Miss Kilos 3 - La ronde finale

Chapitre 3 - We Don't Talk Anymore

Je commençais tout juste à apprécier le calme et la sérénité que m'offre mon appartement depuis le départ de Savannah. Je n'ai plus le droit à ses remarques désobligeantes, ni à son regard qui juge le moindre de mes faits et gestes et encore moins à ses grands cris hystériques qu'elle pousse quand j'ose mettre un jean bleu foncé avec un chemisier rose pâle.

C'est calme. Silencieux.

Vide.

Je n'ai jamais été vraiment seule comme je le suis depuis quelques mois. Avant, tous les jours, je voyais quelqu'un, je discutais de tout et de rien. Je ne m'ennuyais point.

Mais maintenant tout est différent et je présume que c'est ce que l'on appelle « Rentrer dans l'âge adulte ».

« L'âge adulte » c'est un peu le grand saut. On vous laisse aux commandes de votre propre vie, en vous donnant des instructions que vous n'avez que peu ou pas du tout écouté et on vous dit avec un grand sourire « Allez maintenant, débrouille-toi ». À vous de faire vos propres choix. À vous de décider ce qui semble bon ou mauvais. À vous de faire vos propres compromis.

À vous d'essayer de survivre tant bien que mal dans l'immensité que vous offre la vie.

J'ai donc essayé. J'ai essayé de marcher seule. Je suis tombée. Je suis tombée tellement de fois que mes genoux ne sentent plus rien maintenant, ils sont trop abîmés pour. Je suis tombée et je me suis relevée. Je me suis relevée en m'accrochant à une main.

Je me suis relevée en m'accrochant à quelqu'un.

Et puis les choses ont changé.

Nous avons appris la vérité.

Lui et moi, nous avons appris qu'en réalité, rien n'est dû au hasard alors nous avons fait un doigt à la vie et nous avons poursuivi nos chemins, séparément.

— Je suis tellement fatiguée de tout ça...

Fatiguée de recommencer encore et encore la même histoire. On ne fait jamais les erreurs une ou deux fois, non. On les fait cinq ou six fois histoire de s'assurer que c'est bel et bien une erreur et je crois que moi, j'ai même explosé ce chiffre. Ma vie, par moment, est une plaisanterie.

Soudain, affalée sur mon lit, j'entends quelqu'un frapper à ma porte.

Une fois.

Deux fois.

Trois fois.

— J'arrive !

C'est sûrement Nicolas. Il ne se donne même pas la peine de s'annoncer quand il vient jusqu'ici.

— Qu'est-ce que tu veux encore... ?

À peine ai-je fini de hurler ma phrase en ouvrant la porte qu'une tout autre silhouette fait son apparition.

— Bonjour, Alexandra.

Caleb Lonford en personne. J'aurais dû m'en douter. Si ce n'est pas l'un, c'est l'autre.

— Je peux entrer ?

Je ne lui dis rien et me contente de m'écarter pour lui laisser le champ libre. Cela fait des mois que Caleb et moi avions cessé tout contact. Des mois sans se parler. Sans prendre de nouvelles. Sans essayer de « discuter » de tout ce qu'il s'est passé.

Des fois à essayer de s'oublier, alors qu'on a mis si peu de temps à s'aimer.

— Est-ce que je te dérange ?

— Non, non...Pas du tout.

En quelques mois, il a changé. Il a les cheveux plus courts. Sa carrure aussi a changé, elle fait plus musclée ou alors c'est juste le tee-shirt moulant avec un col en V qui donne cette impression. Il paraît plus grand de quelques centimètres aussi.