Chapitre 1

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L'heure tourne, elle n'arrête pas de regarder son téléphone. Elle ne cesse d'appuyer sur le bouton sur la tranche de son IPhone pour regarder l'heure. Elle lève souvent la tête, elle la voit assise près de la sortie. Il est l'heure pour Zelda de partir, de rentrer chez elle pourtant, elle ne se sent pas capable d'aller la voir pour lui demander de partir. Elle souffle légèrement. Aborder des inconnus n'a jamais été son fort, elle n'a jamais fait le premier pas vers une nouvelle personne quitte à rester seule. La solitude, elle ne l'a que très rarement connu, elle savait qu'elle n'était pas seule, mais c'était avant. Elle inspire et expire fortement et s'avance vers la brune assise à côté de la porte. C'est souvent qu'elle la voit, pourtant, elle ne lui a jamais adressé une parole et lui a toujours imaginé une vie lorsqu'elle est de l'autre côté de la caisse. Zelda, elle la regarde souvent, mais la brune ne détourne jamais le regard de la pile de vinyles qui se trouvent devant elle. Elle se demande bien ce à quoi elle peut penser.

-Bonsoir, dit-elle d'une voix assurée.

La brune ne détourne pas le regard, elle ne lui répond même pas. Cela a le don d'énerver Zelda. Intérieurement, elle se calme, elle se dit que ce n'est pas la peine de s'énerver, que cela va lui créer plus de problèmes qu'elle en a déjà. Si la brune vient à se plaindre à son patron, c'est à son travail qu'elle pourra dire au revoir et elle croulera sous les dettes. Sur le coup, en regardant la non-réaction de la femme, elle se demande si elle ne devrait pas poser sa main sur son épaule comme pour lui faire remarquer qu'elle est là, pourtant, elle n'ose pas. Et si ça lui faisait peur ? Elle ne veut pas lui faire peur, de plus, elle ne veut pas la toucher, elle n'est pas tactile, elle ne sait pas comment la femme en face d'elle pourrait le prendre.

-Excusez moi, je vais devoir fermer. Est-ce qu'il...

-J'aime cette chanson, dit la brune, lui coupant la parole.

Zelda lève les sourcils, se demandant si elle n'avait pas rêvé ce qu'il venait de se passer. Déjà, la brune ne la salue pas, ne lui répond pas et elle se permet de lui couper la parole. Puis l'attention de Zelda se fait sur la musique. Elle aime aussi cette chanson, une musique d'amour « Everything I Do, I do it for you » de Bryan Adams. Elle avait adoré le film qui allait avec cette chanson. Elle soupire et finit par se dire que la brune partira à la fin de la chanson. Elle se retourne pour aller à la caisse, pour commencer à éteindre les lumières et elle finira par éteindre la musique, mais la voix de la brune se fait à nouveau entendre, une voix douce, mais qui pourrait paraître autoritaire dans sa façon de lui faire sa demande.

-Dansez avec moi.

Zelda s'arrête net, elle ne sait pas comment réagir. Doit-elle accepter la danse ? Pourquoi même danser ? Elles ne se connaissent pas. Elle se retourne vers la brune qui la fixe. C'est la première fois qu'elle voit son visage de face. C'est une petite mine qu'elle voit sur le visage de la brune. Un léger maquillage habille ses yeux, elle n'a pas l'air de passer beaucoup de temps dans la salle de bain le matin se dit Zelda en voyant les cernes de la brune.

-Vous partez si je danse avec vous ?

La brune acquiesce de la tête puis se lève. Plus elle s'approche, plus le cœur de Zelda bat fort. Elle ne sait pas quoi faire, ni comment s'y prendre. Ses bras le long du corps, ça a l'air mal parti pour danser. Les mains de la brune attrapent les siennes. De la main droite, elle colle la main gauche de Zelda contre son dos, cette même main vient se placer sur l'épaule de Zelda. Elles sont proches ce qui rend la blonde mal à l'aise. Elle respire fort, la brune l'entend. Un sourire se dessine sur son visage alors que celui de Zelda est crispé. Elle ne sait pas danser, elle le sait, elle galère à suivre les pas de son partenaire. Ce sont les jambes de la brune qui se collent à celles de la blonde pour l'accompagner dans le mouvement. Zelda se laisse faire, sa partenaire a l'air plus expérimenté qu'elle dans ce domaine. Soudain, un sourire apparaît sur le visage de la blonde qui repense à son mariage. Son mari l'avait obligée à danser avec lui comme le voulait la tradition, mais elle n'a jamais réussi à coordonner ses jambes avec son cerveau. La danse avait été un désastre par sa faute, mais tout le monde avait ri. La brune entend un rire sortir de la bouche pincée de sa partenaire. Elle pose sa tête contre celle de Zelda. Le stress remonte en elle, ne se sentant pas à l'aise avec leur proximité physique. Quand les pas de Zelda sont faux, elle la reprend doucement, revenant en arrière pour lui montrer une nouvelle fois la façon de faire. Même si elle n'est pas à l'aise, qu'elle n'y arrive pas vraiment, elle absorbe facilement les différents pas et ça devient fluide entre elles. Quand la chanson se finit, la brune la laisse se séparer d'elle. Zelda la regarde, elle a les yeux rouges. Pendant qu'elle riait à son mariage raté, sa partenaire pleurait en silence. Le silence entre elles devenait pesant. Zelda ne sait pas quoi faire, lui prendre la main pour la rassurer alors qu'elles ne se connaissent pas ? La laisser en plan ? Lui demander de partir comme était fait le deal ? La brune a le regard baissé vers le sol, ne voulant pas faire de nouveau face à la blonde. Elle tourne les talons et commence à partir. Ça soulage Zelda de la voir faire ça, mais elle se sent coupable sur le coup de la voir partir triste.

-Attendez moi. Vous n'allez pas bien, je ne peux pas vous laisser repartir comme ça. Laissez moi vous raccompagner.

La brune s'arrête nette. Les battements de cœur de Zelda ralentissent peu à peu, elle va éteindre la musique et les lumières et elles peuvent partir. Sur le trajet, Zelda remet bien son écharpe pour ne pas attraper froid. La brune n'a qu'un manteau sur le dos. Elle se demande si elle n'a pas froid à cause du vent. Elle lève souvent la tête pour la regarder, contrairement à elle qui a deux pas d'avance sur son accompagnatrice et qui fixe le sol. Elle ne sait pas si le fait qu'elle la suive la ravisse.

-J'ai embrassé mon fiancé sur cette chanson la première fois. On était au bal de promo. Mon dieu que c'est stéréotypé mais il m'a dit qu'il m'aimait sur cette chanson et on s'est embrassé, dit la brune en brisant le silence de la nuit.

Zelda ne lui répond, ne sachant pas quoi dire. Après tout, elle ne sait même pas comment elle s'appelle alors elle n'a pas à aller chercher des choses sur la vie de la brune qui ne la regarde pas. Le silence se fait à nouveau pesant quand elle remarque que la blonde n'a pas parlé. Après tout, ça ne devait pas être le moment pour le dire.

C'est après une dizaine de minutes que la brune s'arrête devant une maison, une grosse maison, Zelda devine qu'elle doit avoir un grand jardin où l'on peut faire jouer les enfants avec les animaux. Elle s'imagine que son fiancé qu'elle a embrassé sur la chanson de leur danse est en train de dormir dans leur lit, qu'elle va le rejoindre et qu'elle s'endormira à côté de lui. D'un coup, elle ouvre grand les yeux. Que fait la brune tous les jours à la boutique si elle a un homme qui l'attend chez elle ?

-J'habite ici. Merci de m'avoir raccompagnée, vous n'étiez pas obligée.

-Ne vous inquiétez pas, ça m'a fait plaisir. J'ai personne qui m'attend à la maison, j'ai le temps.

Les yeux de la brune se mouillent instinctivement. Elle remercie les lampadaires d'être loin d'elle pour pas qu'elle montre qu'elle pleure. Elle essaie de se reprendre, remercie encore une fois Zelda.

-C'est quoi votre prénom ? Demande Zelda. Dans la nuit, sa parole se fait emmener loin d'elles.

-La brune se racle la gorge avant de lui dire, Sandy.

-Bonne nuit Sandy.

-Bonne nuit Zelda.

Son cœur loupe un battement quand elle se rend compte qu'elle connaît son prénom. Sûrement qu'elle a dû l'entendre à la boutique. Même si elle a le regard vide, elle doit écouter ce qui se passe autour d'elle. Zelda reste plantée au milieu du trottoir le temps que Sandy rentre chez elle. La blonde ne part que lorsque la brune ferme la porte de chez elle. Elles ne sont pas échangée de regards avant de se quitter. Elles n'en ressentaient pas le besoin. Zelda sort de la poche arrière de son pantalon un paquet de cigarettes. Elle en prend une, sort son briquet, elle l'allume et la porte à ses lèvres. Elle en mourrait d'envie dès qu'elle était sortie de la boutique, une vieille et vilaine addiction qu'elle avait reprise récemment. C'est bête, elle avait fait des efforts pour ne plus y toucher pendant sa grossesse. Elle n'y avait pas touché depuis huit ans et il a fallu qu'elle se retrouve seule, ici, à Londres pour que ça lui revienne. A croire que l'on n'oublie jamais ce qui nous a aidés à nous en sortir à un moment. Mais elle ne voulait pas fumer à côté de Sandy, elle ne savait pas quelle est sa relation avec la cigarette. Zelda commence à partir. Sandy, à sa fenêtre la suit du regard, comme si elle vérifiait que rien ne lui arrive.

Danser dans le noirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant