Premier Jour

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       Un premier jour était déjà assez stressant comme ça, sauf que le prof d'histoire avait décidé d'en rajouter une couche. Lorsque j'arrivais au Lycée à 7h40 les étudiants commençaient à s'entasser autour du bahut et dans le hall. Les couloirs étaient encore plus ou moins vides, et seuls quelques courageux attendaient déjà devant les salles, assis sur le sol. J'avançais seule jusqu'à la Bibliothèque, aile où se trouvait la salle d'Histoire, mon premier cours de la journée. Le flux d'élèves s'intensifiait, en même temps que ma nervosité. À plusieurs moments je pensaient m'être perdue, mais j'arrivais devant la salle sans encombre, si ce n'est quelques bousculades qui n'atténuaient en rien mon mal être. Mon coeur battait la chamade, je tentais de calmer ma respiration et de me faire la plus petite possible. J'attendais debout contre le mur devant la salle. Quand le prof d'Histoire arriva, les élèves qui attendaient avec moi s'engouffrèrent bruyamment derrière lui et s'installèrent. Quand la salle fût presque pleine, j'entrai à mon tour, la main serrée sur l'anse de mon sac.
     Respire. Ça va aller, tout va bien se passer...
      Je me postai devant le bureau, où celui qui devait être Monsieur Martel, le professeur d'histoire-géographie, était déjà installé. Il sortait ses affaires de son sac en cuir: le sac typique du prof.

"Hm... Excusez-moi? tentais-je faiblement
- L'on n'exige pas d'être excusé! gronda-t-il sans même lever les yeux, si fort que je sursautai. On demande pardon, mais l'on ne s'excuse pas soi-même !
- D-désolée...
Il daigna enfin me regarder, j'étais ​tétanisée. La boule dans ma gorge s'était agrandie, et j'entendais mon coeur battre dans ma tête. Lorsqu'il me vit, il parut perplexe, ajusta ses lunettes vieillotes sur son nez et me toisa de haut en bas.
- Vous êtes ? demanda-t-il
- Lucie, Lucie Ducroix, hésitais-je, je...je suis nouvelle...
- Ah! C'est donc vous la nouvelle! Je pensais que vous vous appeliez Mélanie, il me regarda, sceptique
- Non, dis-je simplement
- Très bien, laissez-moi faire l'appel avant.
Avant quoi? Me demandais-je à moi-même. Il sortit sa liste et commença à la lire à voix haute, les élèves répondaient présents à l'appel de leurs noms, seuls quelques absents manquaient
- Paula Dupont?
- Présente
- Marie 2? (Il y avait deux Marie dans la classe)
- Présente!
- Thibaut Maltez? Thibaut Maltez, répéta-t-il après un silence. Absent... C'est étonnant, l'ironie perçait sa voix
- Sarah... Neupor? Pardon mademoiselle, je ne puis prononcer votre nom
Sarah était donc dans ma classe? Voilà qui me soulageait soudain.
- Newport, monsieur, annonça-t-elle levant les yeux au ciel
- Ah oui c'est ça, continuons.
Alors elle était anglaise? Je n'avais pas remarqué son accent mais c'est vrai qu'elle avait un petit air dans la voix qui le laissait entendre, ou peut-être me faisais-je des idées à cause de son nom. Lorsqu'il eu finit l'appel, M. Martel, un homme d'âge mûr, grisonnant, vêtu d'une veste aussi vieille que ses lunettes, se tourna vers moi, surpris de toujours me voir à côté de lui. Aurais-je dû aller m'asseoir directement ?
- Mademoiselle... Ducroix c'est cela?
- Oui
- Bien... il sembla réfléchir, Vous allez vous présenter !
- Euh... Je...
Je regardais vers la salle, il devait y avoir une vingtaine d'adolescents inconnus qui me fixaient. Certes, c'était peu, les classes Littéraire, dites L, sont très rarement pleine, mais tout de même. Le prof me fit signe de me dépêcher.
- Euh... Bonjour, je m'appelle Lucie, c-c'est mon premier jour et euh... bafouillai-je, j'es...
Un inconnu entra en trombe dans la salle, s'arrêta net quand il me vit, puis se pencha de côté pour aviser le prof d'histoire derrière moi.
- Hm... toussa-t-il visiblement essoufflé. Désolé du retard...
L'inconnu était grand, plutôt mignon à première vue, mais je n'eus pas vraiment le temps ni l'audace de le dévisager plus longtemps. Le prof interrompu mon répit tant apprécié dans l'attention générale, qui désormais était dirigée vers le retardataire.
- Allez à votre place monsieur Maltez.
Ce dernier ne se fit pas prier. Monsieur Martel se retourna vers moi.
- Vous pouvez vous asseoir sur la chaise vide entre mademoiselle Neupor et monsieur Maltez. Cette chaise n'a jamais était occupée, à croire qu'elle vous attendait."

     Il me sourit, visiblement il attendait que je ri, je souris faiblement et me dirigeai sans tarder vers la place en question. Je souris à Sarah lorsque nos regards se croisèrent. Elle semblait ravie que nos places soient contingentes.
      Grâce à elle, tous mes cours étaient déjà rattrapé, elle avait fait des photocopies dans chaque matière pour que je n'ai pas à tout recopier, ainsi, quand j'ouvris mon cahier, et que le prof repris son cours, non seulement je savais de quoi il parlait, mais son cour suivait un sens logique dans mon cahier. Je lui en étais infiniment reconnaissante. Le cour portait sur les médias depuis le 19e siècle, j'avais déjà préparé un peu le programme des cours cet été et pendant le dernier mois qui s'était écoulé donc commençai à relâcher mon attention. Je tentais d'écouter mais il était au début du chapitre, partie peu dense d'informations et surtout assez rébarbative. Je vis alors la main parfaitement manucurée de Sarah passer sur ma table pour y déposer un petit bout de papier blanc, vulgairement plié. Elle avait écrit en violet, ce détail me fit sourire.

S : trop contente, on est à côté !!! ✔
L : j'ai vu oui... Aucune autre place n'était libre...
     Elle gloussa quand je lui rendis le mot, j'avais écrit en rose.
S : ça va?
     Elle était redevenue sérieuse. Je pris une grande inspiration avant de lui répondre, levais la tête vers le prof, qui tentait en vain d'allumer le video-projecteur.
L : si on veut, merci pour hier
S : c'est normal tkt! ces filles n'avaient aucun respect !
     Le dernier mot était écrit en tout petit et contracté sur le bout du papier, lequel était plein. Je le froissais et en utiliser un autre, un bout des photocopies que j'avais découpé pour les coller dans mon cahier.
L : le respect c'est pas ce qui étouffe notre société
S : trop d'accord! viens on lance une révolution !
L : j'en suis

      Elle riait discrètement. Pour ma part, j'étais trop nerveuse. Bien sûr, je plaisantais, mais l'anxiété me nouait l'estomac. Et puis... Je crois que je ne me souvenais même plus comment on fait, pour rire.
      Lorsque le cours fut (enfin) finit, Sarah se posta à côté de moi tandis que je rangeais mes affaires.

"Tu viens chez moi après les cours?
- Je ne veux pas déranger, répondis-je, encore désolée pour hier au passage...
- Pourquoi tu t'excuse? C'était génial! Et puis il faut encore que je te Brief sur tous les potins et la liste des mecs, et/ou des filles, baiseables! s'exclama-t-elle alors que nous nous arrivions sur le pas de la salle, sur le point de la quitter
- Alors Newport, on drague déjà ?
La voix venait de derrière moi, je reconnus de suite celle du garçon qui avait coupé court à ma présentation ridicule. Je n'eus pas besoin de me tourner car il vint se placer à ma droite, Sarah à ma gauche, et mis son bras sur mon épaule. Je me dégageai vivement tandis qu'il levait les mains innocement.
- La ferme Maltez! Lui tu peux déjà le retirer de la liste, continua-t-elle à mon intention, il est canon mais en couple, d'ailleurs, tu viens de te faire ta première ennemie!"
Elle pointa du doigt une grande blonde de l'autre côté du couloir qui me fixait, des éclairs dans les yeux, si elle l'avait pu je pense qu'elle m'aurait tué. Je compris que l'ennemie en question ne devait être autre que la petite amie, visiblement possessive a l'excès, de Thibault Maltez. Génial. Je m'éloignai plus encore de lui et suivai Sarah dans les couloirs. À peine une heure ici et quelqu'un me détestait déjà, le reste de l'année promettait d'être joyeux...

Si seulement tu étais là...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant