Chapitre 6

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Un attroupement se forma lorsque nous arrivâmes au village. Les gens observaient avec peur, tristesse et compassion les bras de Jay, où se trouvait le corps inanimé de la louve. Nous nous dirigeâmes rapidement vers le chalet du médecin de la meute, sous les pleurs du petit Sam qui me touchaient malgré moi.
Celui-ci nous ouvrit sa porte, et Jay déposa le corps inerte sur un lit dans la pièce adjacente au salon.
Willy, notre médecin, me regarda décontenancé:

- Pourquoi l'as-tu amené ici ?

- Ce n'est pas moi, c'est Jay, répondis-je laconiquement.

Je le vis acquiescé, l'air pensif. Sam arriva alors en courant, et s'accrocha au pantalon de Willy, les larmes aux yeux:

- Hein que tu vas la sauver Wiwi ! Tu me promets dis ?

Je n'arrivais pas à comprendre pourquoi l'enfant tenait autant à cette femelle qu'il ne connaissait pas. J'observais Willy ramollir intérieurement devant la bouille du petit Sam, et avant que je ne puisse le prévenir de Ne pas dire ces mots, il répondit:

- Bien sûr que je vais la sauver ! Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir, il ébouriffa les cheveux de Sam qui souriait à pleines dents.

J'en étais sûr... Notre docteur était beaucoup trop sentimental. Le pire sera quand il devra annoncer au petit que sa louve est morte. Enfin, c'était sa responsabilité que de dire de telles conneries.
Agacé, je les laissai et me dirigeai vers mon chalet. Je m'enfermai dans mon bureau et me plongeai dans les nombreux dossiers que j'avais à régler. En effet, j'étais ici l'Alpha du Canada, et le nombre exponentiel​ de conflits que j'avais à résoudre demandait autant de temps que de rigueur.
Au bout de longues heures de travail, j'entendis Jay s'approcher de mon bureau. Trouvant ça étonnant, je l'interpellai:

- Tu peux rentrer tu sais !

Il pénétra dans la pièce, un sourire en coin.

- Qu'y a-t-il ? l'interrogeai-je méfiant, car je connaissais cet air.

- Tu sais, j'ai beau être un beta, je reste en premier lieu ton frère. Et je te connais assez pour savoir que tu ne vas pas bien en ce moment.

Je le fixai. Lui et sa chevelure châtain clair à l'instar de la mienne, avec ses yeux bleu quand les miens étaient vert. Nous avions beau ne pas nous ressembler, il était indéniablement mon frère. Je savais que certaines choses clochaient chez moi depuis peu. Mais j'avais l'impression que cette louve n'avait fait qu'augmenter ce déséquilibre -si l'on pouvait appeler ça ainsi-

- Je ne sais pas, finis-je par répondre devant son visage soucieux. J'ai l'impression de dérailler lentement... Tous ces problèmes à gérer, comme la disparition de louveteaux que nous n'arrivons pas à résoudre avec les Alphas, ces problèmes de guerre de territoire, de famine... Et même de nouvelle espèce...
Et maintenant cette louve...

Je m'accoudai à mon bureau, le regard dans le vague. Jay s'était appuyé sur le mur face à moi et semblait quelque peu démuni.

- Il y a quelque chose ? lui demandai-je.

Il soupira et passa sa main dans ses cheveux, signe de nervosité chez lui.

- C'est cette louve... Tu ne trouve pas toute cette situation bizarre ? Le fait que vous vous soyez battu, qu'elle ai réussi à te résister, puis qu'elle se soit de nouveau battu avec les trois énormes loups que j'ai retrouvé morts...

- Dit comme ça évidemment.

- L'un d'eux était un putain d'Alpha !

Il serrait les poings et je ne comprenais pas son comportement.

SylverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant