Chapitre 9 : Fuite et prise de conscience

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Une brillante idée précéda mon réveil. Une chose si évidente que je m'en voulais de ne pas y avoir pensé plus tôt. Je devais m'enfuir, tout tenter pour m'échapper d'ici, de ce cachot sombre et froid, de cette douleur et de cette peur qui me rongeait. Je devais me rendre à l'évidence, les Mangemorts n'auront pas éternellement besoin de moi. Quand ils remarqueront que je ne parlerai pas, ils se débarrasseront de moi, puisque je ne serais plus utile. La faim qui me tenaillait, la soif qui irritait ma gorge et la douleur de mes membres, me rappelait que je ne tiendrais sûrement plus très longtemps dans ces conditions. J'avais perdu énormément de poids, le résultat d'une nutrition bien trop insuffisante et rare. Je me sentais toujours plus faible, affaiblis par la torture journalière. Il était temps pour moi de tenter le tout pour le tout.

Pendant plusieurs heures, j'entrepris de mettre au point un plan, un plan de fugue. Analysant toutes les options qui s'ouvraient à moi, chaque détail, les dangers que je courrais alors. Je réfléchissais, mon cerveau tournant à plein régime pour la première fois depuis presque dix jours.

Lorsque la porte s'ouvrit et qu'apparut le garde, j'étais prête. Malgré l'angoisse et le stress, je sortis de ma cellule en espérant ne jamais avoir à y remettre les pieds. J'essayais d'avoir l'air naturel, avoir l'attitude d'une prisonnière comme il en existait tant ici. Comme tous les jours, nous traversâmes les mêmes couloirs, le labyrinthe de cellules. J'avais mémorisé chaque tournant et réfléchis à un endroit où je pourrais m'échapper. Je respirais calmement, comptant méthodiquement le nombre de coins que nous tournâmes. Le garde, derrière ses petites lunettes triangulaires, ne se doutait de rien, il avançait, le regard droit.

Soudain, arrivée à l'endroit que j'avais méticuleusement choisi, je pilai net sur mes pieds. L'homme était à peine à un pas de moi et je m'élançais dans sa direction et m'accrochais à sa gorge, le faisant basculer en arrière sous mon poids. Je vis ses yeux s'écarquiller sous la surprise et je m'écartai, le laissant s'écraser lourdement sur le sol. Sans perdre un seul instant, je lui arrachais sa baguette des mains, sa puissance m'envahit, une chaleur qui se répandit dans tout mon corps. Je ne m'attardai pas sur la sensation et lançai un sort au garde qui n'eut pas le temps de réagir. Je retirai prestement mes chaussures usées qui me gênaient, les jetant derrière moi.

Je courais, le plus vite que mes jambes amaigries me le permettaient. Les portes défilaient sous mes yeux et je tournais dans l'un des couloirs que je n'avais jamais emprunté. Il était différent, d'une couleur différente, comme celui qui menait à la pièce où Voldemort m'avait torturée. Je gravis les marches quatre à quatre, l'esprit enivré par l'adrénaline qui se répandait dans mon organisme. J'ouvris la porte avec hâte. Encore un couloir, plus large que les précédents, plus lumineux, aussi. Persuadée d'être sur la bonne voie, je m'élançai d'un côté sans ralentir l'allure.

Des voix se firent entendre, je me mordis la lèvre inférieure, cherchant une solution. Je me plaquai contre un mur, comme si je voulais m'y enfouir, disparaître. Les paroles étaient maintenant parfaitement compréhensibles :

-D'après le Maître, Potter aurait été vu dans une forêt, dans le nord.

-Il a déjà envoyé des hommes là-bas ?

-Oui, mais rien pour le moment.

-La Sang-de-Bourbe que l'on a capturée n'a toujours pas parlé, apparemment.

-Quelle idiote ! Elle ne va pas rester en vie très longtemps si elle ne nous est pas utile.

Je déglutis, j'avais vu juste. Entendre parler d'Harry me fit une drôle de sensation, il semblait si loin. Je me demandais s'il avait tenté de me sauver ... Une part de moi, égoïste, l'espérait mais l'autre, la plus sage, ne voulait pas qu'il risque d'être fait prisonnier. Les Mangemorts passèrent sans me voir, tandis que je retenais mon souffle. Je soupirai de soulagement, le corps en sueur et essoufflée par l'effort. Je repris pourtant ma course, ce n'était pas le moment de flancher, je me sentais si proche du but. Je pouvais déjà sentir le vent et le soleil sur ma peau, l'herbe sous mes pieds nus. Cette agréable pensée en tête, je courais au rythme de mon cœur qui battait à tout rompre.

Aube et crépuscule [Dramione]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant