Mes pattes frôlaient à peine le sol tant ma course était rapide. Le vent fouettait ma fourrure argentée, luisant sous les rares rayons du soleil qui réussissaient à transpercer le couvert des arbres.
Je m'élançai au-dessus d'un vieux tronc creux, et aperçu un lapin en sortir à toute vitesse. Je freinai aussi sec ma course, laissant de profondes traces de mes griffes dans la terre meuble, et me mis à courser l'animal. Un jappement de joie m'échappa tandis que je m'amusais à suivre le lapin, qui ne cessait de passer dans des endroits inextricables. Je ralentissais de temps en temps, afin de lui laisser un peu d'avance. Je le perdais parfois même de vue, malgré sa fourrure d'un roux immaculé. Le petit animal était plutôt doué, et réussi à me divertir pendant plus d'un long quart d'heure. Mais au bout de celui-ci, je sentis la faim faire de nouveau gargouiller mon ventre et décidai d'arrêter mon petit jeu.
En à peine quelques secondes, j'accélérai et me jetai sur le lapin. Je l'achevai d'un coup de croc dans la nuque afin de ne pas faire durer son supplice, puis l'attrapai dans ma gueule avant de me diriger vers un endroit plus agréable pour le déguster.
Je me rendis sous le grand saule pleureur que j'affectionnais tant, et m'étendis sur mes pattes avec flegme. C'était l'automne, l'air tiède gardait encore les chaleurs de l'été, et le soleil ne se faisait pas encore prié. C'était l'une de mes périodes préférées de l'année. La forêt prenait des teintes dorées et bronzes magnifiques, les arbres se paraient des plus belles couleurs, avec leurs feuilles d'un rouge flamboyant ou d'un jaune brillant. Rien de plus agréable que de paresser sous un arbre dans ses conditions.Je finis mon repas puis repartis vers mon territoire. Toujours en galopant, je battis mon record en arrivant à la tanière en moins de dix minutes. Sans entraînement, j'en mettais vingt.
Je sentis l'odeur de ma mère non loin, et me dirigeai vers celle-ci. Une louve au pelage blanc m'accueillit avec un glapissement heureux. Je m'approchai d'elle et frottai ma truffe contre son flanc avec affection. Je lui avais ramené un autre lapin, que j'avais trouvé sur le chemin du retour. Elle l'attrapa avec sa gueule et alla s'étendre devant notre tanière pour le manger. J'en profitai pour faire le tour de la zone, vérifiant qu'aucune odeur suspecte ne traînait. Depuis quelques temps j'étais nerveuse, sans réellement savoir pourquoi.
Bien évidemment, vivre seule avec ma mère n'était pas très rassurant, nous n'étions que deux simples femelles, sans aucun mâle pour nous protéger. Mais nous vivions ainsi depuis mes dix-sept ans, lorsque je m'étais enfuie de chez moi, et c'était encore un bien grand mot que j'utilisais pour décrire cet enfer. Je secouai la tête pour faire disparaître les mauvais souvenirs qui tentaient de refaire surface.
Nous avions plusieurs fois dû faire face à des loups errants ou des minis-meutes, mais ma mère savait très bien se défendre et elle m'avait offert tout son savoir. Nous étions des guerrières accomplies et dures au mal.
Un bruit me fit redresser les oreilles et je tournai la tête vers un buisson de ronces à ma gauche. Je m'en approchai aussi discrètement que possible, les babines retroussées sur un rictus. Un bruissement se fit entendre et je sautai dans le buisson sans ménagement, malgré mes intestins serrés d'appréhension.
Je me retrouvai devant deux pupilles jaunes et aboyai violemment. Le petit louveteaux que je découvris, les yeux grands ouvert, me fixa avec peur et s'aplatit sur le sol en gémissant. Que faisait-il ici ? Et tout seul qui plus est. Je pris sa nuque dans ma gueule pour l'apporter à ma mère, ne sachant que faire avec ce petit. Celui-ci continuait de gémir de peur et gigotait sans arrêt. Je faillis le lâcher à plusieurs reprise et lui grognai dessus comme je le pouvais, la gueule encombrée. Ma mère qui avait entendue le raffut qu'il faisait arriva. Je lâchai le louveteaux à ses pattes avec soulagement. Moi et les enfants ça faisait plus de quarante-six.
Le petit tenta de s'enfuir mais je lui bloquais le passage avec ma patte gauche. Ma mère essaya de rassurer le louveteaux, puis me fixa, la tête légèrement penchée sur le côté.Tu le connais ? Me demanda-t-elle.
Non, je l'ai trouvé caché derrière un buisson de ronce.
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Sylver
WerewolfSylver, une louve-garou unique abandonnée par ses parents a vécu un enfer beaucoup trop jeune. Mais elle s'est enfuie et a été recueilli par une louve, devenue sa mère. Malheureusement sa douce tranquillité n'aura pas duré longtemps, et ses vieux d...