ÉcouT

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Je ne sais pas depuis combien de temps je vagabonde dans les rues. Je repense à tout ce que je laisse derrière moi sans nouvelle. Et je repense à elle. Si j'en suis là aujourd'hui c'est en partie de sa faute à elle. J'enrage. Comme jamais encore auparavant. Elle me détruit la vie. Et personne le voit. Personne ne veut le croire. Je repense soudainement à un poème de Rimbaud intitulé ma Bohème. J'ai presque l'impression qu'il l'avait écrit pour moi... 

《 Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées ;
Mon paletot aussi devenait idéal ;
J'allais sous le ciel, Muse ! et j'étais ton féal ;
Oh ! là ! là ! que d'amours splendides j'ai rêvées !

Mon unique culotte avait un large trou.
- Petit-Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course
Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse.
- Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou

Et je les écoutais, assis au bord des routes,
Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes
De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ;

Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,
Commedes lyres, je tirais les élastiques
De mes souliers blessés, un pied près de mon cœur ! 》

C'est à mon tour de vagabonder sur les routes. Mon enfance brisée souhaite tout recommencer. Elle souhaite avoir un nouveau départ. J'ai besoin de ce nouveau départ. De cette chance. De cet espoir. Je veux vivre comme bon me semble. Je veux que mes douleurs cessent. Faut que je me ressaisisse... J'ai toujours été incapable d'en parler depuis mon plus jeune âge. Les choses ne changent pas comme ça. Et j'ai déjà essayé d'en parler. Et qu'est-ce que ça a changé ?

"Léa...
_ Thomas."

Je ne suis pas surprise de sa venue, bizarrement. Comme s'il devait arrivait. Comme si c'était prévu.

"Ça fait combien de temps que tu es comme ça ?"

Je ne le vois pas. En fait, je ne vois rien. Dès que le son de sa voix était parvenu à mon cerveau, j'ai automatiquement fermé les yeux. Il se situe derrière moi. Je ne sais pas à quoi m'attendre à cet instant. Devant mon silence, Thomas continue :

"Tu voulais de l'aide, n'est ce pas ? Ton texte sur Facebook... C'est bien ce qu'il dit ? Tout le monde est à ta recherche Léa... T'as eu ce que tu voulais.
_ Comment tu m'as trouvé? Demandais-je l'esprit ailleurs.
_ Je suis désolé Léa mais... j'ai pas pu m'empêcher de te suivre."

Lui aussi se trouve dans un beau pétrin. Pourquoi avoir fait ça pour moi ? Je ne vaux plus rien maintenant. Je suis complètement vide et sans importance.

"Tu n'aurais pas du faire ça Thomas.
_ Je pense mieux savoir que toi ce que je fais, c'est pas moi qui me suis mise à fuguer ! Pourquoi t'as pas essayé de parler à quelqu'un, dis moi ?"

Il semble intrigué. Et moi je suis absente.

Je ne veux pas parler, c'est tout. J'avais juste besoin de réconfort et d'amour seulement j'en demandais trop. Maintenant, je veux juste partir de ce monde, m'envoler loin à la recherche de réconfort et d'amour.

Voilà. Voilà ce que j'aurai du lui répondre. Mais je ne réponds toujours pas. Thomas s'impatiente.

"Mais explique moi ce que tu as à la fin ! Comment veux-tu aller mieux si tu refuses toute l'aide qu'on t'apporte ?"

Mon cœur brûle. Je ne sais pas pourquoi. Qu'est ce que je savais au fond ?

La vérité.

CompliquéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant