Chapitre 1 : Petite Allumette

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- Je tiens à commencer cette réunion en vous présentant Aydan Erlho. Il remplace dès aujourd'hui Franck pour les dépannages et la gestion du parc informatique chez nos partenaires. Bienvenue Aydan.

Un homme d'un peu moins de 30 ans se lève et salue l'assemblée. De stature assez grande, il en impose sans avoir besoin de faire d'effort. Son sourire agrémente son visage d'une chaleur qui donne envie d'aller vers lui. Son métier sans doute, toujours au contact des personnes, lui a permis de développer ces capacités. Mais il y a quelque chose de naturel dans son regard et dans ses gestes.

Tous, dans cette salle de réunion, l'observent. Certains d'un œil peu concentré, d'autres au contraire, avec attention ; d'un œil perçant ou intéressé... Mais tous ont au moins un œil sur lui. Après tout il remplace Pierre qui vient de démissionner suite à un scandale d'ordre adultérin...

- Maintenant, passons au bilan de la semaine... Agnia , nous vous écoutons. Vous étiez en contact je crois avec quelques partenaires possibles. Où en sont ces projets ?

La plupart recentrent leur attention. Lorsqu'il est question d'argent, il est important de suivre. Enfin, cela dépend des priorités de chacun. Certaines collègues exhibent déjà des sourires carnassiers assurant au petit nouveau un accueil des plus personnel.

Et bien les trois sont tombés à l'eau pour le moment par manque de financement. Ils sont intéressés mais notre réponse aux appels d'offre est légèrement au-dessus d'autres entreprise. Nous leur offrons tout de même le meilleur rapport qualité-prix. Les contacts restent actifs jusqu'au dénouement. En revanche, nous avons le contrat Judic. Petit contrat mais partenariat durable...

Les échanges se font durant encore un long moment autour des différents points à l'ordre du jour lorsque la fin est enfin annoncée. Agnia voudrait conclure le dossier Judic avec le patron mais le nouveau, Aydan, discute avec le patron. Le temps de patienter que la place se libère, les yeux d'Agnia se portent sur lui aussi discrètement qu'elle le peut. Elle contemple ses épaules carrées. Elle aurait aimé qu'il lui tourne de dos, il doit avoir un dos en V. L'idée la plonge dans une rêverie studieuse. Elle observe son corps, grand brun, les yeux marron, classique. Mais il est vrai qu'il dégage tout de même un sentiment de force. Il doit faire du sport en dehors du travail. Du rugby ? Elle-même est assez sportive et aime avoir quelqu'un capable de la dominer dans sa force. A cette idée, un léger frisson la parcoure. La conversation est animée, son enthousiasme à l'air communicatif, son sourire entrainant. Elle y découvre une note de séduction. C'est fort d'arriver à placer ce genre de petite touche dans une conversation avec son patron. C'est s'assurer de son accord pour un bon moment. Dans les prunelles d'Agnia brille maintenant une étincelle d'intérêt mêlée d'admiration.

C'est l'instant que choisit Aydan pour regarder dans sa direction et lui sourire. Loin de se décontenancer, elle lui sourit professionnellement puis cherche du regard le big boss qui comprend l'appel. Aussi, conclut-il la discussion et s'approche d'elle pour l'inviter à signer les documents dans son bureau.

Des heures plus tard, Agnia est à son bureau, entourée de pile de documents, classeurs, dossiers, totalement dépitée. Il est plus de 18h et elle pensait partir à 16h30. Mais elle se rassure en se rappelant qu'une fois finie, elle sera en vacances pour une semaine. Elle les attend depuis un moment déjà alors elle s'impatiente. Mais il faut avant tout organiser les dossiers pour ses collègues, ranger les documents à laisser en évidence en cas de soucis, les numéros...

Elle n'a pas une tendance à l'ordre aussi le rangement lui prend un peu de temps pour que les collègues n'aient pas besoin de chercher. Plus le dossier à boucler pour une réunion la semaine prochaine et les dernières données arrivées en fin d'après-midi... Bref, elle est en retard sur son planning et très concentrée.

- Salut.

Agnia sursaute tellement qu'un classeur tombe à ses pieds.

- Je ne voulais pas vous faire peur, excusez-moi. Je partais et j'ai vu que vous étiez encore là, j'étais simplement venu vous souhaiter un bon week-end.

- Merci, j'étais tellement dans les papiers que je ne vous ai pas entendu entrer. Passez un bon week-end aussi. Et encore bienvenu. J'espère que vous vous plairez ici, répond-elle distraitement en ramassant le classeur tordu.

- Je n'en doute pas, répondit-il d'une voix grave qui interpelle Agnia. Bon courage en tout cas, commente-t-il en laissant trainer son regard sur le bureau en désordre.

Agnia rougit aussitôt. Ses collègues étaient habitués et elle n'avait pas eu le sentiment de devoir se justifier depuis longtemps. Mais lorsqu'il pose les yeux sur elle, elle est soulagée par le sourire malicieux qui illumine son visage. Elle lui sourit en retour.

- On s'y habitue avec le temps, assure-t-elle les joues toujours un peu rouge.

- Ça je n'en suis pas certain, répond-il taquin. J'y vais maintenant, à bientôt.

- Oui, à plus tard. Merci d'être passé. »

Lorsque la porte se referme, elle se laisse aller sur la chaise. Elle prit le temps de penser au sourire d'Aydan, son regard évidemment, mais plus que tout, à sa voix. Elle l'imagina un instant l'appeler la nuit et entendre cette voix profonde et grave résonner dans sa chambre... Puis le classeur resté entre ses mains se rappela à son attention. Encore un peu de boulot et elle serait libre de profiter de ses vacances.


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