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Ce jour ci, Rachel ne m'était pas sortie de l'esprit. Ni sa promesse. Et c'est dans ces moments là qu'il faut se confontrer au destin. Alors j'ai pris le bus, vers chez elle.

Comme une sorte de ballet, je faisais tous les jours la même chose : aucune veste, chaussures, tickets de bus, retour en arrière, lunettes de soleil. Aucune veste car il faisait toujours aussi chaud ; des chaussures, car ça me parait évident ; des lunettes à cause du soleil chauffant, et des tickets de bus. Non pas un, mais trois. On ne sait jamais, peut-être Rachel n'allait-elle pas se trouver dans le même bus que moi.

Finalement, c'est moi qui avait raison. Au terminus, elle n'était toujours pas montée dans le véhicule, et je me retrouvais à quelques mètres devant les fougères de sa maison, ne sachant quoi faire. Le temps passait, et moi, je ne bougeais pas. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé dans ma tête à ce moment là, mais lorsqu'on m'a tapoté sur l'épaule, le sol était contre mon crâne, et mes yeux rivés vers le ciel.
"Tu m'attendais, Charles ?
- Je m'appelle Charlie.
- Je sais, Charles. Allez viens, rentre chez moi. Je n'ai pas envie de t'embrasser dans un bus."
À ces mots, et sans que je puisse le contrôler, je me redressai instantanément. Rachel n'avait donc pas oublié ses paroles d'hier.

Elle me prit par la main, et me redressa. Elle me guida vers chez elle ; sa main n'avait pas lâchée la mienne. Finalement, nos doigts se délièrent, et elle me fit signe d'enlever mes chaussures, en bonne et due forme, cette fois.
"Il n'y a jamais personne chez toi ?
- Bien sûr que si. Mais jamais quand nous nous croisons ; à croire que c'est fait exprès.
- Ça doit être ça."
On monta dans sa chambre, toujours aussi neutre et épurée. Alors je me posai tranquillement sur son lit, tandis qu'elle prit sa chaise de bureau, et se plaça juste en face de moi, vraiment proche.
"Je n'avais pas prévu de te ramener ici, alors je ne sais pas trop quoi faire.
- Qu'aurais-tu fais, si nos chemins s'étaient bien rencontrés dans le bus ?
- Je ne sais pas. Je ne prévois rien. J'aurais décidé sur le coup, avec toi.
- Je pensais que tu étais prévoyante, n'est-ce pas ce que tu m'as dis hier ?
- Seulement quand il s'agit d'argent."
Elle me souria de toute ses dents.

Après un bref échange, elle vint s'installer à mes côtés, prit quelques oreillers pour elle, quelques oreillers pour moi, et deux minutes plus tard nous étions face à face, pieds entremêlés.
"C'est compliqué de faire la conversation et de ne rien dire sur soi.
- Je te rappelle que c'est toi qui a décidé de cette règle.
- Et je la maintiens. C'était juste un constat : faire la conversation, ce n'est pas rien.
- Alors ne fais pas la conversation."

Rachel me souria. Je fis de même en retour, et elle vint caler sa tête à côté de la mienne. Puis m'embrassa. Comme on l'avait dit.
Nos bouches bougeaient ensembles, en parfaite synchronisation, et j'approfondis le baiser en passant ma main dans ses cheveux doux, tout doux. Nos corps vinrent rapidement à se coller, et nos jambes à s'entremêler. Mon coeur battait plus vite que d'habitude, mes joues devaient être rouges, et mes vêtements tout froissés. Je remontais doucement son t-shirt sur son ventre, et carressa le bout de son soutient-gorge. Sans prévenir, elle le dégraffa, et remonta doucement ma main. Mon coeur s'affolla encore plus, et je senti le sien battre d'une force impressionnante sous sa poitrine. Nos bouches ne faisaient que se partager une passion commune, étrange et addictive. Elle carressait le bas de mon dos, du bout de ses doigts fins, puis les remontait sensuellement sur le haut de ma nuque, soulevant presque entièrement mon t-shirt. Nos gestes étaient parfois hésitants, mais ils transmettaient surtout ce petit quelque chose qui nous arrivait. Je continuais de jouer avec son corps, avec ses cheveux, tandis que sa main descendait un peu plus bas que mon dos. Mais arriva le moment que je redoutais : elle me repoussa doucement, retira ses mains de mon corps, et, les cheveux un peu en bataille, me lança un regard d'excuse :
"Je suis désolée, je me suis un peu emportée.
- Pas de soucis."
Je lui sourit discrètement, et elle revint embrasser mes lèvres chastement. Je me redressai, et annonçai :
"Peut-être devrais-je y aller...
- Peut-être que oui."
Alors, d'une main hésitante, je défroissai mon t-shirt, tandis qu'elle remettait son sous-vêtement.

J'essayais encore de me remettre de mes émotions, alors qu'elle
me racompagnait à la porte, n'enfilait pas ses chaussures, et marchait avec moi jusqu'à l'arrêt de bus.
"Est-ce qu'on ne va se voir que pour des séances de pelottage, désormais ?"
Je craignais d'avoir mal dit les choses, car Rachel mit du temps à répondre. Ce n'est que lorsque le bus arriva au loin qu'elle me dit :
"Non. Pas seulement pour ça, enfin. Demain, on n'aura qu'à ne pas s'embrasser."
Cette fille devait être magicienne. Elle eut encore raison ; le lendemain, on ne s'embrassa pas.

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