Battements de coeur

79 6 0
                                    

Chapitre 10

Le sang battait si fort dans mes tempes que son martèlement m'empêchait d'entendre le rythme réconfortant de la respiration saccadée de Tom dans mon dos. Jérémy secoua son extincteur de feu, et en aspergea l'ours-zombie. Mais la vapeur qui se propagea autour de lui l'empêchait de voir autant que l'ours, et il ne réussit qu'à viser  son poitrail. L'animal poussa un hurlement de colère, qui fit vibrer mes entrailles. Une envie de vomir profonde me pris à la gorge. Le stress, surement, mais aussi la vue de l'horrible créature toute déconfite qui se tenait devant nous. Il semblait ralenti, lui aussi, comme les autres infectés humains mais se dressa tout de même sur ses deux pattes arrière. Heureusement pour Jé qui se trouvait dans la trajectoire des griffes de l'ours, sa patte droite, extrêmement mal en point, se déroba sous son poids et la créature tomba par terre avec un bruit sourd. Jérémy s'empressa de vaporiser le reste du contenu de l'extincteur dans ses yeux. Après avoir qu'il eût vidé toute la bonbonne, la bête ne bougeait plus. Jérémy se retourna vers nous et nous dit que c'était bon, l'ours était mort. Le stress qui me torturait les entrailles disparu d'un coup. J'étais soulagée et Tom l'était aussi, car il venait de pousser un soupir de soulagement derrière moi. Soudain, un hurlement de douleur ce fit entendre devant moi. Je me retournai et contemplis avec horreur la scène. Jérémy était debout et son visage montrait une douleur impensable. Je baissai les yeux et l'envie de vomir me remonta à la gorge. Les griffes de l'ours lui avaient transpercées l'estomac, laissant ses intestins pendouillants ou bout des lames tranchante de la patte de l'ours. Les jambes de notre ami se dérobèrent. Tom m'attrapa par le bras et me tira vers lui en courant dans la direction inverse de l'image horrifiante. Nous passâmes devant les autres qui nous regardèrent d'un air interloqué. Sa main glissa le long de mon bras alors que nous continuons à courir à toute vitesse, pour se coincer dans la mienne. Malgré la scène horrifiante dont je venais d'être témoin, je ne pouvais m'empêcher de sentir une chaleur monter en moi au toucher de Tom. Quelques minutes plus tard, après avoir courus quelques mètres, nous primes une pause. À bout de souffle, j'éclatai en sanglots en repensant à Jérémy qui devait être sous les crocs de l'ours, ou peux être était-il déja complètement dévoré. Il était devenu, en si peux de temps, lui acquis je n'avais jamais vraiment parlé, un allié, voir même un ami. Mes yeux s'embuèrent d'eau. Mon souffle s'accéléra. Je ne pouvais supporter la pensée que tout ce que je connaissais était mort ou presque. Je me fit sortir de mes pensées par une paire de bras qui m'enveloppèrent, suivie d'un parfum envoûtant. Je me rendis compte que nous nous étions arrêtées, et que nous étions assis au creux d'un arbre. Je relevai les yeux pour trouver une chevelure blonde dans mon cou. Mon cœur s'emballa en me rendant compte que c'était Tom, mais il réussit quand même à apaiser mes sanglots. Quand je m'eus calmé, Tom dessera son emprise et se sépara de moi pour me regarder dans les yeux et parla, pour la première fois depuis notre rencontre:
- Tout va bien. Concentres toi sur un point et tout va bien aller.
Il me parlait comme si j'étais un enfant qui avait fair un cauchemard. Mais je suivis son conseil et essayai de me concentrer sur un point, mais je n'arrivais pas à me décider entre ses yeux ou son odeur.
J'hochai la tête en signe de remerciement. Je me sentais déjà plus calme. C'était la première fois que j'entendais sa voix. Elle était si différente que ce que je m'étais imaginée, mais en même temps si parfaite. Douce et grave, réconfortante et sérieuse, parfaite. Je me demandais pourquoi il n'avait jamais prononcé un mot depuis notre connaissance. Et je voulais le savoir.
- Pourquoi... tu n'as jamais... parlé?
Ce que je venais de dire était totalement stupide. Il avait déjà parlé voyons! Je me sentis rougir d'embarrassement.  Il me déplaça dans ses bras et écarta une de mes mèches châtaines de mon front.
- Je voulais t'intriguer.
- Tu as réussis.
- Je sais.
- Mais pourquoi?
- Parce que tu m'intrigues aussi.
- Comment?
- On en parleras plus tard. Les autres arrivent.
Effectivement, Jess, Raph et Malyna arrivaient au pas de course. Les regards qu'ils me lancèrent en disaient long sur leurs personnalités distinctives. Jess me fit un sourire en coin en me voyant dans les bras de Tom. Raph changea son arme d'épaule et fit signe aux autres de s'approcher. Il était maintenant le leader. Malyna pleurait de plus belle. C'en était trop pour elle. J'essuyai les larmes qui brillaient aux coins de mes yeux et me relevai. Tom fit de même. Il semblait paisible, tandis que je me sentais comme si on avait porter un chaudron à ébullition dans mon cerveau. Les constats horribles de la journée m'avaient épuisés mais ma conversation avec Tom avait fait battre mon coeur à la chamade, et ce n'était pas dû à la course que je venais de faire. Soudain, je me rendis compte de quelque chose. Je relevai les yeux. Le soleil se couchait. À quelques pas de nous, un écureuil tomba d'un arbre. Il avait les yeux vitreux. Il se dirigea vers nous d'un pas lent, des incisives dégoulinantes de sang à découvertes. Au loin, un hurlement se fit entendre. Animal ou humain, il n'y avait plus tant de différences.

73 HeuresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant