Avouer

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Ce n'est pas fini...

J'entends des airs de musique symphonique, légers, entraînants et presque joyeux. J'ouvre mes yeux, laisse mes paupières battre un instant le temps que ma vue s'adapte à la lumière ambiante. Au fur et à mesure, je peux remarquer que je ne me trouve pas chez moi. Je ne porte également pas mes vêtements puisqu'ils sont beaucoup trop grands pour moi. Pourtant, la dernière chose dont je me rappelle est que j'avais fugué de chez moi... Je ne m'inquiète pas. Je me sens trop vide pour ça. Sans aucune émotion, ni aucun sentiment. Je n'ai aucun intérêt à chercher pourquoi je me trouve ici. A dire vrai, cela n'a plus aucune importance.

En cet instant, la musique contraste en tout point mon état d'esprit. Elle semble si joyeuse. Je suis de trop dans cet endroit qui ne m'est en aucun cas familier et dans lequel je pressens ne pas être la bienvenue. Quelqu'un me sort de mes pensées en ouvrant la porte sans toquer. C'est Thomas. Il semble surpris de me voir réveillée, je ne le suis pas lorsque je le découvre au seuil de la porte.

Je ne sais pas quoi faire en sa présence, surtout en cet instant précis. Les bras croisés, je le scrute très certainement avec insistance sans même m'en rendre compte, rongée par la culpabilité. Lui est adossé à la porte, non pas indifférent à mon regard, il réfléchit intensément en me fixant sérieusement. Je ne peux pas bouger, j'en suis incapable. Mon cœur n'émet aucun plus battement. Je ne perçois aucun son, pas même l'une de nos deux respirations. L'ambiance paraît glaciale. Aussi gelée que mon cœur brisé.

"Ce que je m'apprête à faire est inhumain Léa. Je devrais pas faire ça et si tu m'en veux je comprendrai parfaitement que tu ne veuilles plus me parler, me lâchait-il d'une traite. Tu vas rester ici tant que tu ne m'auras pas dit ce que tu caches. Je suis certainement pas quelqu'un en qui tu n'as pas confiance Léa, mais je ne me permettrai pas de te voir à nouveau dans un état aussi pitoyable qu'actuellement..."

Je ne l'ai encore jamais vu comme ça. Pourquoi réagit-il ainsi à mon égard ? Je sens mon cœur se crisper de douleur. Est-ce encore possible ? J'ai peur. Peur que ce moment ne soit qu'un mensonge. Peur que ce ne soit qu'un autre cauchemar. Même si je commence à en avoir l'habitude, je ne peux m'empêcher de tomber à genoux et de fondre en larmes. Thomas s'est alors empressé de se rapprocher de moi pour me prendre dans ses bras. Je pleure encore plus fort.

Il a déjà fait ça la première fois.

Peut-être n'était ce pas un rêve ? Peut-être qu'enfin quelqu'un était prêt à m'écouter et à m'aider ? Il fallait que j'essaye... Et si je lui faisais peur en lui avouant la vérité ? Je n'aurai donc plus aucune chance avec Thomas ? Je suis perdue et j'ai terriblement peur.

"Thomas... Je... Je ne peux pas... articulais-je dans un sanglot étouffé.
_ Qu'est ce qui t'en empêche ?
_ C'est moi... J'ai peur Thomas...
_ Léa, je m'en fou des conséquences d'accord ? Je veux juste que t'aille mieux...
_ Tu réagiras pas mal ? Demandais-je d'une toute petite voix.
_ Non je te le promets."

J'inspire un grand coup. Il faut que je cesse de me poser des questions et que je déballe la vérité.

"Il y a... il y a quelque chose... que j'ai jamais... jamais osé dire à personne... à part à ma meilleure amie...
_ Continue ne t'arrête pas... me chuchote t-il tendrement pour m'encourager.
_ C'est super grave... Mais elle a tellement mal réagi... J'avais donc décidé de ne plus jamais en parler à personne... pour ne pas perdre les gens que j'aime...
_ Je t'ai promis alors dit moi Léa, m'implore-t-il sans desserrer son étreinte."

Je ne pleure plus. C'est tellement dur d'avouer la vérité. Après autant d'années à rester silencieuse, à mentir chaque jour... Thomas me prend mon menton avec douceur, et nos yeux se rencontrent. Les siens semblent rassembler toute la tristesse du monde. Encore une fois Je n'avais encore jamais eu l'occasion de les observer d'aussi près. Je ne pense plus à rien d'autre en cet instant, comme si plus rien n'avait d'importance... Je profite simplement de ce moment. Que c'est bon ! Je me sens libre, respirant à nouveau avec légèreté ! Sans le lâcher des yeux, je commence à lui déballer un flot de mot pour raconter mon histoire. Plus de mensonges.

CompliquéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant