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Chapitre 1 - How Far I'll Go

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Je ne sais plus à quand remonte cette décision. Je ne sais plus quand j'ai décidé que j'allais faire ça. Je ne sais plus quand j'ai choisi de donner un autre sens à ma vie.

Parfois, dans les moments de doutes, je m'assieds là, seule, sur le rebord de mon lit et je ressors cette vieille boîte à chaussures. Ma boîte à souvenirs. Des souvenirs parfois douloureux et parfois heureux. Mais des souvenirs importants. Je les sors de la boîte et les regarde. Ne serait-ce qu'une serviette d'un restaurant, un petit mot doux, une photo qui me rappelle à quel point certains moments ont plus compté que d'autres. Je les regarde et je trouve alors la réponse à ma question.

J'ai décidé de changer de vie, il y a quelques mois de cela.

Quelques mois, déjà.

Mon dieu. Cela veut dire que ça fait plusieurs mois que lui et moi n'avons pas parlé. Je présume que nous ne pouvons rien y faire. Nous ne pouvons plus rien y faire. Nous avons aimé et chéri du plus profond de nous-mêmes ces moments passés ensemble mais maintenant, je crois, qu'il est temps de tourner la page. D'écrire une nouvelle histoire.

Pas la nôtre mais la mienne.

Trop longtemps j'ai été dépendante de lui. D'eux. Trop longtemps je n'ai fait que vivre en me raccrochant à lui et à ses mots. Toujours justes, toujours profonds. Toujours vrais. Je me suis accrochée et j'ai tenu bon pendant plus d'une tempête et puis, au bout du coup, j'ai fini par lâcher.

Je l'ai lâché.

À présent, quand j'y repense, quand je repense à notre histoire, je me dis que ce n'est pas plus mal. Que lui comme moi, avions besoin de cette liberté qui nous manquait tant. Celle que l'on ne s'accordait pas à avoir parce que nos décisions étaient faites en fonction de l'autre. Parce que nos vies étaient rythmées en fonction de l'autre.

Un autre que l'on a trop aimé. Aimé à s'en brûler.

Mais nous ne regrettons rien et même si, dorénavant, nous avons cessé les contacts, nous gardons un œil, un tout petit, sur l'autre malgré tout. Remercions les réseaux sociaux pour nous permettre ceci.

Si vous vous demandez ce qu'il est advenu de ma vie depuis la dernière fois, je vous dirais que tout a changé et rien à la fois. Je vous mentirais comme je vous dirais la vérité.

Parce qu'après tout, ça ne fait pas si longtemps que ça.

Depuis cette toute dernière fois où nous avons échangé vous et moi, Savannah a quitté l'appartement pour partir vivre chez Raphael. Je crois qu'elle m'en veut pour la façon dont ça s'est fini entre Caleb et moi. Je ne peux pas le lui reprocher.

Joey a planifié une suite à son histoire, déjà bien attendue, et je pense qu'il connaîtra encore un grand succès. Il a pas mal de lectrices ou de fans. Je ne sais pas comment les appeler.

Alexis a ouvert deux nouveaux salons en ville. Il est donc... occupé, mais nous continuons à nous voir. Moins souvent mais nous essayons tant bien que mal.

Nicolas... Nicolas et moi sommes couramment en contact. Ensemble. Nicolas et moi, travaillons ensemble depuis le succès qu'a rencontré la dernière publicité de son agence. C'est assez étrange car après m'être débarrassée d'un Lonford, en voilà un autre qui prend racine dans ma vie et maintenant que j'y pense, ça ne me gêne pas plus que ça. On se dispute, souvent, non, tout le temps, mais on arrive à s'y mettre quand c'est nécessaire.

Et enfin... Caleb.

Caleb et moi... C'est fini. Enfin, c'est ce que l'on aimerait se dire lui et moi. C'est ce que l'on proclame haut et fort mais nous sommes tout bonnement incapables de nous revoir et nous savons tous les deux pourquoi. Alors pour se « concentrer », Caleb prévoit un nouveau défilé qui l'emmènera certainement vers de nouvelles contrées... lointaines et je ne doute pas que Pauline l'accompagne. Encore. Je ne suis pas jalouse ou tout du moins, je ne le suis plus. Je le laisse vivre sa vie. La vie qu'il mérite. La vie d'un Lonford. Toujours mouvementée, toujours brassée, toujours épiée.

Quant à moi, je commence à connaître ça aussi. Dans tous les sens du terme et ça ne me déplaît pas pour l'instant. J'ai décidé d'abandonner mes études en psychologie après m'être battue avec un professeur et lui avoir jeté un classeur à la figure. Bon, ok, ce n'est pas la raison, je rêvais terriblement de le faire et je l'ai fait en mon âme en conscience. Et c'est en quittant l'université que je me suis mise à travailler plus souvent avec Nicolas. Ou pour Nicolas, tout dépend du point de vue. Disons qu'en attendant que je trouve réellement quoi faire de ma vie, il est ma bouée de sauvetage qui me permet de payer mon loyer.

Aussi, suivant les conseils de Joey, concernant les aventures de « Miss Kilos », j'ai commencé à les mettre en ligne. Vous savez, sur internet. Je pense que c'est ainsi que vous m'avez trouvée non ? Au début, j'avais un peu peur mais je vois que je ne suis pas ou plus la seule « Miss Kilos » du coin et quelque part, je ne sais pas si je dois en être fière, en rire ou en pleurer. C'est un peu comme les élections présidentielles.

Maintenant, je crois, que vous savez tout. Du moins, tout ce que j'ai bien voulu vous dire car oui, il s'est passé bien des choses malgré tout. Il s'est passé des choses avec « lui » et aussi avec « lui »... mais aussi avec « lui », ce qui ne me rend pas spécialement fière de ma situation, ni de ce que je fais de ma vie en ce moment. C'est sûrement pour ça que je reviens maintenant, vers vous. J'ai besoin de me confier. J'ai besoin de le dire. De dire que je fous ma vie en l'air. J'ai besoin de le crier.

— Alors Ursula, encore à rêvasser au lieu de bosser ? Je vois que le dossier que j'ai posé sur ton bureau est toujours là depuis ce matin. Tu m'expliques ce que tu fous ?

Rien, rien...

Je me parle à moi-même comme une personne parfaitement saine d'esprit. On dit qu'il est bon de demander l'avis d'un expert. Alors je me le demande : que vais-je faire ?

— Tu fais quoi ce soir ?

— Pourquoi ? Tu veux que l'on fasse un truc ?

— Toi et moi ? Improbable. J'allais plutôt te dire que cette charmante couleur rouge t'attend. Tu vois ? Rouge. Rouge parce que c'est important.

— Et en plus tu me prends pour une débile...

— Ah parce que tu n'en es pas une ? Je suis déçu.

Vous voyez. Nicolas n'a pas changé. Plus odieux que jamais mais j'ai l'habitude maintenant. Je le laisse cracher son venin et quand il pense que c'est la « mi-temps », c'est moi qui l'attaque. C'est une sorte de nouveau jeu.

— Au fait ! Depuis quand je suis devenue ta secrétaire, Nicolas ?

— Ah non, tu ne l'es pas. D'une tu n'es pas assez douée pour, de deux, tu n'as pas une ombre de qualifications et de trois... Les secrétaires passent sous le bureau, Alexandra. Toi, tu n'y arriverais même pas.

Enfoiré.

Je lui balance une boule de papier tandis qu'il referme la porte de son bureau dans un rire hilare.

Oui, rien n'a changé en quelques mois.

À part que je bosse pour un Lonford tout à fait ignoble.

Je pense que je devrais m'y faire. Troquer le gentil contre le méchant. Le bon contre le truand. Tout ça relève d'un choix que j'ai fait à un moment donné. Pourquoi m'en plaindrais-je ?

Mais une étude scientifique ne dit-elle pas que se plaindre est bon pour la santé ?

— NICOLAS LONFORD, TU ES IGNOBLE !

— Je sais, c'est pour ça que tu m'aimes !

Je ne relèverai même pas. 

Miss Kilos 3 - La ronde finaleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant