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À peine 6 heures et demi, que j'étais déjà dehors. J'avais peu dormi, cette nuit là. J'avais beaucoup réfléchis, à Rachel notamment. C'était tout de même étrange de commencer à ressentir quelque chose pour une personne dont on ne connaissait que le prénom. Mais cette situation m'allait, bizarrement. Je ne voulais pas la connaître plus que ça. L'issue de cet été était déjà toute traçée.

Je laissai un mot sur un papier que je déposai sur la table, afin de prévenir mon père que je sortai, sûrement pour toute la journée. Je pris de l'argent, et pensai pour une fois à mes lunettes de soleil, même si ce dernier pointait tout juste le bout de son nez. Je pris le bus, encore une fois, et me rendit chez Rachel, en priant pour qu'elle soit réveillée. Quelques minutes plus tard, j'étais devant ses fougères, désormais familières. Je consultai l'heure : pas assez tôt pour que sa famille soit réveillée. Mais je repensai à ce qu'elle m'avait dit la veille ; personne n'était chez elle, lorsque nous, nous étions ensemble. Alors je fis, une fois de plus, confiance au destin : je sonnai à la porte, deux fois. Et quelques secondes plus tard, une Rachel parfaitement éveillée vint m'ouvrir.
"Tu ne dormais pas ?
- Bonjour à toi aussi Charlie. Non, je ne dors pas la nuit.
- Et tu n'es pas fatiguée ?
- Arrêtes donc de poser des questions et entre."
Je m'exécutai, enlevai mes chaussures, et la suivit jusque dans sa chambre. Elle était déjà habillée, mais ne portait pas la même tenue qu'hier.
"J'imagine que tu n'es pas là pour rien.
- J'espère que tu n'as pas pris de petit déjeuner. On mange ensemble ?
- D'accord. Laisse moi prendre de l'argent et j'arrive. Tu peux m'attendre dehors si tu veux, je suis prête à partir."
Encore une fois, je fis ce qu'elle suggéra, et quelques instants plus tard, nous étions dans le bus, en direction de la boulangerie.

Chocolat, café, croissants et une pâtisserie pour elle. Je n'ai pas le souvenir d'avoir passé un si agréable petit déjeuner. Si réveillée, alors qu'elle n'avait pas dormi dela nuit, Rachel n'avait aucun mal à faire la conversation, tandis que je la relançais lorsqu'elle s'essoufflait.
Chacun paya alors sa part, et nous sortîmes de la boulangerie.

J'hésitai a prendre sa main. Finalement, je me résignai, et n'en fit rien ; peut-être était-ce un peu trop tôt pour ce genre de marque d'affection.
Nous marchâmes longtemps, très longtemps, dans des petits chemins peu empruntés, que Rachel avait l'air de connaître par coeur. Les graviers et la terre s'alternaient sous nos pieds, et crissaient sous nos pas. Le paysage était étrangement dégagé. Des étendues d'herbes d'un côté. Et Rachel de l'autre. Des petites maisons modestes ponctuaient notre aventure, ici et là, et parfois, je m'arrêtais pour les regarder.

Il y a de ces beautés que nous n'observons pas suffisamment. Rachel sourait à chaque fois que je me stoppais, et me regardait lorgner ces maisonnettes, qui resteront gravées dans mon esprit.

Rachel me bailla à la figure.
"Je t'ennuie tant que ça ?
- Bien sûr que non. Mais comme je ne dors pas la nuit, je fatigue le jour. On rentre chez moi ?
- D'accord, je te suis."
Alors nous pâssames par quelques raccourcis, et, une demi-heure plus tard, nous étions dans la chambre de Rachel.
"Charlie ?
- Oui ?
- Je peux m'allonger sur toi ?
-... Bien sûr."
Ce n'est pas dans mes habitudes d'hésiter dans ce que je dis, pourtant, de manière involontaire, c'est ce que je venais de faire.

Rachel posa sa tête contre mon ventre, ses yeux bleus tournés vers moi. Ils papillonnaient, et pendant ce temps là, je lui carraisai le creux des reins, doucement. Sa jambe s'emmêlait avec les miennes, et sa main trônait sur mon avant-bras. Elle bailla pour la énième fois, et ses beaux yeux se fermèrent.
Je n'osais plus bouger, de peur de la réveiller, et finalement, je dodelinai de la tête, et le sommeil me gagnant aussi.

Je quittai les bras de Morphée, je ne sais combien de temps plus tard, alors que je ressentais une petite pression sur ma joue.
"Debout Charlie. C'est déjà le début d'après-midi. Tu n'as pas faim ? Je meurs de faim. Viens cuisiner avec moi.
- Je ne sais pas cuisiner. Je n'ai aucun talent pour ça.
- Oh. Tant pis, tu me regarderas faire, et tu me parleras.
- Très bien. Mais je ne te serais pas d'une grande utilité.
- Ce n'est pas grave."
Rachel cuisina quelque chose, et comme promis, je lui fit la conversation pendant ce temps. J'appris que sa mère était sortie hier soir avec des amis, et qu'elle avait promis de revenir en milieu d'après-midi, ce qui expliquait son absence. Rachel cuisinait à merveille, et babillait tandis que je l'observais, en lui posant quelques questions.

Après manger, je dus repartir chez moi. Cela eu l'air de ne faire ni chaud ni froid à Rachel, mais peut être pensait-elle comme moi : je savais que nous allions nous revoir le lendemain. Et, à l'arrêt de bus, lorsque je lui demanda le programme de demain, elle me répondit :
"Je ne sais pas. Je te l'ai dit, je ne prévois jamais rien. Peut-être que nous nous embrasserons, encore une fois."
Je n'eus aucun doute face à ses paroles : Rachel avait toujours raison  et aujourd'hui ne faisait pas exception. Le lendemain, pour la troisième fois, nos lèvres se sont rejointes.

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