Chapitre 9

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Une semaine, juste, sept jours et voilà qu'elle doit rentrer chez elle, à Londres. Elle va quitter Paris, une nouvelle fois, mais pas dans le même état d'esprit. Elle n'est pas en colère contre le monde entier, elle est juste triste de partir, triste de laisser ses parents avec qui elle a passé une si bonne semaine, triste de laisser derrière elle sa meilleure amie, avec qui elle a très peu parlé depuis leur nuit, juste un café avant que Marie n'aille travailler. Zelda s'est excusée de ne pas être revenue, elle était tellement perdue, partagée entre deux amours et elle avait besoin de se mettre d'accord. C'est automatiquement qu'elle avait redit à son amie la phrase de sa mère. Il est impossible d'avoir des sentiments pour une deuxième personne quand on aime vraiment la première. Depuis qu'elle lui avait dit cela, ça lui torturait l'esprit, elle était complètement d'accord. En plus, que la première personne a fait une croix sur elle. Ce séjour lui a été réparateur, elle était fixée sur ce qu'on pense d'elle et sur ce qu'elle doit penser des autres, surtout ce qu'elle doit penser de Sandy. Elle lui a manqué, elle a pensé à elle pendant cette semaine, même quand elle était dans les bras d'une autre. Elle est amoureuse Zelda, amoureuse de Sandy. Elle ne la connaît pas, mais elle aime beaucoup de choses en elle, sa façon de parler, de marcher, de poser sa main sur la sienne quand elle lui parle. Même si elles se fuient, elles s'attirent. Elles veulent passer du temps ensemble, même si Zelda est maladroite dans ses mots.

La voiture bouclée, elle rentre une dernière fois dans la maison pour dire au revoir à ses parents. Depuis une dizaine de minutes, elle n'arrête pas de courir partout pour rassembler ses affaires, car elle a l'impression d'en avoir mis dans toutes les pièces alors qu'elle n'a même pas défait sa valise. C'est juste cette impression qui la perturbe, ce n'est pourtant pas perdu chez ses parents. Mais là, elle va partir, c'est bon. Enfin, elle est plantée à la porte du salon et attend. Attendre quoi ? On ne sait pas, même pas elle, tout ce qu'elle sait, c'est qu'elle ne veut pas partir, en plus sans son fils. Sa mère s'approche d'elle et la prend dans ses bras.

-Je ne veux pas te virer de la maison, mais il faudrait que tu partes sinon tu vas devoir rouler la nuit et je ne vais pas pouvoir dormir.

-Je vais y aller.

Ensemble, tous les trois, ils sortent dehors. Zelda prend ses parents dans ses bras puis elle monte en voiture, elle ne regarde pas derrière avant de mettre le moteur en route, elle ferait style qu'elle pense avoir oublié quelque chose pour rester un peu plus longtemps ici alors que tout le monde saurait qu'elle ment, qu'elle n'a rien oublié. Un dernier au revoir de la main par la vitre ouverte et elle est partie pour plusieurs heures de solitudes. Faire de la route seule ne l'enchante pas, elle sait qu'elle va s'ennuyer et que la dernière heure va être la pire.

...

Sandy, elle s'est levée tôt en ce samedi matin. Elle n'a jamais aimé se lever tard, elle n'a jamais compris comment on pouvait se lever vers midi. Elle a besoin de profiter de la journée entière. À l'école de danse où elle était inscrite, on les faisait se lever tôt le matin pour une meilleure souplesse, elle a gardé cette habitude même si la souplesse n'est plus là, même si son corps refuse qu'elle danse comme avant. Elle met un gilet sur ses épaules, car elle trouve qu'il fait froid dans sa grande maison. Pourtant, quand elle ouvre les volets, elle voit qu'il y a un grand soleil dehors, mais il est rare qu'un soleil d'avril chauffe beaucoup, surtout à Londres. Mais ça lui fait un bien de vitamine D, depuis quelques jours, il ne faisait que pleuvoir et ça l'a déprimée. Elle referme ses volets après avoir laissé l'air rentrer chez elle pour tuer tous les microbes qu'il peut y avoir. Elle s'avance dans sa maison. Dans son salon, elle va vers sa platine. Elle en est fière de sa platine, de son achat. Elle l'a reçu la veille après l'avoir commandé sur internet. Elle n'avait pas envie de faire les magasins, ni de demander l'avis à quelqu'un du magasin, elle s'est fiée aux avis sur internet et ce n'est pas plus mal. Elle l'allume. Elle avait hésité à l'acheter, mais voir son vinyle, seul, posé sur un meuble lui faisait du mal, elle voulait l'écouter, elle voulait se sentir proche de Zelda. La chanson tourne dans la maison, on a l'impression qu'elle danse un slow, même si elle est seule, elle danse. Elle s'imagine dans les bras de son mari, leur chanson, leur premier baiser puis elle s'imagine dans les bras de Zelda. Elle se rappelle de cette soirée, des pas maladroits de la blonde. Elle sent toujours le parfum du shampoing de Zelda, elle se rappelle avoir aimé l'odeur alors elle ne l'avait pas oubliée. Cette chanson, maintenant, lui rappelle deux personnes, deux temps de sa vie, le passé et le futur.
Elle est prête, elle peut sortir, y aller. Elle est maquillée, coiffée, bien habillée et surtout elle est motivée. Elle respire fort, prend les clés de la voiture et quitte la maison. La voiture, elle ne l'a pas prise depuis trois ans. Elle n'avait jamais osé remonter dans l'une d'entre elles pour les conduire. La dernière fois qu'elle a conduit, elle a connu le pire moment de sa vie, elle n'a jamais voulu refaire face à ses responsabilités. Elle est consciente que tout est de sa faute alors que c'est faux, elle faisait que des choses bien, c'est quelqu'un d'autre qui les a percutées, qui les a tuées. Elle prend sur elle pour allumer le moteur de la voiture de son mari. Elle va rouler en toute illégalité, elle n'est pas assurée sur cette voiture, la voiture en elle-même n'est plus assurée, mais ce sera sûrement la dernière fois qu'elle la prendra. Elle est obligée de conduire, l'endroit où elle veut se rendre est, or de la ville, aucun bus n'y mène. Sandy, elle est habituée à prendre les transports en commun, sa façon de penser peut paraître stupide, mais elle se dit que s'il arrive quelque chose, ce sera de la faute du chauffeur et non de la sienne. Elle est traumatisée Sandy. Elle a les mains sur le volant et elle ne sait même pas si elle aura le courage de mettre le moteur en route pour partir. Elle attend plusieurs minutes, sans bouger, à réfléchir à ses actes. De nombreuses fois, elle a mis la main sur la poignet de la portière, plusieurs fois elle était prête à quitter le véhicule, à rentrer chez elle, décidément elle n'aurait pas été si courageuse que ça, finalement elle ne va pas si bien que ça. Elle démarre, elle veut se prouver des choses. Alors qu'elle commence à rouler, elle a ses bras qui tremblent. Elle ne roule pas vite, elle ne va pas surtout pas dépasser la limitation. À chaque carrefour, ses bras tremblent un peu plus. Elle essaie toujours de se mettre derrière une voiture à un feu rouge, jamais elle ne veut être la première à s'engager. Après de nombreux coups de pression qu'elle s'est mise, elle arrive au vide-grenier où elle voulait aller. Elle n'a pas fait marche arrière, quand elle s'est garée, elle s'est dit qu'elle n'oserait jamais reprendre le volant, mais il faudra bien qu'elle rentre chez elle. Elle essaie de se calmer avant de sortir de la voiture et pour aller marcher. Elle sait que ce genre de petits événements peut l'aider à trouver des vinyles. Voilà, Zelda l'a mis aux vinyles. Elle sait qu'ici, il peut en avoir des biens pour pas trop cher.

Danser dans le noirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant