Chapitre 12

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- Tu veux que j'appelle mamie pour qu'elle reste à la maison avec toi ? Me questionne ma mère en conduisant vers la maison

- Ne mêle pas mamie à ça. Reniflé-je

J'attrape le paquet de mouchoir qu'elle me tend et m'essuies le nez, puis je m'accoude contre la fenêtre et je regarde le paysage défilé lentement.

- Tu ne vas pas rester tout seul à la maison, tout de même !

- Si ça ne va pas, j'appellerais quelqu'un...

La voiture tourne et continue quelques mètres avant de s'arrêter devant nôtre maison. Sans prendre la peine de couper le moteur, ma mère fouille dans la boîte à gants et en sort une petite boite de pilule.

- Qu'est-ce que c'est ? Je l'interroge en fronçant les sourcils

- Des anxiolytiques... J'ai fait renouveler ton ordonnance hier.

Un rire ironique s'échappe de ma gorge, j'attrape la boite en secouant la tête, comme si des médocs allaient m'aider à aller mieux. Et même si ça fonctionne, je n'ai pas envie que mes parents dépensent de l'argent pour que je vive sous sédatif.

- Je n'en prends plus depuis des années, je n'ai pas fait de crises depuis que j'ai arrêté d'en prendre !

Elle m'attrape le bras droit et remonte la manche de mon hoodie, où une croûte s'est formée. Ma génitrice me lance un regard de reproche et ajoute « Tu me feras le plaisir de ne pas arracher la croûte cette fois ». Sur quoi, je remets le tissu couleur poussin le long de mon bras en détournant le regard.

- Je veux que tu les prennes Alexis ! Sinon pour ce midi il y a des restes d'hier dans le frigo. Et ne nous attends pas pour manger ce soir, ton père fait des heures supplémentaire, quant à moi, ma formation se finit, tard. Bon je te laisse poussin, il faut que j'y retourne, fait attention à toi !

Immédiatement après avoir quitté la voiture, elle repart me faisant un grand signe de la main. Une fois que la voiture disparaît au loin, je cherche le double des clés dans les poches de mon sweat-shirt. Puis après avoir insérer celle-ci et l'avoir fait tourner trois fois, j'entre dans ma maison. Tout est calme.

N'importe quel adolescent de mon âge devrait être heureux de ne pas aller en cours et d'avoir la maison pour lui tout seul, et devrais ressentir une joie inégalable en retrouvant sa pièce préféré : sa chambre. Alors pourquoi je ressens un tel malaise lorsque j'entre dans celle-ci.

Effleurant mes draps du bout des doigts, un frisson désagréable me parcours le corps. Je reste immobile quelques instant devant ce grand lit en bois. Le dégoût, la colère et la tristesse. C'est tout ce que je ressens en regardant ces tissus que je n'ai pas encore mis à lavé.

Joignant la pensée aux gestes, je défais mon lit violemment, la colère monte un peu plus moi, et je ne peux m'empêcher de l'expulser en hurlant et en me tirant les cheveux. Avec quelques difficultés, je me reprends, et j'arrache les draps de la couette, au même moment, je vois les deux billets voler vers le sol. Je les attrapes, et prêt à déchirer cet argent sale.

Mais si je le déchire, je le regretterais très certainement. Mes doigts à chaque extrémité du premier billet. Je ne peux pas, alors je les caches là ou mes parents rangent leurs économies. Puis je prends quelques minutes avant de me remettre à mon ménage, caressant le cylindre en plastique dans ma poche, hésitant mais me rétractant presque aussitôt.

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