Manque [BxB]

2. Deuxième lettre

Deuxième semaine d'octobre

Nick,

Encore une fois, tu ne m'as pas répondu... Mais que dois-je faire ? Continuer d'espérer ou non ? Ici, le mauvais temps arrive, les jours raccourcissent et le vent revient. Les gens commencent à ressortir les gros manteaux et à enrouler des écharpes autour de leurs cous.

Cela me rappelle l'époque où tu as eu ton premier amour. Elle était jolie, les cheveux bruns et les yeux marrons. Tu te vantais tout le temps d'avoir eu ta première copine avant moi. Cela n'a pas changé depuis d'ailleurs, je n'ai eu qu'un petit jeu de drague pendant l'été, peut-être a-t-il duré deux semaines mais rien de concret finalement. Peut-être est-ce parce que je suis froid avec tout le monde sauf toi ? Que je décourage quiconque m'approche ?

Tous nos amis le disent. Jusque-là, tu les détrompais, mais depuis que tu es parti, je n'ai plus la force de le faire moi-même. Je n'ai plus la force de faire grand-chose d'ailleurs. J'ai l'impression de partir un peu à chaque instant... qu'un bout de moi se perd dans cet univers à chaque minute qui passe, chaque seconde... Un trou se creuse en moi et tu étais le pansement qui le recouvrait, lui permettait de se soigner. Depuis que tu n'es plus là, il est sans protection et s'agrandit à chaque instant... Lorsqu'on t'enlève d'un coup un pansement et que tu n'avais que lui, que, en plus, tu ne le retrouve plus, non seulement la plaie se retrouve à l'air libre et peu s'infecter à tout moment, mais il faut aussi y ajouter le contour de la plaie qui devient douloureux aussi sur l'instant. Eh bien moi, cette douleur dure. Cette sensation de vide aussi.

Sans oublier que le début d'année difficile n'a rien arrangé, je deviens plus stoïque chaque jour...

Je ne veux pas donner l'impression de me plaindre tout le temps mais je pense que parfois, il faut se laisser aller et faire tomber sa carapace si difficilement construite. C'est ce que je suis en train de faire et tu sais que j'ai mis beaucoup temps pour rendre le plus imparable possible la mienne. Tu sais que ce n'est pas dans mes habitudes. Je pense même que c'est la première fois que j'en parle aussi ouvertement, sans mettre de barrières, sans faire attention, sans corriger après pour être sûr qu'on ne saura rien de moi. Je vais corriger les fautes bien sûres, mais pas les mots, je vais les laisser comme je les ai écrits la première fois. Oui, tu as bien lu, je ne vais pas retoucher mon texte pour que tu ne saches que ce que je veux bien laisser paraître.

Je passe devant chez toi une fois toutes les semaines en espérant que tu seras revenu pour une raison ou pour une autre. Je ne peux m'empêcher de l'espérer... Cependant, j'espère plus encore que tu vas bien et que tu passes de bons moments, toi.

Chaque jour, les arbres deviennent de plus en plus orange et perdent leurs feuilles. Cela me rappelle la fois où nous avions disposé une feuille sur les besoins d'un chien et que ton voisin que, à cette époque, tu détestais, avait marché pille dessus. Nous avions dû passer une semaine sans nous voir...

Les feuilles jonchent le sol de toutes les rues. La neige ne devrait plus tarder d'après les infos. Je n'aime pas regarder la météo à la télé et pourtant cela m'occupe un petit moment chaque jour. Pourquoi ? Je ne trouve plus rien qui m'intéresse, je ne me concentre plus bien et mes parents commencent à s'inquiéter mais cela leur passera... du moins j'espère.

À force, je me dis que si tu ne veux pas me répondre c'est parce que c'est à cause de moi que tu es parti. Je ne l'espère pas mais si c'est le cas, je suis désolé de t'avoir fait je ne sais quoi. J'ai envie de te voir, de te serrer dans mes bras, si seulement tu savais, si seulement tu étais avec moi.

Comme chaque fois, j'espère que tout va bien pour toi et que tu me répondras. Je continue d'espérer... toujours. Ça en devient ridicule. Je suis peut-être bête de continuer de t'écrire alors que cela ne sert à rien mais tu étais et es toujours mon meilleur ami, enfin je l'espère... Est-ce une raison suffisamment valable pour toi ? De mon côté, c'est le cas.

Ton Nat.