Première semaine d'octobre
Mon cher Nick,
Depuis le temps que je t'écris, je me doute bien que tu n'as certainement jamais lu, ni même vu l'une de mes lettres. Cependant, je continue d'espérer que tu les verras un jour et je continue de t'en envoyer. Peut-être même as-tu déménagé ? Qu'en sais-je ? Rien. Mais comme un effréné, je continue d'espérer.
Ici, tout a changé. Si tu avais vu nos amis... Tu leur manques aussi énormément mais moins qu'à moi. J'ai besoin de t'écrire cette lettre chaque semaine, elle me prouve que tu es toujours vivant, que, quelque part dans le monde, tu es toujours là même si ce n'est pas à mes côtés que tu te trouves.
Je me souviens de la fois où nous étions allés dans une librairie. Tu te souviens, celle du coin de la rue ? Tu avais absolument besoin d'un nouveau roman. Tu voulais l'offrir comme cadeau à ta sœur.
À cette époque, elle avait 16 ans. Tu t'étais dirigé vers le rayon pour adolescents sans même devoir demander où il se trouvait. Tu sortais chaque livre qui te plaisait et à la fin tu avais une tonne d'exemplaires sur les voitures ou encore sur des personnages pouvant se transformer en toute sorte de chose. Cela faisait beaucoup de lectures au total, mais pas une seule qui lui plairait. Finalement, tu as demandé à la vendeuse qui t'a conseillé un roman policier connu. Tu avais l'air tellement soulagé que l'on te vienne en aide, tes yeux étaient à nouveau animés d'une lueur d'espoir.
Tu te demandes sûrement pourquoi je te parle de cela ? Et tu as raison, cela n'a pas vraiment de sens mais j'aime me rappeler nos souvenirs communs. Moi ? Je t'avais accompagné car j'aimais passer un maximum de temps avec toi. Ce serait sûrement encore le cas si tu étais là.
J'y suis retourné aujourd'hui, dans cette librairie. J'ai su trouver le rayon moi aussi, mais il m'a paru bien moins intéressant sans toi.
Ici, les feuilles commencent à tomber tout doucement des arbres. J'ai appris ce matin que, contrairement à ce que j'espérais, tu ne viendrais pas pour les vacances qui arrivent. Je serais bien venu moi-même mais ce genre de vol coûte cher et nous n'avons pas tous la chance d'avoir un père architecte, connu partout dans le monde, étant d'ailleurs la raison pour laquelle tu es parti. Et puis, je ne suis même plus sûr de ton adresse actuelle. Du moins, c'est ce que je suis venu a pensé à force de ne recevoir aucune réponse.
Si tu m'avais demandé mon avis, ce qui n'est pas le cas, je t'aurais invité chez moi ou alors on aurait pu allez tous les deux chez toi mais cela, je ne suis pas sûr que nos parents auraient accepté. Et ta sœur ? Elle voulait absolument venir avec vous, je le sais, mais je suis sûr et certain que, si tu lui avais demandé de rester avec toi, elle l'aurait fait. Qu'est-ce que tu veux, tu es son petit frère adoré.
Les semaines passent lentement sans toi. Tout passe lentement sans toi, la moindre seconde, le moindre minuscule petit instant. Je m'ennuie tout seul. Bien sûr, nos amis sont là mais je suis devenu tellement froid que je pense les effrayer. Cela ne fait qu'un mois et onze jours que tu es partis. Pour moi, il s'agit du temps que je n'aurais plus à revivre sans toi et j'ai l'impression que cela fait déjà tellement plus longtemps.
Tu manques à tellement de personnes. Reviens nous vite s'il te plaît.
Ton meilleur ami, Nat.
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Manque [BxB]
RomanceNat écrit des lettres chaque semaine adressées à son meilleur ami. Ce dernier est parti pendant un an à l'autre bout du monde, laissant Nat seul avec ses doutes. Chaque lundi, une nouvelle lettre, mais ce que Nat ignore c'est que le destinataire le...