Message sur un ballon

Moi aussi, je mange un sandwich au thon !

"Besoin de quelqu'un à qui parler"

Voilà ce qui était écrit sur un petit bout de papier, une fiche de couleur brune pour être plus précis. Au dos de ce mot, se trouvait un simple mail. Armin s'attendait à un numéro de téléphone ou une adresse, ce qui l'étonnait et titillait sa curiosité. La première pensée qui lui était venue à l'esprit était de savoir pourquoi quelqu'un avait accroché une phrase de détresse au bout d'un ballon gonflé à l'hélium. Ensuite, était venu un bon nombre de questions : " Est-ce que la personne habite loin ? " ou " Est-ce une fille ou un garçon ? ", mais encore : "Comment va cet inconnu ?"
Inquiété, de ce qu'il pouvait se passer, Armin s'est jeté sur sa planche à roulettes en ignorant les regards des passants qui devaient critiquer son moyen de locomotion, considéré comme étant trop rapide et dangereux sur un trottoir. Armin s'était toujours dit qu'à seize ans, il fallait avoir un skateboard ! Et qui disait skateboard, disait cheveux longs, telle était la devise. Bien sûr, le look était aussi important, pantalon troué et large, chaussures de skateur et t-shirt Volcom, par exemple.
Arrivé devant sa maison, Armin prend soin de la vieille barrière blanche qui grince chaque fois qu'on la bouge. Sa mère sait alors qu'il est arrivé. Cependant, il se précipite à l'étage supérieur - après avoir retiré ses chaussures et dit un vague bonjour. Sa porte se ferme en un claquement qui signifie qu'il ne faut pas le déranger. Son ordinateur s'allume et pendant ce temps, le jeune homme tente de retenir l'adresse mail. Il se demande si la personne a un Skype.
Le moment est venu de taper le lien. Ces longs doigts fins tremblent au-dessus du clavier. L'hésitation s'installe. Et si cette personne était un psychopathe ? Il ne sait pas qui peut se trouver derrière l'autre écran. Il décide de créer un nouveau mail avant de lui écrire. Seulement, les mots ne viennent pas. Comment pourrais-je aborder la conversation ? Pense-t-il.
- Salut ! Ça va ? J'ai reçu ton papier, tente-t-il à voix haute. Non, c'est naze.
Il prend un stylo ainsi que son bloc-notes et gribouille des salutations toutes aussi niaises les unes que les autres. Machinalement, sa main joue avec l'objet pour le frapper contre le bureau, de plus en plus vite.
- Arrête de faire de la batterie ! cogne contre le mur, une adolescente de la pièce à côté.
- Ta gueule ! lui répond simplement Armin.
Un bruit sourd indique qu'elle se déplace rapidement et furieusement jusqu'à la chambre du jeune homme. Sans frapper, elle entre pour lui hurler dessus, le visage rouge de colère. Comme d'habitude, elle veut de la tranquillité et pas un seul bruit pour qu'elle puisse étudier tranquillement. Armin ne se laisse jamais avoir et s'il peut avoir le dernier mot, cela le rendrait vraiment heureux.
- Tu veux du calme ? Va à la bibliothèque !
- Je ne veux pas bouger d'ici ! Je perdrais trop de temps à ne pas réviser rien qu'à cause du trajet ! Mais bien sûr, tu ne sais pas ce que c'est !
- Les règles stipulent que j'ai le droit de faire du bruit entre 07:00 et 22:00.
- Maman !
- Et voilà, madame choisie la facilité. Sors de ma chambre, Julia !
- Arrête de faire du bruit et...
La porte claque contre son nez, puis la clef tourne dans la serrure. Armin ne supporte pas qu'on le dérange inutilement. Il entend déjà les pas de sa mère qui montent l'escalier. Celle-ci demande ce qu'il se passe et sans grande surprise, elle frappe contre la porte de l'adolescent qui râle d'ennui. Il décide de mettre la musique à fond, dans des oreilles.
- C'est bon, vous deux ! J'écris un mail pour trouver du boulot, ment-il. Alors fichez-moi la paix !
Après avoir dit ceci, il se concentre à nouveau sur son message. Il tape plusieurs fois des idées, qu'il efface rapidement. Finalement, en constatant que sa sœur et sa mère n'insistent plus - il n'a pas entendu de cri aigu entre deux morceaux de musique - il relit à voix haute, dans un murmure, son mail.