Je serrai le pelage de ma mère dans mes paumes devenues étrangères, la douleur de sa perte faisant tressauter mon corps. Mes membres s'étaient engourdis en quelques minutes et je fus étonnée de voir ce corps -mon corps- trembler. J'avais oublié à quel point les humains étaient fragiles. Je déposai ma mère dans sa tombe et tentai de me relever tant bien que mal.
Je mis plusieurs heures à reboucher le trou à cause de ma faible motricité. Lorsque que je finis, exténuée de fatigue, j'allais chercher au bord de la rivière à l'aide de mes dernières forces des Achilleas, les fleurs préférées de ma mère. Je préparai un bouquet entre mes doigts tremblant, les larmes coulant le long de mon visage. L'une vint glisser sur l'ourlet de ma lèvre et son goût salé me surprit. Je sentis un souvenir tentant de faire surface et barricadai ma mémoire du mieux que je le pus.
Je déposai par la suite les Achillea sur le monticule de terre, le corps transit de froid. La nuit était tombée depuis longtemps mais je ne m'en étais pas aperçue.
Après tout à quoi bon faire attention à tout ça. Ma vie avait beau s'être arrêtée, tout continuait de tourner sans interruption. N'y avait-il aucune pitié dans ce monde ?
Je caressai du bout des doigts les pétales d'un blanc limpide et me levai douloureusement.* * *
Cela faisait deux jours que le désespoir m'accablait. J'avais la nette impression que le destin avait décidé de s'acharner sur moi. Je n'avais pas réussi à me retransformer en louve cette nuit la. J'étais bloquée dans ce corps maladroit dont je ne voulais plus depuis longtemps. J'avais un goût amère dans la bouche chaque matin en me réveillant, à cause des cauchemars, revenus en masse depuis sa mort. Et j'errai dans la forêt, à la recherche de quelque chose, sans savoir quoi. J'avais oublié à quel point les corps humains étaient fragiles et ça m'agaçait de saigner à chaque égratignure. La douleur physique était également plus accrue, un rien pouvait me faire grimacer. Je sentais la rancoeur monter lentement dans mon cœur, et la colère. Je voulais retrouver les autres membres de cette meute qui nous avait attaqué et les tuer. Un à un. Tous jusqu'au dernier. Mais je ne pouvais rien faire avec ce corps frêle et sans force. Je ne comprenais pas comment ma transformation pouvait ne plus être effective. Il fallait que je trouve quelqu'un pour m'aider à régler ce problème.
Plus qu'autre chose, j'avais peur de ce corps. Peur de ce qu'il pouvait me rappeler à chaque instant.* * *
Elior
Je n'avais pas revue la louve depuis sa transformation, mais Sam n'avait fait que de me harceler à son sujet. Jay semblait s'inquiéter également mais il était resté distant avec moi depuis notre dernière conversation à ce sujet. Il ne pouvait décemment pas utiliser la louve comme alter égo de Miya et je comptais bien le lui dire.
J'étais assis à mon bureau, penché en arrière sur ma chaise, la tête pleine d'interrogations. Je ne faisais que de repenser à l'appel de l'alpha Montaigne. Quelque chose me disait qu'il fallait que j'aille voir par moi-même ce qui se tramait là-bas. J'attrapai le combiné posé sur mon bureau et tapai le numéro de ce dernier. Une sonnerie retentit à l'autre bout du fil, puis une deuxième. Le répondeur se déclencha automatiquement et je raccrochais en soupirant. Une silhouette inconnue passa devant la fenêtre de mon bureau alors que je me levai. Je m'avançai et crû apercevoir un reflet argenté. Les sourcils froncés, j'attrapai la poignée de la porte afin de voir ce qui se passait mais fus retenu par la sonnerie du téléphone. Je l'attrapai dans un grognement plus bestial qu'humain.- Elior Clegane à l'appareil.
Mes yeux ne quittaient pas la fenêtre tandis que je tentais d'apercevoir quelque chose.
- Bonjour, c'est Greg. Vous avez tenté de me joindre ? entonna une voix que je n'appréciai décemment pas.
- Oui. J'aimerai avoir quelques précisions concernant cette nouvelle race avant de me rendre sur votre territoire. Vous comprendrez en effet que je veuille éviter tout risque étant donné que celle-ci semble très présente dans votre région. Il serait malencontreux que mes hommes ou moi ayons ne serait-ce qu'un problème avant d'arriver à bond port, expliquai-je d'une voix doucereuse.

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Sylver
WerewolfSylver, une louve-garou unique abandonnée par ses parents a vécu un enfer beaucoup trop jeune. Mais elle s'est enfuie et a été recueilli par une louve, devenue sa mère. Malheureusement sa douce tranquillité n'aura pas duré longtemps, et ses vieux d...