ou tout autre indice qui m'indiquerait qu'elle est rentrée. Mais rien. Un sourire s'épingle sur mon visage et l'excitation m'enivre. Jarvis a peut-être fini par comprendre qu'elle n'avait pas sa place ici.

J'oublie l'épisode de ce matin et me rapproche de mon mari, tout sourire.

— Tout va bien ?

— Oui. Passe-moi le couteau, me répond-il d'une voix chaude.

— Où est Sam ? osé-je lui demander, impatiente d'entendre sa réponse.

— Elle est à un diner d'affaire ce soir. Une sorte de réunion avec ses collègues.

— Oh...soufflé-je, déçue.

Non seulement Miss Pouffiasse n'a pas disparu de la circulation et en plus elle a le droit d'aller à son diner sans encombre. Ce favoritisme commence sérieusement à me taper sur les nerfs.

— Je ne mange pas à la maison non plus, renchéris-je en piquant une olive de sa sauce rouge.

Pour être honnête, je n'ai rien de prévu et ignore ce que je vais bien pouvoir faire ce soir, mais c'est un peu ma vengeance pour toute cette colère qu'il m'inspire.

Il lâche le couteau et fixe droit devant lui. Il n'a pas l'air content. Il finit par se retourner et à ma grande stupeur je vois ses yeux briller.

— Pourquoi tu fais ça, Nikki ?

Je déglutis, surprise de son ton solennel, de son air triste et agacée d'être une fois de plus éprise de ce sentiment de culpabilité qui m'envahit.

— Pourquoi, toi tu fais tout ça Jarvis ?

— Je prépare le diner pour te soulager ! hurle-t-il.

— Me soulager de quoi ? l'imité-je sur le même ton.

— Tu as décidé de travailler et je veux simplement te donner un coup de main ! Bordel Nikki, pourquoi ça ne va toujours pas ?

Il baisse la tête et se frotte le visage pour reprendre plus calmement.

— Je veux juste qu'on se partage les tâches.

— Partager les tâches ? dis-je avec un rire nerveux. Les partager à deux ou à trois, Jarvis ?

Il ne répond rien et serre les dents pour retenir les larmes qui bordent ses yeux.

— Ce que tu me fais vivre n'est pas normal, est-ce que tu en es conscient ?

— Tu l'as bien fait, toi !

— Ce qui s'est passé avec Bryan remonte à des années ! Jarvis, ce n'est arrivé qu'une seule fois ! Je...Je ne l'ai jamais ramené à la maison.

— Ne prononce pas son nom ici !

Je me rapproche de lui et tente de recouvrer mon calme pour ne pas avoir l'air d'une femme hystérique.

— J'ai couché avec Bryan en allant trouver refuge auprès de lui parce que ça faisait deux ans que tu me trompais, Jarvis. Tu ne rentrais plus, tu ne me regardais plus.