Épilogue

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Le lendemain, Rachel s'est réveillée dans mes bras, et moi dans les siens. On rayonnait. La nuit dernière, quelque chose s'était créé, entre nous.

Nous avons passé tout l'été ensemble. Elle restait des jours chez moi, et inversement. On ne se lâchait pas d'une semelle. Nos bouches ne se quittaient pas, nos corps non plus. Nous avons refait l'amour, nous avons retrouvé le lac, pendant des jours entiers parfois, nous avons emprunté des livres à la bibliothèque, nous avons mangé des glaces. Je lui murmurais des "Je t'aime Rachel", et je ne prononçais son prénom qu'à ces moments là. Ça avait l'air de lui plaire, et j'aurais tout faire pour lui plaire. Nous avons surtout pris le bus, aussi. On s'installait aux même places que lorsque nos regards s'étaient croisés pour la première fois. On rejouait même la scène, et ça nous faisait rire.

Tout un univers, tout un ensemble, tout un "nous" qui se créait au fil des semaines, des jours, des heures et des minutes. Nous étions inséparables.

Mais le temps passait. Il passait, sans qu'on ne s'en rende compte, et surtout sans qu'on s'en préoccupe. Pourtant il était bien là. Et la fin de l'été aussi. Nos chemins on dû se séparer. On s'est dit au revoir comme il fallait, d'un ton cérémonieux mais pas trop. Sans larmes, juste avec des sourires. On allait se revoir, c'était sûr. Sûr et certain même.
"Je compte sur le destin, tu sais. Bien sûr qu'on se retrouvera Charlie."

Je l'ai oubliée, pendant l'automne. Je l'ai oubliée, pendant l'hiver. Je l'ai oubliée, pendant le printemps. Et lorsque l'été a repris, Rachel à resurgit dans mon esprit. Comme un vieux démon addictif qu'on enterre, et qu'on ne ressort que pour les grandes occasions. Et elle en était une, de grande occasion.

Pourtant, Rachel n'était pas là. Je l'ai cherchée tout l'été. Je ne pensais qu'à ça. Sa présence, ou plutôt son absence, m'obsédait. Qu'allais-je faire sans elle ? Rien. Mon été ne pouvait être complet. Mon état d'esprit avait pourtant changé, en un an, comme pour tout le monde. Mais j'avais la sensation de revenir en arrière, de vivre dans le passé, de vivre mon été avec un souvenir.

Alors j'ai dis au revoir. J'ai dit au revoir à Rachel, à nos souvenirs, à nos moments passés ensembles, aux festivals et aux glaces partagées. Au revoir aux nages dans le lac, au revoir aux livres lus ensemble. Au revoir à nous.

J'ai vécu les automnes, les hivers et les printemps sans elle. Les étés, j'allais ailleurs, avec des amis. Je n'avais pas la foi de continuer à vivre avec ces souvenirs, ni même d'espérer la voir.

Trois années plus tard, je peux enfin le dire : merci.

Merci Rachel, parce que je t'ai aimée, comme jamais je n'ai aimé quelqu'un.

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