Rainy Days (Jughead)

#12 Peaux marquées

• Rain Austin

Cruche comme j'étais, je tombai avant d'avoir réussi à descendre la totalité du mur et mes coudes se fracassèrent contre le sol, sans pour autant faire beaucoup de bruit. Il pleuvait dehors et une odeur métallique se mélangea à celle douce et agréable de la pluie. Je saignais. Mon premier reflex après m'être redressée fut que plier mes bras et mes jambes pour m'assurer que je ne m'étais rien cassé. Heureusement, tout allait bien ; mais mes coudes étaient tout les deux en sang, tout comme mes paumes et mes genoux. J'étais dans un piteux état, mais j'allai y survivre. Au loin, je vis la silhouette arrêtée, me regardant. Mais à peine avançai-je qu'elle fit de même.

-Jughead ! Jughead Jones !

Il ne répondit pas.

-Jughead ! Jughead...

Un sprint désespéré me permit enfin de le rattraper. Je me heurtai contre lui, ne contrôlant presque plus mon corps. Il remarqua le sang sur moi, et maintenant sur lui, et esquissa une moue de surprise avant d'essayer de paraître neutre.

-Tu devrais rentrer désinfecter ça.
-Pourquoi Jughead ?! Qu'est-ce que j'ai fait ?
-Tu es tombée...?
-Tu sais très bien que je ne parle pas de ça... S'il te plaît. Pourquoi est-ce que tu me repousse comme ça ?
-... Pour éviter de te blesser par la suite...
-Pourquoi est-ce que tu me blesserai, Jughead ?
-Parce que c'est ce que je fais, avec tout le monde. Ma mère, ma sœur, mes amis. Tout le monde. Alors pas toi, Rain.
-Et pourquoi pas ?
-Pourquoi pas ?
-Oui, pourquoi pas. Pourquoi est-ce que tu m'empêche d'être blessée par toi...?

Il semblait confus.

-Toute les relations blessent. Et alors ? Et si j'avais décidé d'être blessée par toi plutôt qu'un autre ?!
-Rain...
-Laisse moi être putain de blessée et laisse moi... juste...

J'étais à bout de souffle, d'arguments et d'idées pour défendre mon cas... La pluie lavait mes blessures et faisait couler mon sang par terre. Pourtant, je sentais à peine cette sensation de brûlure qui irradiait mon corps... Trop préoccupée par mon cœur battant la chamade et pas mes joues rougissantes.

-Rain, je suis différent, un paria. Pourquoi est-ce que tu voudrais être blessée par ça ? Pourquoi tu t'attaches à moi ?! Pourquoi, Rain ?! Pourquoi ?!

D'un revers de manche, il balaya la pluie qui dégoulinait de son visage. Ça fit frissonner mon dos, pour une raison qui m'échappait.

-Parce que... Parce que tu es la première personne qui me fait me sentir un minimum normale ! La première personne qui fait battre mon cœur pour quelque chose d'autre que de l'anxiété. La première putain de personne qui me donne l'impression que ça va aller mieux.

Il resta silencieux, respirant fortement, les bras ballants. Quant à moi, j'étais dépitée. Je pensais vraiment que j'avais trouver quelque choses, en le trouvant...

-Voila pourquoi... Désolé que ça ne suffise pas.

Puis je fis demi tour, les larmes brûlant mon visage et tout mon corps encore plus que mes blessures.

-Rain.

• Jughead Jones

Qu'est-ce que je faisais ? Je m'étais promis de ne pas m'attacher à elle et, surtout, de ne pas la laisser s'attacher à moi... Et me voila qui l'empêchait de faire le bon choix : de partir en me laissant derrière elle.
Elle se retourna et, sans que je ne contrôle mes actions, mes mains saisirent sa taille et je la tirai contre moi presque violemment pour l'embrasser. Ses cheveux étaient collés sur son visage et je fis de mon mieux pour les éloigner sans pour autant la laisser se détacher de moi. Je sentis à peine ses mains serrer mes épaules et ma nuque tant j'étais paralysé par le froid.
Je crus qu'elle allait s'éloigner de moi et partir, me laissant encore plus gelé, mais elle ne se sépara de moi qu'un instant pour saisir ma main et la serrer dans la sienne.
Nous titubâmes jusqu'au portail de son entrée sans pour autant se séparer d'un centimètre. Elle m'attira sous un endroit couvert et passa à nouveau ses mains dans ma nuque. Nous étions au sec et pourtant des goûtes de pluie trempaient encore nos visages.
Jamais je n'avais ressenti quelque chose d'aussi passionné, fougueux et rapide. Je n'étais plus la même personne à ce moment là. Mes mains semblaient trouver instinctivement leur place autour de sa taille, dans son don, sur son cou... J'étais pétrifié et téméraire en même temps.