(Lancez le média lorsque vous le voulez ; la chanson dure 3min32)
Ce jour ci, c'est à la boulangerie, que nos regards se sont croisés. Encore une fois, j'allais chercher du pain pour mon père, et visiblement, Rachel aussi.
Sa bouche s'est déposée sur ma joue, en guise de bonjour. Elle avait doublé une dame, dans la file, afin de me saluer, et ne l'a pas laissé repasser devant. C'était d'une impolitesse énorme, mais elle ne s'en préoccupait guère ; elle était avec moi.
J'ai commandé ma baguette, elle son pain, puis nous sommes sortis de la boulangerie, ne sachant trop quoi faire. Midi était passé, je ne pouvais donc pas l'inviter à déjeuner avec moi.
Nous avons finalement convenu de se retrouver au lac, juste après avoir déposé le pain chez nous. Mais cet endroit nous servait juste de point de rendez-vous ; nous comptions faire quelque chose d'autre après.
Alors j'ai déposé la baguette chez moi, ai dit quelques mots à mon père, que je ne savais pas quand je reviendrai, mais qu'il n'avait aucun soucis à se faire. Puis j'ai pris le bus jusqu'au lac. J'ai eu le temps de mettre quelques orteils dans l'eau, et Rachel était déjà là. On a discuté quelques instants, du festival d'hier, surtout, puis nos jambes nous ont menées jusqu'à la bibliothèque.
J'aimais découvrir des romans et Rachel, elle, aimait feuilletter des bandes dessinées.
"Pour voir un autre monde, Charlie.
- Mais d'autres mondes existent aussi dans les romans, tu sais.
- Ce que je veux voir, moi, c'est la manière dont le dessinateur le voit, cet autre monde."
Je ne pus plus rien dire ; la bibliothécaire rodait autour de nous.Je pris la main de Rachel, et l'emmenai dans une autre section de livres, loin de regard indiscrets. On regarda des livres ensemble, chacun de notre côté, on commença à en lire quelques uns, elle s'assit par terre pour mieux observer les dessins, et je m'accoudai à une armoire pour mieux me plonger dans un roman.
Le temps passa, sans qu'on ne s'en rende compte. Rachel me tira doucement des mains le livre, bien entamé, et me chuchota qu'il était peut-être temps de partir.
Effectivement, dehors, le soleil était bien haut, bien chaud, et nous faisait plisser les yeux. J'enfilai mes lunettes de soleil, Rachel fit de même, et nous étions partis vers une autre direction.
Elle acheta des glaces, une pour elle et une pour moi, et des centaines de rues se sont offertes à nous. Plus tard, la glace finie, nous avons retrouvé les anciens petits santiers dégagés d'il y a quelques jours. Ils débouchaient tous sur quelque chose d'encore plus joli, et nous nous enfoncions sans prendre gare à où nous allions. Et finalement, tout cela à débouché sur le lac.
"C'est un coup du destin, on doit obligatoirement se baigner, j'ai extrêmement chaud."
Je capitulai rapidement ; impossible de résister à Rachel. Elle n'avait pas de maillot de bain, moi non plus. Mais tant pis, elle est quand même allée dans l'eau, en sous-vêtements, alors j'ai fais de même.Son sourire ne quittait pas son visage, sauf lorsqu'elle plongea la tête sous l'eau, ses doigts pinçant son nez. J'avais de l'eau jusqu'aux épaules, mais n'était pas assez téméraire pour tremper mon visage. Elle ressurgit quelques instants plus tard, des gouttes d'eau sur les cils de ses yeux grand ouverts et sur son nez.
"Il fait froid là dessous ; on est mieux dehors, avec le soleil qui nous chauffe.
- Viens donc là."
Je lui ouvris mes bras, et elle vint s'y loger, sa tête en face de la mienne, qu'elle enfonca après dans mon cou. Elle enveloppa ma taille de ses bras, sous l'eau, et je fis de même. J'avancai un peu plus profondément dans l'eau, de sorte que nos mentons étaient à la surface.Rachel a commencé à m'embrasser l'épaule, en remontant doucement le long de mon cou. Je frissonai soudain. Elle du le sentir, car un sourire se forma sur ses lèvres tout contre ma peau. Elle continua ses doux baisers, et vint finalement embrasser ma bouche. Le soleil déclinait petit à petit. Je lui rendit son baiser avec passion. Sans m'en rendre compte, nous sortions peu à peu de l'eau, nos bouches inséparables. Ce n'est que lorsque que je trébuchai, entraînant Rachel dans ma chute, que son corps quitta le mien. Je me mis à rigoler, et elle aussi. Les yeux dans les yeux, elle me dit :
"Tu voudrais manger chez moi, ce soir ? Je cuisinerai.
- Très bien. J'adore ta cuisine.
- Tu repasses chez toi, avant, ou bien...?
- Pourquoi pas. Je pense que oui."
Son ventre gargouilla.
"Finalement, allons manger chez toi directement."Alors c'est ce que nous fîmes. De retour chez elle, nos sous-vêtements avaient entièrement séchés. Rachel cuisina merveilleusement bien, encore une fois. Comme il faisait encore bon, en ce début de soirée, nous avions dressé le couvert sur sa terrasse, et le repas à bien failli s'éterniser. Nous discutions de tout et de rien, comme à notre habitude. Une abeille est venue nous déranger, à un moment. Il y avait du gâteau, en dessert, mais je ne sais plus à quoi.
Après cela, Rachel est partie s'étaler sur son lit, dans sa chambre, et j'ai fais de même. On avait le ventre plein, des coups de soleil sur le nez, et des étoiles plein les yeux. Nous ne pouvions nous empêcher de sourire.
Elle s'est allongée sur moi, sa tête contre ma clavicule, et j'ai caressé ses cheveux, doucement. Il y avait cette sensation de libertée qui coulait dans nos veines, comme si le monde était à nous. Rachel a capturé mes lèvres, et ne les as plus lâchées. On s'embrassait à en mourir. Je caressais son dos, ses reins, son ventre, son visage. Elle faisait de même. Quelque chose flottait dans l'air. De l'amour, peut-être. On a commencé à retirer nos vêtements, avec passion. Alors j'ai caressé ses jambes, je m'exctasiais de sa peau si douce contre la mienne. On ne se quittait plus, on ne voulait plus se lâcher. Nos coeurs et nos souffles étaient à l'unisson. Je profitais de chaque seconde, de chaque petit cadeau qu'elle me faisait, sans rien dire. Ses sous-vêtements sont partis, les miens aussi.
Ce soir là, nous avons fait l'amour.Avant de m'endormir, j'ai cru entendre une petite voix :
"Cette fois, pas besoin de provoquer le destin, Charlie. Je sais que tu seras avec moi demain.
- Je crois que je t'aime, Rachel."
C'était la première fois que je disais son nom ; elle eut l'air d'apprécier.

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Le Bus
Short StoryIl y a ceux qui prennent le bus tous les jours et à qui il n'arrive rien. Puis il y a ceux qui ne le prennent presque jamais et à qui il arrive des choses merveilleuses, inoubliables. Charlie appartient à la deuxième catégorie. Et Rachel, à une au...