Chapitre 3

761 40 12
                                    

Le lendemain matin, Kurt se dirigea droit sur son casier. Après l'enfer que lui avaient fait vivre Santana et Puck au Glee Club hier, il tenait à tout prix à les éviter. Ce n'était pas de sa faute si Blaine était gay et qu'il le poursuivait comme ça au lieu de s'intéresser à Santana. Et en quoi ça le regardait, si l'incident dans le couloir avec Karofsky avait propulsé Blaine au-dessus de Puck dans la catégorie des durs à cuire ? C'était bien le dernier de ses soucis. En effet, sa majeure préoccupation pour le moment était le visage aux cheveux sombres et bouclés qui avait hanté ses rêves la nuit dernière. Tout ça n'augurait rien de bon, mais il n'avait aucun moyen d'éviter ce con.

Il continua jusqu'au couloir suivant pour rejoindre Mercedes et Tina devant leurs casiers. Il avait eu la chance cette année de ne pas en obtenir un à côté de quelqu'un qu'il connaissait (et surtout pas Blaine, ajouta-t-il pour lui-même). Il avait à peine tourné au coin qu'on le jeta la tête la première dans le rang de casiers. Il évita un nez en sang uniquement grâce à ses réflexes aiguisés. Son bras et son épaule prirent le plus gros de l'impact, mais sa joue frappa contre la porte encore ouverte d'un des casiers. Une partie de lui s'attendit à ce que son agresseur soit Blaine, qui aurait réalisé qu'il n'obtiendrait pas ce qu'il souhaitait et aurait décidé d'utiliser une nouvelle tactique : l'agression. Mais lorsqu'il se retourna, il aperçut deux vestes de footballeurs qui se tapaient dans la paume, tout en continuant à marcher dans le couloir comme si de rien n'était.

Avec un soupir agacé, il réajusta la bandoulière de son sac et fouilla dans l'une de ses plus petites poches à la recherche de quelques mouchoirs en papier pour essuyer sa coupure. Sa recherche cessa brusquement lorsqu'un pouce balaya sa joue, appuyant légèrement sur la plaie pour nettoyer le sang. Sur le coup, il gifla la main et recula, prêt à tout. Un petit sourire satisfait et insolent rehaussé de magnifiques yeux verts noisette le regardaient fixement. Blaine regarda la tâche de sang sur son pouce et dit avec désinvolture :

"Tu devrais vraiment apprendre à maîtriser cette main. Ou tu vas te retrouver avec des heures de colle en plus."

Les yeux de Kurt se rétrécirent tandis que l'autre garçon, plus petit que lui, s'appuya contre les casiers pour lui faire face. Au-dessus de son épaule vêtue de cuir, Kurt pouvait voir Tina et Mercedes qui sortaient des livres de leurs casiers, mais Blaine bloquait efficacement sa route.

"Je suis surpris qu'ils t'aient laissé revenir aujourd'hui. Tu n'es pas considéré comme un risque d'incendie ? demanda sarcastiquement Kurt."

Blaine fixait toujours la marque sur son pouce et ne fit aucun commentaire. Kurt était en train de calculer la voie la plus facile à emprunter pour esquiver Blaine et arriver près de ses amies, quand Blaine fit quelque chose qui fit imploser son cerveau. Il suça son pouce dans sa bouche, le retirant lentement tout en tournant sa langue autour et en léchant le liquide cuivré de sa peau. C'était un mouvement lent et délibéré de la part de Blaine. La petite partie du cerveau de Kurt qui ne s'était pas totalement arrêtée le réalisa immédiatement en voyant ses yeux vert noisette fixés sur lui.

Il pouvait entendre son cœur battre dans ses oreilles et sentit le trop plein de chaleur migrer vers le sud. Sa bouche devint soudain très sèche et il ne parvint pas à trouver la volonté de s'éloigner de Blaine. Le garçon s'avançait doucement tout en ratissant son corps du regard. Kurt se retint de tomber et son esprit prit l'initiative avant qu'il ne parvienne à reprendre le contrôle du reste.

"S'il te plait, dis-moi que tu ne vas pas commencer à scintiller, fit Kurt d'un air impassible." Blaine s'arrêta à une trentaine de centimètres de lui.

Le sourire d'hier après-midi fit son grand retour. Kurt sentit la chaleur lui monter dans le haut du cou. Il en était presque soulagé. Au moins, cela signifiait qu'elle n'inondait plus le sud désormais.

"Rassure-toi, Hummel. Mes goûts en littérature sont bien meilleurs que ça."

Son sourire s'élargit quand il s'appuya de nouveau sur les casiers, les bras croisés. Ils étaient aujourd'hui recouverts par une chemise serrée vert kaki. Le spécialiste de mode qu'était Kurt reconnut là un excellent choix de couleur : cela faisait ressortir le vert de ses yeux à des kilomètres. Pour la même raison, son côté rationnel détestait ça. Son pantalon par contre...

"Alors que ton goût pour la mode devrait être recyclé."

Kurt regarda le même jean serré noir de la veille avec un profond dédain. Il le regretta presque immédiatement, car il ne pouvait plus détacher son regard de la matière sombre qui étreignait ses cuisses et s'étendait dessus.

La gorge de Kurt se serra, son visage s'empourpra et il détourna les yeux. Il n'osait pas croiser le regard de Blaine. Mais le garçon ne lui en laissa pas vraiment le choix. Avec un mouvement brusque et rapide en avant, Blaine se jeta sur lui comme un tigre et bloqua d'un bras son chemin d'évasion vers Tina et Mercedes, tandis que son autre bras effleurait la manche de son pull. Kurt serra fortement ses livres contre sa poitrine et absorba une bouffée d'air à plein poumons tandis que Blaine se rapprochait, sa poitrine à quelques centimètres de Kurt. Il n'était pas réellement en train de le toucher, mais son corps tout entier ressentit des picotements à mi-chemin entre la crainte et l'excitation.

"Je pense que mes goûts dans d'autres domaines peuvent plus que compenser ça, Kurt."

C'était la première fois que Blaine utilisait son prénom. Il frémit à la façon dont il était sorti de ses lèvres, à l'inflexion sur le "T" et à la façon dont la voix de Blaine devint légèrement plus grave. Les yeux de Kurt vacillèrent quand ses doigts se promenèrent sur sa manche, et il regarda ces yeux à se damner. Le visage de Blaine se rapprocha de plus en plus jusqu'à ce que ses yeux remplissent entièrement le champ de vision de Kurt. Il ne savait plus où il était, ni ce qu'il faisait. Il ne se rappelait plus de rien. Il n'était même pas sûr d'apprécier l'endroit où tout ça allait le mener. Tout ce qu'il savait c'est qu'il ne voulait pas que tout cela cesse. Il y avait à peine l'espace d'un murmure entre leurs lèvres lorsque Blaine s'arrêta. L'odeur de menthe poivrée et de cigarette se mêlèrent quand Kurt prit une grande inspiration, l'attente inondant ses veines. De longs cils noirs se fermèrent pendant un instant et Kurt frissonna à nouveau.

"Tu n'es pas le seul à savoir allumer les gens."

Les mots étaient murmurés contre ses lèvres qu'un souffle chaud caressait, et ils lui firent ravaler un glapissement. Et puis, la chaleur qui avait envahie son corps entier était partie. La main de Blaine était toujours posée contre le casier à côté de sa tête, mais la sensation de proximité avait disparue. Il se sentait engourdi lorsque Blaine lui murmura :

"On se voit en cours, bébé." Puis il tourna les talons.

"Merde, mon gars. Juste merde."

Mercedes et Tina avaient finalement remarqué sa présence dans le couloir et se dirigèrent vers lui. Kurt était toujours incapable de former une pensée complète dans son esprit. Ses yeux vitreux fixaient l'endroit où Blaine s'était tenu quelques instants auparavant.

"Tu as sérieusement intérêt à profiter de tout ça !"

Santana était apparue elle-aussi. Kurt gémit. La dernière chose qu'il voulait, là maintenant, c'était un sermon lui expliquant pourquoi Blaine devrait la désirer elle et pas lui.

"Je parie qu'il adorerait t'entendre faire ce bruit à nouveau, persifla Santana."

Elle sembla pensive un moment, puis ajouta d'un ton sournois et complice :

"En fait, je parie qu'il adorerait te faire crier. Tu as 'je suis passif et je jouis fort' tatoué sur le front."

Il choisit de l'ignorer pour le bien de sa propre santé mentale.

"Allons en cours.

- Bouge-toi, Hummel, lança la voix de Santana derrière lui. Avant que je m'occupe de ce beau petit cul moi-même !"

Il rougit furieusement et courut à moitié vers la salle de classe de Mr Robertson. Mercedes et Tina arrivèrent peu de temps après. Blaine était déjà affalé sur son bureau au fond, souriant d'un air narquois, largement satisfait, alors qu'ils s'approchaient. Dieu, qu'il détestait ce garçon. Même s'il aimait la façon dont il se sentait quand il était là...

Go Your Own Way (Klaine)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant